Parole prophétique et simplicité didactique dans l’ode « Pastor cum traheret… » d’Horace (Carm., I, 15)
Résumé
In Odes I, 15, Horace goes away from traditional oracular poetic which tends to favor different forms of obscurity; but if he deviates from this heavy poetic and if the result is an apparently easy and clear production, obscurity is reintroduced at other levels: he indeed manages to recreate an allusive obscurity based on differences with epic and lyric traditions, on group complicity, and on current events. As a result Horace, who falsely appears unaffected and truly facetious, has written a poem belonging to an epic lyric which presents several common points with Callimachean aesthetic. But this complex reading is not an obstacle to a didactic and academic approach: the union of opposites allowed a poem with nevertheless abstruse allusions to become also an essential and universal writing.
Dans l’ode I, 15, Horace s’éloigne de la poétique oraculaire traditionnelle qui a tendance à favoriser différentes formes d’obscurité : mais s’il écarte de cette poétique difficile et aboutit à une production apparemment simple et claire, c’est pour réinvestir l’obscurité à d’autres niveaux : il arrive en effet à recréer une obscurité allusive, reposant sur les écarts avec les traditions épique et lyrique, sur des connivences de groupe, et sur l’actualité. En ce sens Horace, faussement simple et réellement facétieux, a créé un poème relevant d’une « lyrique épique » qui offre plusieurs points de contact avec l’esthétique de Callimaque. Mais cette lecture complexe n’est pas un obstacle à une approche didactique et scolaire du poème : l’alliance des contraires a permis à un poème aux sous-entendus pourtant abscons de s’imposer aussi comme une production à caractère universel.