. L'ordre,-d'une-façon-générale, cas par cas des faveurs accordées aux uns et refusées aux autres, des services rendus et des services refusés, de laisser-faire et de rigidité 302

, Pour eux, t'es un détenu, t'es pas une chose, t'es un être humain avant tout. Par exemple, quand le soir t'as envie de te faire un petit peu à cuisiner en cellule, ben « chef, est ce que je peux aller voir untel, il doit me donner des oeufs ? ». « Non ! » « Ben chef, c'est de la nourriture ». « Je m'en fous ». Ben, c'est, c'est pas bien des trucs comme ça. Ça concerne pas lui, c'est pour moi, j'ai pas mangé de la journée. La nourriture, elle est pas bonne ici, je vais pas mourir de faim pour lui. Tandis que y a des surveillants, « chef est ce que je peux? ? », avant de finir ta phrase il va te dire « oui, tiens vasy ». Moi, y a un surveillant, un grand, c'est un mec comme ça. Des fois, des aprèsmidi, je lui disais, « chef est-ce que je peux rester dans les coursives ? », et puis je restais jusqu'au soir, jusque après la gamelle 6 heures. Ça te fait du bien, ça, ça te fait respirer un peu, Les différents types de relations : personnalisée, normée, négociée et conflictuelle, ne définissent pas un système d'interaction durable entre deux personnes

L. Plaisanterie, un bon moyen d'asseoir une autorité, d'apaiser des tensions, de remonter le moral, de tenter de prévenir déprimes et suicides. « On rigole un peu, ça nous remonte un peu » affirme Bernard. De même, « un surveillant qui sait écouter, répondre, conseiller, qui manifeste un minimum de disponibilité aux détenus devient l'interlocuteur nécessaire et obligé de ceux-ci, le référent en matière de conduite individuelle dans la prison 303, p.115, 1994.

. Chauvenet, Sadia, 20 ans, p.85, 1994.

, Le mitard : menace, sanction, élasticité

L. Mitard,

. Un-rôle-de-dissuasion, La recherche d'un juste équilibre entre la carotte et le bâton -équilibre qui caractérise tout le savoir-faire de la surveillante -vient à bout de la rage de Sadia. Ici, le calme est échangé comme un bien matériel : J'allais souvent au mitard [lors des détentions précédentes], mais depuis que je suis incarcérée, j'y vais plus, je préfère pas, j'essaie de garder mon calme? Bon, des fois il y en a qui font tout pour que je m'énerve, parce qu'ils savent que je suis une personne qui s'énerve facilement. Mais avant, je passais plus de temps au mitard qu'en cellule. Pour vous dire même qu'il y a une surveillante, une fois je sortais du mitard, elle m'a dit « ben alors c'est quand que vous revenez au mitard ? », « oh, j'y vais plus », elle fait « je vous parie un paquet de tabac, une boîte de Ricoré que vous tiendrez pas 15 jours », je fais « ah ouais, vous êtes sûre ? », « ouais », « ouais ben d'accord », ça fait que je suis restée calme, et tout, elle est venue un jour avant, et elle venue avec une boîte de Ricoré. Ça m'a fait rigoler, cette dissuasion vient s'ajouter à un contrat plus ou moins formel dans le cadre d'une relation personnalisée

, Les modes de régulation sociale, d'apaisement des tensions et des modes de contrôle peuvent donc s'inscrire dans une relation personnalisée. Un « jeu » s'instaure alors, au cours duquel chacun mobilise divers registres d'interactions en vue d'obtenir quelques avantages visant à réduire la pénibilité de l'enfermement d'un côté, le calme en détention et/ou la coopération « positive » du détenu de l'autre. Les conflits peuvent éclater notamment lorsqu'une personne sort de son registre habituel

U. Malheureusement, Moi qui avant fermais tout le temps ma gueule, je l'ai ouverte. Mes nerfs, ils ont monté, je l'ai ouverte ! Donc, j'ai répondu du tac au tac à ce qu'on me disait, ce qui m'a valu de me donner à me calmer au mitard (Elle rit, nous rions). Et puis, j'ai su, par le chef du travail pénal, que la prochaine fois que je recommençais, j'aurais 8 jours de mitard, et je serais déclassée du travail. Donc, c'était le seul truc qui pouvait m'empiéter quoi. Ils savaient que si ils me retiraient ça

, renvoient surtout à la tentative de présenter comme existants les rôles ainsi nommés : les figures que les détenus nous présentent d'eux sont en effet des figures idéales, les valeurs qu'ils nous disent partager, des valeurs idéales, l'ordre dont ils nous parlent

, présentés hors de leur mise en pratique, ils trouvent leur application première dans leur présentation. L. Le Caisne affirme qu'en ce sens, les propos tenus sur ces figures sont donc d'abord des paroles performatives, des actes de perlocution

, une classification rigide ; il faut plutôt poursuivre la déconstruction et décaler le regard porté sur « l'identité », en s'attachant à décrire les processus d'identification et de catégorisation 310 . Face à l'élasticité du concept d'identité, ces deux notions permettent de mieux comprendre les enjeux sociaux des stratégies de division des détenus et des positionnements différentiels qui en découlent. Plus encore que dans les autres établissements pénitentiaires, la maison d'arrêt est la prison où le mélange des détenus est radical : s'y côtoient des prévenus et des condamnés, des primaires et des multirécidivistes, des « courtes peines » et des futures « longues » et « très longues peines », etc. Si dans les maisons centrales, la longueur des peines produit une certaine stabilité des positions, Tentons d'aller plus loin : la constatation de la nature « molle » des identités 309 en prison ne doit pas constituer une remarque préalable à la re-construction d

