Les garages à ciel ouvert : configurations sociales et spatiales d’un travail informel
Résumé
This article is based upon collective ethnographic fieldwork focusing on the everyday life of the working classes in Roubaix, a de-industrialized city that has been going through demographic and urban decline for several decades while the former processes of capital valorization have been scaled back. The inhabitants of the poorest neighborhoods engage in activities such as auto repairs (in this case, they are essentially men). A source of income, of qualification and of work for different generations, mechanical services are offered in the street, on parking lots or in more or less clandestine “outdoor” garages. They reveal the porosity between formal and informal labor. This activity implies a strong sexual and racial division of labor that regulates the distribution of positions and of status. More generally, it takes place within a wider system of subsistence work in which working class men and women located on the margins of the formal labor market participated daily. The spatial inscription of these practices suggests that Roubaix occupies a central position for this popular economy, while it is usually considered a peripheral and remote city.
Cet article est issu d’une enquête ethnographique collective portant sur l’organisation de la vie quotidienne des classes populaires à Roubaix, ville désindustrialisée qui connaît depuis plusieurs décennies un déclin démographique et urbain ainsi qu’un reflux des anciennes dynamiques de valorisation du capital. Les habitants des quartiers pauvres y effectuent des activités telles que la mécanique automobile, qui concerne principalement les hommes. Source de revenus, de qualification et de travail pour différentes générations, la réparation automobile se déploie dans la rue, sur des parkings, dans des garages « à ciel ouvert », plus ou moins clandestins, révélant la porosité de la frontière entre l’informalité et la formalité du travail. Cette activité se réalise au prix d’une plus grande emprise de la division sexuelle et raciale du travail, régulatrice de la distribution des postes et des statuts. Elle s’inscrit, plus largement, dans un système de travail de subsistance que doivent quotidiennement réaliser les hommes et les femmes des classes populaires aux marges du marché du travail formel. L’inscription spatiale de ces pratiques révèle la centralité populaire de Roubaix alors qu’elle est habituellement perçue comme une ville périphérique et reléguée.