, Nous sommes la classe ouvrière » et à lutter en faisant des grèves -a lieu bien avant l'industrialisation

, des gens qui ont essayé de reformuler le marxisme en s'intéressant au type d'industrialisation, en montrant que la voie anglaise n'est pas le seul type d'industrialisation, en parlant de proto-industrialisation et en s'intéressant aux effets du machinisme dans les petites structures. Et puis, à l'inverse, vous avez ceux qui défendent l'idée que la classe est avant tout une affaire de langage, que ce qui compte c'est le processus politique et culturel qui amène à parler un langage de la classe. D'un côté, vous avez E. P. Thompson lui-même, et en France François Jarrige ou Maurizio Gribaudi qui insistent sur les transformations du travail 5 . Et à l'opposé, vous avez ceux qui insistent sur le rôle premier du langage de classe : Gareth Stedman Jones pour la classe ouvrière anglaise, William Sewell pour la France 6 . Et à côté, à l'extérieur, quelqu'un comme Jacques Rancière, qui montre comment les trajectoires d'émancipation peuvent venir des ouvriers qui justement

, Non pas parce qu'on ne parlerait plus du tout des dominés, mais parce qu'on fait une histoire sociale qui est différente, qui mêle l'histoire du travail et du capitalisme à celle des rapports de genre et de race, à l'histoire de l'empire et des subalternes. Du coup, on prend au sérieux la culture, pas juste la culture du métier ou de la production, on intègre la religion, les cultures orales des classes populaires, etc, Ces discussions ont été cruciales dans les années 70 et 80. Et puis ça disparaît progressivement, au profit d'une conception étendue des mondes populaires

F. Aujourd'hui, chez les historiens et les historiennes, on a un retour de la question non pas de la classe mais de l'histoire ouvrière avec toute une nouvelle génération de chercheur.es. On a un foisonnement d'études sur les mondes ouvriers qui sont pris des angles très divers, avec parfois des choses très nouvelles comme le lien avec l'histoire environnementale. Mais la question de la formation de la classe ouvrière n

L. , Il y a un autre courant dont on n'a pas parlé qui est l'écriture d'une histoire populaire qui se détache de la classe

, autant plus considérable que lui-même s'est vraiment impliqué pleinement dans les luttes

, Par exemple chez Xavier Vigna, qui fait bien une histoire de la classe ouvrière mais pas seulement une histoire du métier, pas seulement une histoire des corps au travail, C'est cette conjonction entre histoire de l'expérience du travail et histoire du politique qu'on retrouve dans certains textes de la jeune génération

F. Jarrige, Au temps des tueuses de bras: les bris de machines à l'aube de l'ère industrielle, pp.1780-1860, 2009.

W. Sewell, Gens de métier et révolutions : le langage du travail, de l'Ancien régime à 1848, 1980.

J. Gareth-stedman, Languages of Class: Studies in English Working Class History 1832-1982, 1983.

J. Rancière, La Nuit des prolétaires. Archives du rêve ouvrier, 1981.

J. Rancière, « The Myth of the Artisan Critical Reflections on a Category of Social History, International Labor and Working-Class History, vol.24, pp.1-16, 1983.

, ouvrières mais une histoire de la politique à l'usine sans que cela passe forcément par le biais classique de histoire des organisations

S. , Il y a Julian Mischi qui réussit à travailler sur le PCF en parlant de son inscription en milieu rural 8 . Mais c'est à peu près tout. Pourtant, le retour de l'ancrage local des mobilisations, dont le mouvement des Gilets jaunes, comme mouvement de ronds-points, est un témoin indubitable, montre l'importance qu'il y a à saisir cette dimension. C'est un champ d'étude dont les historien.ne.s doivent se saisir, Les personnes qui réussissent à tenir vraiment les deux bouts d'une histoire ancrée dans les mondes ouvriers, et en même temps qui posent la question des organisations, sont très rares

J. Mischi, Servir la classe ouvrière sociabilités militantes au PCF, 2010.