, Rappelons que ces capacités ne sont jamais nulles mais dans ce cas fortement restreintes. Le rapport au rituel d'admission est symptomatique du positionnement de l'acteur. On a vu comment Adil, quitte à se battre, n'entendait pas se laisser faire, se posait en sujet qui lui aussi avait des idées sur la manière dont se déroulerait sa détention. Bernard, à l'inverse, se pose en objet : transbahuté de salles en salles, amorphe, Ce que nous nommons « soumission » désigne d'abord une position dominée qui réduit fortement les capacités de négociation

. Mon-arrivée-ici, . Dans-un-genre-de-salle-d'attente-au, and . Départ, on passe chez un psychologue, on vous fait quelques piqûres, ensuite, on vous met dans une cellule d'arrivant, on va chercher le paquetage, on va dans une cellule d'arrivant, et puis après, on vous sélectionne

L. Caisne, , p.97, 2000.

. Brubaker, , 2001.

, On peut se reporter à Brubaker, 2001, pour une explicitation plus détaillée des concepts

, La cellule devient donc le lieu de toutes les promiscuités

, Comme le jeune arabe, bon, ils savent qu'on est des pointeurs, et bon, ils le harcèlent, ils s'engueulent à la porte, ils crient? Ils l'insultent de pointeur, tout ça. Bon, tout ça, ça nous refait saisir un peu de l'émotion? Mais après, Ils savent qu'on est tous des pointeurs

, C'est dur parce que quand vous êtes dans 12 mètres carrés, à trois, il faut qu'il y en a un qui soit au lit, pendant que les deux autres sont en bas. Il faut que ça soit un roulement, parce que sinon, on est les uns sur les autres, c'est pas possible. Ça devient une habitude, à partir du moment où il y en a deux qui sont en bas, le troisième, il monte dans son lit, c'est devenu instinctif

. Même-À-deux, On a quand même un respect de l'autre. Si l'autre écrivait, on allait pas se mettre devant sa page et regarder

R. Violences,

, L'une des oppressions courantes est la « mise à l'amende », qui consiste à faire cantiner le pointeur en fonction de ses propres besoins et désirs, et à consommer les biens achetés. Cette mise à l'amende est facilitée quand le pointeur partage une cellule avec des « délinquants

, Et le mec il me dit « ouais, on joue aux cartes », je lui dis « non », et il insiste « vas-y, vas-y », je me dis « tiens, ben on va voir, tiens », j'avais déjà mon idée derrière la tête. Et j'ai commencé à tricher un coup et l'autre il a ouvert son bec et tout de suite, je lui en ai collé une. Comme ça c'était réglé, et la fièvre était passée. Et le lendemain, le soir, je lui dis « toi demain matin, tu fais tes affaires, et tu demandes pour partir parce que ça va mal se passer avec toi. Tu laisses tes affaires ici », il avait des cantines, tu vois tu peux cantiner du café, des gâteaux, des trucs comme ça, je lui dis « tout ça, ce qui est là, c'est à moi, il me dit « tiens, celui qui était avec toi en cellule, il a brûlé son gosse

, Le who's who carcéral permet également, pour ceux qui ne sont pas en bout de chaîne, de préserver des conceptions de soi acceptables ; le processus de catégorisation permet une gestion de la souillure de l'incarcération par la désignation du « pire que soi », de celui qui a enfreint les règles essentielles, sous-hommes proches du règne animal, « malades » incapables de résister à leurs pulsions 311 . La production du « pire que soi » au cours des processus d'identification produit également un espace de défoulement possible : Si il y avait une affaire que je suivais bien, ça m'arrivait de leur mettre une claque. Rien que par? Par plaisir, parce que pour moi

, Bon, le surveillant, il était là, il a bien vu que c'est lui qui a commencé, mais ils en ont rien à foutre, ils font pas leur boulot, En revenant du parloir, on m'a sauté derrière mon dos

, C'est-à-dire, quelqu'un qui vous a sauté dessus?

. Ben and . Vrai, il y en a, ils reviennent du parloir, ils sont un petit peu excités, tout ça. Bon, il suffit qu'ils savent un petit peu ton affaire? Bon, ici, c'est très rapide. Bon, il me saute dessus, comme ça, mais derrière? Et il m'a insulté. (?) Il y en a

C. Dans-ma, il y a un gars de 55 ans, il est revenu du tribunal, il était arrangé

, Cette présentation a largement mis en relation la position de soumis et celle de pointeur

, Le premier est que ces pointeurs sont détenus sous le régime de la détention préventive : ce sont des « présumés innocents », mais l'incertitude quant à leur culpabilité ne joue pas un rôle préventif dans l'accès à ce statut déprécié, Remarquons néanmoins deux éléments

