Y a-t-il un patriciat à Paris sous le règne de Philippe le Bel (1285-1314) ? - Centre de recherches historiques : histoire des pouvoirs, savoir et sociétés Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 1999

Y a-t-il un patriciat à Paris sous le règne de Philippe le Bel (1285-1314) ?

Résumé

Au terme de l'analyse, il semble bien que la classe échevinale de Paris forme un milieu qui concentre entre ses mains l'essentiel du pouvoir économique et politique dans la cité : elle satisfait donc à la définition classique du patriciat. Pour être tout à fait identiques aux autres, il faudrait que les oligarques parisiens aient transformé leur puissance sociale en oppression quotidienne, ce qui se traduit en général par la révolte des administrés . Or la capitale ne connaît pas de grande " commotion " au XIIIe siècle, et le Parlement de Paris ne fourmille pas de procès évoquant ces conflits de classes. Il faut donc nuancer l'étendue de la domination patricienne sur Paris : la justice et la police lui échappant en grande partie et la proximité du juge royal étant un frein naturel aux abus, elle est contrainte à une certaine discrétion. Cependant leur pouvoir semble réel et on pressent qu'un personnage comme Etienne Barbette avait la sinistre envergure d'un Jean Boinebroke, " drapier et tyran douaisien " contemporain, pour pasticher le titre du livre de G. Espinas. En effet, les seules manifestations d'ire populaire que nous connaissons le concernent . Le déroulement de la révolte de 1306 illustre parfaitement la position originale du patriciat parisien par rapport à celui des autres villes. Cette année-là, Etienne Barbette s'était fait l'interprète des propriétaires de la capitale pour obtenir du roi que, suite à la mutation monétaire, les loyers soient payés en forte monnaie, et non en faible comme avant, ce qui revenait à les tripler. Or c'étaient surtout " les pauvres et les moyens " qui étaient locataires, parce qu'ils n'avaient pas l'étoffe économique suffisante pour être propriétaires . Ils se révoltent donc contre cette injustice, et le premier mouvement de la foule est d'aller saccager les propriétés parisiennes d'Etienne Barbette. Il est donc nommément tenu pour responsable. Mais, chose intéressante, après avoir pillé sa maison, les émeutiers tournent leur hargne contre le roi, qu'ils assiègent au Temple, et qu'ils tiennent finalement pour ultime coupable de leurs malheurs . Les émeutiers de 1306 ont donc perçu la connivence profonde unissant le souverain et la classe échevinale de Paris, et, par leur attitude, ont révélé quelle était sa vraie nature, à savoir un patriciat dans l'ombre du roi.

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Citer

Boris Bove. Y a-t-il un patriciat à Paris sous le règne de Philippe le Bel (1285-1314) ?. Construction, reproduction et représentation des patriciats urbains de l'Antiquité à nos jours, 1998, France. pp.47-63. ⟨halshs-00640429⟩
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