Les usages gouvernementaux des sondages d’opinion - Université de Lille Accéder directement au contenu
Pré-Publication, Document De Travail Année : 2011

Les usages gouvernementaux des sondages d’opinion

Résumé

Les études d’opinion dites « confidentielles » suscitent une faible curiosité de la part des chercheurs, des intellectuels, des journalistes ou de tout autre protagoniste du débat public. Bien que la commande gouvernementale de sondages soit initiée dès le milieu des années 1960, on sait peu de choses sur la production, la réception et l’appropriation de ces enquêtes confidentielles. Ces dispositifs de commande et d’analyse des sondages au sein même des principales institutions politiques suscitent alors rumeurs et fantasmes : l’omniscience supposée des gouvernants induirait automatiquement leur omnipotence. Cet article vise à introduire des pistes de réflexion, principalement nourries par une expérience professionnelle passée au sein du Service d’information du gouvernement qui a pu m’offrir un terrain d’observation privilégié. Il s’agit en particulier d’analyser les données sondagières comme des ressources autorisant leurs détenteurs à se poser en porte-parole de « l’opinion » et ainsi peser dans les rapports de forces à l’intérieur de la machinerie gouvernementale. La connaissance, quantitative et qualitative, de « l’opinion publique » apparaît en effet comme une nécessité structurelle pour les gouvernants des systèmes représentatifs contemporains. Elle offre l’opportunité d’amoindrir les incertitudes qui encadrent l’activité de ceux qui prétendent conquérir, exercer et conserver le pouvoir d’État. Ce capital sondagier nécessite néanmoins d’importants investissements financiers et organisationnels qu’il importe de décrire. Ces données de cadrage permettront ensuite de montrer que l’accès aux ressources sondagières constitue un véritable enjeu de pouvoir au sein des instances gouvernementales. Mais, contrairement aux apparences, cet enjeu ne tient ni à l’avantage stratégique, ni aux opportunités d’action qu’offrirait la détention des données d’enquête dans la compétition politique. Malgré les coûts engagés, les études demeurent souvent superficielles, ambigües et, surtout, réduites à quelques informations synthétiques et peu significatives. L’équivocité des résultats confèrent aux sondages des vertus « magiques ». Comme n’importe quel secret, les données sondagières érigent leurs possesseurs en initiés. Elles ne sont jugées importantes et elles n’octroient de l’importance à ceux qui y accèdent qu’en raison des efforts accomplis pour en conserver l’exclusivité.
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Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

hal-01078952 , version 1 (30-10-2014)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01078952 , version 1

Citer

Nicolas Kaciaf. Les usages gouvernementaux des sondages d’opinion. 2011. ⟨hal-01078952⟩
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