, Ainsi, il faut insister sur l'instrumentalisation de cette hiérarchie à des fins de prédation d'individus et/ou de petits groupes sur d'autres. Conclusion Concluons. En premier lieu, soulignons que la coopération et l'échange entre surveillants et détenus, nécessaires, font apparaître une symétrie des discours entre les surveillants et les conditions de détention : les sentiments, les preuves de solidarité, les courriers qui doivent échapper à la censure du juge, la drogue, etc. D'une manière générale, les liens intérieur/extérieur déterminent largement l'acquisition de denrées pour les détenus : pour recevoir un mandat, se faire rapporter son linge, il faut que quelqu'un à l'extérieur l'aide. Les lieux d'incarcération forment ainsi des enjeux cruciaux pour les détenus. Un détenu incarcéré à proximité de son quartier retrouvera des amis en prison, Ensuite, la position de soumis n'est pas exclusivement limitée aux pointeurs, mais caractérise également la position de nombreux primaires

, De la même manière, les tentatives de transferts, telles, par exemple, les revendications des détenus politiques basques, montrent clairement l'importance de la proximité du réseau de relations extérieures sur les conditions de détention des détenus. Pour le détenu, garder des liens pourra être dans ce cadre d'une importance fondamentale, et la compréhension des expériences carcérales ne peut pas se réaliser sans la prise en compte de ces phénomènes

. L'existence, est pas la seule source, pour les détenus, de l'ouverture de la prison sur l'extérieur : le courrier, le téléphone dans les établissements pour peine

, Le développement de l'enfermement bi-face proposé ici s'appuiera donc sur ces différentes dimensions pour mettre à jour la polysémie avec laquelle il faut appréhender l'épreuve à laquelle est soumis le lien social lorsqu

C. Marchetti, , 1996.

C. Marchetti, , pp.173-197, 1996.

, / Le lien par-delà les murs

, Le parloir entre réconfort et humiliation

». Le, Espace situé dans la prison, celles et ceux qui viennent rencontrer leur mari, leur femme, leur conjoint(e), frère, soeur, ami(e) découvrent, « par un petit bout », l'univers carcéral : les attentes parfois incompréhensibles qu'il génère, la force de l'impératif sécuritaire qui surplombe les pratiques les plus banales et menace le lien social par son système de contraintes propres. Le témoignage de D. Maksymowicz, est dans ce cadre précieux. Au-delà de la singularité de son propre parcours -visiteuse de prison puis « femme de parloir » -, le livre permet de comprendre la coexistence tenace des sentiments de bonheur et de réconfort d'un côté, de frustration et d'humiliation de l'autre

. Le, Quand on sait, on imagine l'homme de sa vie à poil et manipulé par un autre homme et on se sent

, avant les contraintes financières, temporelles, spatiales, les contraintes spécifiques de l'Administration pénitentiaire. Les lieux, tel le rond-point où les entretiens ont été réalisés ou les parloirs, voués à être traversés et/ou occupés temporairement par des personnes non recluses autres que le personnel de surveillance, sont généralement dans un état moins déplorable que le reste de la prison, Maksymowicz, que les principales raisons invoquées par les familles pour expliquer l'absence de visite sont

. Maksymowicz, , p.5, 2000.

L. Quéau, , pp.47-48, 2000.

, ce qui en pratique permet? ou empêche, selon le statut social de celui qui est incarcéré, selon le degré de tolérance du surveillant chargé de contrôler les parloirs, et selon les rapports de force qui définissent la situation

, Certains soulignent, tel l'Observatoire International des Prisons, l'urgence de la généralisation des parloirs familiaux, dispositif au coeur duquel la France semble faire, parmi d'autres points, office de lanterne rouge en Europe -la première unité de visite familiale (UEVF) doit ouvrir ses portes à la prison des femmes de Rennes le 23 septembre 2003 ; d'autres, pour nuancer, anticipent les effets pervers de ces parloirs, comme propices à constituer de nouvelles sources d'expression du pouvoir arbitraire 324 ; certains, enfin, dans une optique plutôt féministe, pointent la possible soumission de la visiteuse envers « son homme » reclus 325, La question des pratiques sexuelles au parloir est délicate pour les détenu(e)s et leurs conjoint(e)s, propices aux débats entre militants, réformateurs et observateurs

A. Positivement, Cette mise en condition rituelle : prendre soin de soi, se remémorer les choses importantes à dire, relire la dernière lettre reçue, brise la monotonie quotidienne. Toutes les journées, elles se ressemblent, toutes les journées sont les mêmes. A part une seule, quand c'est parloir. Le parloir, c'est bien, ça donne un peu de bonheur, On mange, on met des habits propres, on se rase

, Le parloir s'impose comme un rituel fondamental pour les détenus, d'abord parce qu'il est l'unique occasion d'un contact visuel et charnel entre ceux-ci et leurs visiteurs

C. , est vraiment un moment essentiel. A ne louper sous aucun prétexte (nous rions), c'est vital? Bon, en même temps assez surveillé? Mais c'est une parole directe qu'on n'a pas autrement, on l'a pas autrement. Et puis c'est vital parce que quand on se voit

. Maksymowicz, , 2000.

. Welzer-lang, s'assurer d'un certain nombre de choses, beaucoup plus que par courrier interposé, 1996.

