Faust au laboratoire : Dieu, le diable et l'alambic
Résumé
Le thème faustien a pris dans la littérature et l'art occidentaux une telle importance qu'on ne peut aborder un tel sujet qu'en marquant les limites à l'intérieur desquelles on se tiendra. J'imposerai donc ici à mon propos une double restriction : d'une part je ne parlerai de Faust qu'en tant que personnage de la pièce éponyme de Goethe, laissant de côté la question de l'existence du personnage historique que le moine érudit Jean Trithème, lui-même grand amateur de magie et de secrets, semble être le premier à évoquer dans les premières années du XVI e siècle et surtout les centaines d'oeuvres romanesques, théâtrales ou musicales ayant pris Faust pour personnage depuis les premiers ouvrages qui le font apparaître, vers1570 1 ; et si j'évoque le Faustbuch de 1587 et le Doctor Faustus de Marlowe, ce ne sera que pour faire ressortir les spécificités du drame de Goethe ; d'autre part, je limiterai mon enquête à un seul aspect du personnage, certes souvent évoqué, mais en des termes qui précisément me semblent devoir faire l'objet de quelques mises au point : Faust est-il un alchimiste, et si comme je le crois, il ne l'est pas, d'où vient qu'on l'ait si souvent rapproché des alchimistes ? Cette manière d'aborder le problème me conduit à une première clarification : c'est du personnage créé par Goethe en s'appuyant sur une longue et solide tradition, dont il est question ici, et non pas de la pièce de théâtre elle-même. Pour de nombreux commentateurs, en effet, Faust serait une oeuvre alchimique, soit dans sa structure, dont les différents moments reproduiraient les étapes du grand oeuvre, soit dans ses intentions, Goethe étant depuis sa jeunesse préoccupé par les thèmes de la littérature alchimique et les exprimant de manière privilégiée dans une entreprise qui, on le sait, le mobilisa toute sa vie, depuis l'Urfaust de 1775 jusqu'au second Faust qu'il termine en 1832, quelques mois avant sa mort 2 .
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