C. Fait, je pense que c'est dans les regards qu'on se renforce, et puis c'est vrai qu'on a une chaleur affective qui manque terriblement en prison, qu'on trouve tout de suite au parloir, tout ça, c'est très important. (Sylvain, 47 ans, chez lui, une détention ferme de sept semaines en détention préventive, recel de malfaiteurs

, Véritable intrusion dans l'institution totale, le visiteur et le visité tentent, pour ainsi dire, de rompre la rupture de l'incarcération en offrant la possibilité d'une continuité et d'une pérennisation relative des rôles que tenait le détenu avant d'être incarcéré. En ce sens, le parloir peut constituer une « soupape

. C'est, par rapport au parloir que je redevenais? C'est quand j'avais un parloir que ça réduisait, au niveau mauvaises pensées : ça me ressourçait en fait. Et je devenais un peu plus sociable, et tout ça avec les gens quoi

J. Eu-du-soutien-de-ma-famille, Soutien en psychiatrie et soutien en milieu carcéral. Ma famille, elle était toujours là. (?) Sans les parloirs, t'es foutu, je sais pas, tu deviens un animal. La prison, elle transforme les gens, tu deviens un animal. (Abdelkader, 28 ans, stage emploi, une détention

. Le-parloir, . Pour-abdelkader, and ». Est-une-«-journée-parloir, Le décalage entre le temps carcéral et le temps de l'extérieur oblige à des repositionnements. Le reclus estil au courant des avancées de l'affaire ? Tel courrier est-il parvenu ? La date de sortie présumée est-elle toujours la même ? Les parloirs, quand on communique par ailleurs, par exemple par courrier, ou par messages, etc., ben les parloirs, il y a toujours des décalages, c'est-à-dire qu'on a écrit quelque chose qui est pas forcément reçu, alors on pense que c'est déjà lu, et c'est pas forcément lu, alors il y a tout un? Ça dure une demi-heure. C'est vrai qu'il faut cinq-dix minutes déjà pour recaler les choses. (Sylvain, 47 ans, chez lui, une détention ferme de sept semaines en détention préventive

, pouvoir voir ses enfants et neveux grandir, connaître leurs notes à l'école : les interactions au parloir sont une tentative de maintien des différents rôles familiaux. Si, risque de « contamination » symbolique oblige, certaines personnes sont écartées du parloir, tels les grands-parents, d'autres se « doivent » de rendre visite au reclus. Bafouer un devoir de visite, règle informelle mais bien réelle

. Samedi, . Ouais, and P. ». Ça-m'étonne-:-j'ai-pas-de-nouvelles-de, Pourtant, ça va, il est déjà venu ici, il sait ce que c'est. A chaque fois que je tombe, d'habitude il m'envoie un mandat, il m'écrit une lettre. Là, ma soeur, elle me dit qu'il lui a dit « il a 10 mois, je m'en tape

, Un premier pan d'ambiguïté naît de la complexité des interactions qui se nouent dans ce point d'intersection : elles semblent primordiales pour la santé psychologique et les ressources matérielles du détenu, mais elle peuvent aussi être humiliantes. Intrusion dans l'institution totale, l'institution totale traverse en retour de part en part la relation de parloir. D'un côté, le détenu se présente à ses proches diminué, dominé, et, de l'autre, la honte peut être redoublée par la conscience d

, On est en prison, c'est nous qui avons fait l'erreur, qui avons fait la faute et tout, et les gens? Moi, ça me faisait extrêmement mal de voir ma mère venir au parloir. Rentrer dans une prison par ma faute, ça, c'était vachement dur à supporter. De se déplacer, le fait qu'elle entre dans une prison? Elle avait plus de 50 ans, elle était jamais rentrée là-dedans, j'ai des grands frères, des grandes soeurs, et c'était moi qui merdouillais quoi, ça me faisait vraiment trop mal

, Le télescopage partiel entre deux mondes contient, dans son essence même, son échec : les tentatives de maintien des liens familiaux, de (ré)affirmation de l'actualité des rôles tenus par

, Certains préfèrent ne pas avoir de parloir, le sentiment de n'avoir rien à se dire, et la difficulté à trouver des thèmes de discussion venant accentuer le sentiment de solitude, de rupture ; l'espacement des parloirs permet en outre d'améliorer le rapport déplacement/durées pour ceux de l'extérieur

. Le, De temps en temps, ils venaient trois fois par semaine, et voilà, mais moi je préférais pas qu'ils se dérangent, je leur demandais de venir une fois par semaine, c'est suffisant. Et même, ça laissait un peu de marge, quoi tu vois. Comme ça, quand je les voyais, j'avais des choses à dire et tout

, Le parloir permet également de faire sortir des documents, des courriers qui doivent échapper à la censure du juge ou dont on veut s'assurer que l'intimité sera respectée. Officiellement, il est interdit de faire circuler de l'argent, des objets ou du courrier par le parloir. Seuls l'échange et la remise de linge et de livres sont autorisés d'après le règlement intérieur de l, p.327

J. Des-pays-bas, Je lui dis que je peux l'aider, il me dit « non, t'occupes de rien, je peux m'arranger »? Le gars, tout en étant à l'intérieur, il a réussi à avoir un appartement et à trouver un job aux Pays-Bas sans bouger de sa cellule. Tout ça par l'intermédiaire d'un autre détenu, qui avait des permissions de sorties, et il lui passait comme ça des formulaires, des papiers et ainsi de suite, ça a voyagé, comme ça, sans bouger de sa cellule?

, Sur le terrain durant cette période, nous avons pu constater l'importance de ces colis et l'impatience qu'ils suscitaient. Le « petit plat cuisiné par la maman », qui, mis en commun avec les autres petits plats et petites gâteries des compagnons de cellule

. Le, Pour les prévenus, comme c'était le cas ici pour Thibault, un contrôle supplémentaire est effectué par le magistrat chargé de l'instruction, auquel sont adressés tous les courriers reçus et envoyés par le détenu, d'où la tentation supplémentaire : Le parloir, pour moi, c'était un moyen de faire passer du courrier. Parce que le courrier, si on passait par la voie officielle, il y a une boîte qui est accrochée sur la porte de la cellule, et tu places ton courrier dedans et le matin, le maton qui vient t'ouvrir ta porte, il prend le courrier et il l'amène. Et ce courrier-là est lu par? Donc si tu veux, c'est toujours gênant, et puis surtout, ça prend du temps, donc, c'est surtout pour ça que je passais par le parloir. Ça prenait deux jours de plus, et puis bon, je voulais rassurer mes parents, je voulais que ça aille vite quoi. Donc, je passais par le parloir

, Le courrier : « la petite évasion » Plus généralement, le courrier est décrit par certains détenus comme « une petite évasion

, Quand le courrier n'est pas rendu impossible ou très difficile du fait de l'analphabétisme ou l'illettrisme des correspondants potentiels, parmi les « avantages » du courrier, la mise en forme matérielle de la parole -de l'encre sur du papier -est une prévention efficace contre l'envol de celles-ci. Alors que ce n'est que par l'esprit que perdure le parloir après l'entrevue, Deuxième source principale de porosité, le télescopage intra/extra muros y est plus que jamais symbolique

, La « petite évasion », c'est la part concrète et matérielle de l'extérieur -mots de liberté, de soutien et de lien social -introduite en cellule

, Mais (soufflement) ça me disait rien tu vois quoi, parce que ça fait encore plus mal quand je vois, je vois une fille qu'elle vient et je peux pas en profiter. Tu vois, c'est juste se tenir la main, parler et, toi t'es ici. Après, tu rentres, tu dis « bon qu'est ce qu'elle fait dehors, je peux même pas être avec », ça va pas. Et là, là je suis tombé, je pouvais avoir l'occasion qu'une amie aussi elle vient me voir quoi et je préfère pas. Quand je sors je me rattraperai le temps perdu. Moi je trouve ça fait du mal. Ça me fout les boules ; ça passe vite, une demi-heure c'est à peine tu t'asseois, tu dis quelques mots et c'est fini. Autant pas la voir, c'est mieux. C'est mieux de la voir à travers une lettre

, Ce courrier ne faisant pas à proprement parler partie du terrain, le contenu de ce courrier ne sera pas abordé. Retenons néanmoins l'extrême joie toujours proclamée de recevoir du courrier, ainsi que la persistance du tabou sur les conditions de détention. Alors que je posais des questions naïves et moins naïves sur la vie quotidienne en détention, le contenu des échanges a été souvent explicitement recentré sur l'extérieur -politique, société, mais aussi perspectives de sortie de prison -et sur moi -activités, Les nombreux courriers que j'ai moi-même échangés avec des détenu(e)s, dans le cadre d'une correspondance personnelle ou au nom d'une association

, Une fille, elle t'écrit, tes parents, ils t'écrivent, un ami il t'écrit, ils font attention à toi, parce qu'ils pensent à toi. Ah moi j'ai plein d'amis dehors qui m'écrivent pas et quand je vais sortir de prison, « ah ben t'es sorti, ben j'allais t'écrire ». « Ben y est trop tard, il fallait le faire dès le début ». C'est pas des amis ça, déjà ils te connaissent sans te connaître en vérité, ils en ont rien à foutre de toi, tu peux mourir demain, ça leur fait ni chaud ni froid, ils auraient un petit mal au coeur mais sans plus, Recevoir du courrier ici ça te remonte le moral grave ! Y a des journées, ils passent la gamelle, le type a le courrier dans ses mains, t'as pas de courrier, t'as un peu les boules

, Ils me connaissent quand même quoi, ils savent comment je suis, alors ils insistaient là-dessus, « fais pas de conneries? », tout des trucs comme ça? C'est comme ma mère, elle a 75 ans

. L'important, . De-sentir-qu'on, and . Soutenu, Il y en a quand ils rentrent ici, ils ont plus rien, ils ont tout perdu, famille et tout, qui croient la victime et tout ça. Alors eux, ils ont plus rien. Et ceux-là, c'est vrai que si il y a personne derrière? Un arrivant, première nuit, il s'est pendu. Si il tombe pas avec des gens corrects en cellule? C'est malheureux pour lui

, tu vois le courrier, il arrive, les meufs de ta cellule, ils ont du courrier, il faut comprendre, t'es contente pour elles, mais t'es dégoûtée quand même, parce que t'as pas de courrier. Mais c'est vrai que quand t'es habituée, au fur et à mesure? C'est pas que tu t'en fous, mais? Ça a moins d'importance que les premières fois. Hier, j'ai pas reçu de courrier, j'étais dégoûtée, je pensais en avoir. Je me demandais quoi

, Il y a des détenus qui s'écrivent à eux-mêmes, pour recevoir des lettres. C'est pour dire l'importance que ça peut avoir de recevoir du courrier, y compris par rapport au surveillant, y compris par rapport aux autres détenus, etc. Et entre codétenus. Le courrier, c'est avoir un lien avec l'extérieur, mais c'est aussi montrer qu'on n'est pas tout seul par rapport aux gens qui sont autour, détenus et surveillants. Et ça tape un peu sur le ciboulot, et quelque part, on fait un peu tout et n'importe quoi pour améliorer les conditions de vie. (salariée d'une association d'aide aux femmes sortant de prison). courrier échangé. Instrument de transmission des nouvelles, celui qui n'en reçoit pas s'inquiète pour l'extérieur ; mais au-delà, c'est l'échange pour lui-même qui constitue un soutien moral. Concernant cette fonction secondaire très spécifique, ne pas recevoir de nouvelles de sa femme peut être compensé partiellement par un autre type de correspondance. Le plus dur, c'est le manque de contact avec l'extérieur. Parce que bon, une fois qu'on est dans le contexte de la prison, tout compte fait après, c'est un engrenage. On cherche plus à comprendre, on le vit. C'est tout

. Le, y aura pas d'autre parloir. La confrontation peut donc constituer l'occasion d'en finir avec des illusions, petits rêves biographiques qui permettent de tenir le choc. L'absence de parloir peut donc, a contrario, être renvoyée à des difficultés matérielles (problème de transport, problème de santé, problèmes financiers du visiteur potentiel), et permet de s'illusionner sur un hypothétique lien social intact : puisqu'il n'y a pas eu de déclaration de rupture

. Mon-amie, Elle m'a dit qu'elle continuerait à venir me voir, là, je sais pas si elle va venir vendredi, je sais pas. J'ai su ça vendredi passé. Elle a dit que je devais comprendre, que ça faisait un an que j'étais ici, que j'avais resigné six mois? Que c'est dur pour elle. Ça fait mal? (Silence)

, Mais tu sais, c'est peut-être parce que je suis en prison que je l'aime encore. Parce que quand j'étais dehors avec lui, j'étais vraiment? Quand j'étais dehors avec lui, il me prenait la tête parfois, et si je l'ai fait cocu, c'est que il me manquait quelque chose, j'en sais rien, parce que quand on aime vraiment, on fait pas cocu. Donc, c'est peut-être parce que je suis en prison que je l'aime. Peut-être que je serais dehors que ça sera différent. C'est sûr, je l'aime quand même. Quand je serai dehors, mon coeur, il va battre, je vais être contente, mais là je pense à lui parce que je suis en prison. La prison, ça rend tout love love

. /-l', extérieur absent : de l'incertitude à l'impuissance

G. ,

. Néanmoins-l'enfermement, produit subjectivement une « absence de l'extérieur » qui prend schématiquement les trois formes de l'obsession, de la souffrance et de la peur. L'obsession résulte de l'impossibilité de contrôler personnellement les actions et les rencontres de l'entourage proche, impossibilité au coeur de laquelle la hantise de l'adultère occupe une place privilégiée ; la souffrance naît, elle, du manque affectif et du constat selon lequel « la vie à l'extérieur » continue sans le détenu ; la peur est renvoyée à la mise à mal des rôles anciennement tenus par le détenu d'où découlerait, si, par exemple, des événements fondamentaux au sein de la famille se produisaient

, Mais que font-ils dehors ?

, Ce qu'il y a, c'est toujours, c'est dommage, c'est toujours la même chose, le même dialogue, j'essaie de la convaincre, je sens que j'ai pas le retour? J'ai pas de retour. Bon, je sens qu'elle a une pression par rapport à son entourage, ça c'est sûr. Je sens que des fois, elle a des relâches, certainement quand elle est toute seule. Peut-être qu'à ce moment-là, je vais quand même lui écrire, mais il suffit qu'il y ait quelqu'un qui est dans son entourage qui sait qu'elle a reçu une lettre, bon, plus ou moins, ils doivent souvent en parler, ils doivent souvent, ça doit être un sujet de conversation tout le temps quoi. Tels que je connais la belle-soeur, le beau-frère, ça a toujours été un peu du genre à chercher à savoir ce qui se passe pour les autres. Pour elle, ça doit être dur parce que toujours entendre la même chose, ça doit? Je pense qu'elle doit souvent pleurer, craquer, La situation d'enfermement empêche souvent les détenu(e)s de contrôler les actions de ceux de l'extérieur. La détention est alors le cadre d'un imaginaire sur les motivations, actions, pratiques, ressentiments éventuels des proches. L'incapacité à « savoir » ce qu'ils font, disent et pensent, est récurrente à travers les discours

. Karim and . Lui, incarcération, il a déjà connu cette expérience, son amie de l'époque ayant « profité » de l'incarcération pour « s'amuser avec d'autres ». De là à ériger l'adultère en règle, il n'y a qu'un pas que Karim, dans son angoisse, franchit : Mon fils, comme je l'ai pas reconnu à la naissance, j'ai peur que sa mère, elle fasse en sorte que je le reconnaisse pas. La prison, ça donne des idées aux gens qui sont à l'extérieur. Ils se disent que on est là pour un certain temps. Eux, ils sont seuls

, Certains ont leurs théories : à partir d'une certaine durée, un couple ne peut que se disloquer, à partir d'un certain nombre d'incarcérations, la famille n'apporte plus de mandats, etc. L'absence de contrôle des activités des proches par le détenu lui-même est parfois comblée par un frère, ou simplement l'entourage. Les proches du détenu restent inscrits dans un réseau de relations qui ne les « libèrent » pas de toute contrainte vis-à-vis du détenu, et ce d'autant plus qu'un turn-'être un filtre déformant, « Mais que font-ils dehors ?» devient donc une question obnubilante

, Pour un rien, tu te fais des films inimaginables. T'es avec une fille, elle t'écrit à fond, elle vient te voir. Bon « je t'aime, tu m'aimes, etc. ». Et si du jour au lendemain elle vient plus te voir, ou elle t'écrit pas mais juste parce que soit elle est malade ou elle est très occupée, a toujours écrit toujours, et après elle a plus écrit, et lui tous les jours il se posait des questions. « Pourquoi elle m'écrit plus ? Elle m'a laissé tomber ? ! Elle est partie avec quelqu'un d'autre, je vais la tuer !? »

J. Ben, . Commence-À-en-avoir-marre-d'être, and . Ici, En réalité, qu'est-ce qui est le plus dur, ici en prison, en réalité, c'est pas la prison qui est dure, la prison, c'est pas dur, c'est que t'es séparé de ta famille, t'es séparé de ton homme, parce que ça fait 7 mois que je suis là

, Tu te dis « merde, il y en a pas un qui va prendre ma place », ceci cela, t'es stressé à fond. Franchement c'est très dur. Et heureusement qu'ils sont en train d'améliorer un petit peu en faisant des visites conjugales, parce que ça c'est quand même quelque chose qui va servir pour les gens qui sont en prison, et pour les familles, aussi bien pour les femmes que pour les gens qui sont en prison. Psychologiquement, c'est trop dur, c'est le plus difficile, Les personnes les plus prolixes à ce propos étaient cependant le plus souvent libres durant la réalisation de l'entretien, comme en témoigne Fabien : Si t'as une femme et des enfants, c'est la galère pour eux

, Si la rencontre avec son amie et la naissance des enfants sont des thèmes qui ont été peu abordés, Fabien insistera néanmoins sur le fait que l'abandon de sa famille est ce qui lui pèse à chaque fois le plus en détention : à la précarité dans laquelle son amie se trouve, situation qui définit l'enfermement comme une peine familiale, s'ajoute la peur d'être remplacé. Les souffrances de la peine sociale que doit subir la famille et celles produites par le doute, c'est-à-dire la possibilité que la femme -ou l'homme -refasse sa vie, s'entretiennent mutuellement : la tentation de refaire sa vie est considérée comme d

, Perché du haut de son temps vide, le détenu peut regarder, désarmé, les enfants grandir, la proximité affective se distendre, les copains se ranger et former une famille, partir en vacances, etc. Vous imaginez, vous laissez votre famille, votre soeur, qui grandissent? C'est comme ça que? Encore ma nièce, avant-hier, elle me dit « je te connais pas, je t'ai jamais vu », tu vois, ça fait un choc quand même. Elle a 11 ans. Tu vois ? Ça fait drôle hein ! Alors pour se fixer des objectifs, c'est très difficile parce qu'on est limité dans la conception de la vie, on voit pas de raison, on voit pas de but précis? Je sais pas si c'est la même chose avec tous, mais? Le lien familial, c'est très important. Non, honnêtement, c'est très important. Quand il y a une personne qui vient vous voir en détention, ça, ça joue beaucoup, ça joue beaucoup. Que personne vienne

, Impuissance(s)

. L'impuissance-carcérale, être privé de la capacité à remplir ses obligations sociales, de ne pas pouvoir remplir ses rôles sociaux. Jean-Michel est par exemple impuissant à enrayer la « dérive » de sa fille : Le plus insupportable, c'est de pas pouvoir bouger, vivre. J'ai plus mon mot à dire, pour les enfants, j'ai plus mon mot à dire. Ma fille, là, qui est tombée dans la toxicomanie

, des discours une dissociation entre « être en prison » et « ne pas être à l'extérieur », processus mental résumé par Thibault : « C'est pas la peur de vivre dans le milieu carcéral, c'est le ras-le-bol de supporter ces quatre murs », soulignant que le processus d'adaptation à l'institution, nécessaire et l'acceptation du quotidien

, L'impossibilité de remplir pleinement son rôle face à la maladie ou à la mort des parents éventuelle forme une illustration typique du sentiment profond d'impuissance

, Et je me dis que faudrait pas qu'il leur arrive quelque chose pendant que je suis en prison, parce que là, je sais pas la réaction que j'aurais, tu vois. Ça m'arrive d'y penser. C'est pas évident. Un détenu, son père, il est décédé? J'en ai vu des détenus que ça a complètement cassé quoi, démoralisé, c'est normal. Et je sais pas comment je réagirais. Parce que tu sais, moi, mes parents, c'est sacré, la famille, c'est sacré, vol.armes

. Ici, Ils lui ont accordé qu'une journée de perm' ! Il est sorti du matin, et il devait rentrer au soir, pour son frère. Moi je dis un truc comme ça, ça se fait pas. Il faut donner au minimum les trois jours, comme dehors ça se passe, quand t'es à l'école ou quoi, ils te donnent trois jours de vacances parce qu'il y a un décès dans ta famille ou quoi. Je vois pas pourquoi on pourrait pas faire ça. En plus entre deux gendarmes et tout, il a dû aller au cimetière entre deux gendarmes, moi je dis non, ça se fait pas. Moi, un truc comme ça, je rentre pas. Gendarmes ou pas gendarmes, je rentre pas. Ou alors, je sais pas, il faut qu'ils me tirent dessus, j'en sais rien, mais je rentre pas, c'est sûr et certain. Je pourrais pas supporter une journée, aller voir un enterrement de quelqu'un de famille et rentrer ici, une mauvaise nouvelle et je vais mal réagir. C'est obligé, je vais en vouloir à l'administration, à tout le monde, je pourrais pas faire autrement

/. Présent, ressources matérielles et symboliques 3.1 L'effet ciseau de la détention

, L'analyse de la « porosité » des murs fait rapidement émerger un autre pan d'ambiguïté, corrélé aux rapports complexes et multiformes entre « pauvreté » et « prison

, Plus dure, la détention l'est pour les pauvres car tout se paye en prison. L'accès à des denrées essentielles, tel le papier hygiénique, mais aussi, dans un lieu où l'ennui règne, l'accès à des « petits plaisirs », ou tout simplement à une nourriture équilibrée pour celui qui veut prendre soin de son corps et de sa santé, sont loin d'être un luxe ; or l'absence de mandats empêche souvent l'accès à la cantine. En effet, pour avoir accès à quelques ressources, le détenu peut parfois travailler, selon ses compétences, selon son capital social intra muros et l'offre de travail propre à l'établissement pénitentiaire ; mais le travail en prison est largement dévalorisé et n'a que peu de normes, et, surtout, la maison d'arrêt souffre, par rapport aux établissements pour peine, d'une véritable pénurie de travail. Quand il y a néanmoins accès, Marchetti 328 a montré comment la pauvreté est non seulement génératrice de détentions plus dures, mais aussi plus longues que celles des autres détenus ; de même, les différents moments-clés de la détention participent à un processus d'aggravation de l'appauvrissement des plus pauvres. Détaillons

, Celui qui ne dispose ni d'argent -absence de mandat, absence de travail -ni de biens ayant une valeur quelconque dans l'enceinte de la prison se retrouve alors dans une situation d'extrême pauvreté

L. Ma-mère-elle-m'a-Écrit-;-bon and . Parloir, Pas de parloirs, et pas d'argent. J'ai demandé de l'argent à ma mère, parce qu'ici obligatoirement, on a besoin d'argent. C'est pour ça que pour certaines personnes, c'est dur la prison. Ils ont pas d'argent pour s'acheter les cigarettes

, Il y a des gens qui t'assistent. C'est ça qui te fait tenir. Moi, j'ai toujours été assisté. Si t'as pas de mandat, tu peux pas la faire bien, ta détention. Parce que en prison, tout s'achète. Si t'as rien, ça sert à rien. C'est comme dans la société, t'as pas d'argent, t'as rien

, Cette nécessité est corrélée à une autre : pour recevoir un mandat, quelqu'un doit l'envoyer

, Ils ont fait peur à ma copine. Ma copine, j'ai fait la connerie de parler un petit peu de ce que je faisais. C'est tout, j'ai fermé les yeux parce que bon, j'ai encore des sous de côté, et il y a qu'elle qui peut me les donner pour continuer ma peine tranquille quoi. Si j'aurais pas ça, je serais en clando. Clando, un type qui a rien, c'est ça les clandos ici, Cette évidence conduit certains à faire fi de leurs rancoeurs liées à la dégradation pré-carcérale des relations ou à « l'affaire

. Qui, De la même manière, la consommation en prison, parce qu'elle permet au « consommateur » de réduire l'emprise carcérale qui pèse sur lui, est fortement chargée symboliquement. « Amélioration du régime ordinaire certes, mais aussi espace de liberté, "c'est une des libertés qui leur reste", moyen de tromper l'ennui, de maintenir des liens avec l'extérieur 333 ». En ce sens, la cantine brise la clôture protectrice de l'institution et la consommation en prison et permet aux détenus de s'exprimer par le moyen des achats qu'ils peuvent faire, Les ambiguïtés réconfort/humiliation et soutien/appauvrissement, marquent l'entremêlement des ressorts matériels et symboliques de l'aide

, Ces petites sources de réconfort trouvent leur expression la plus concrète dans le rituel du café, mais aussi le don de biscuits, de timbres, de tabac, etc. Le mandat et la cantine qu'il permet rappellent au détenu leur reste d'humanité, dans le sens où ces dons et échanges

. Combessie, , p.251, 1997.

. Seyler, , p.141, 1988.

L. Quéau, Je suis rentré dans la cellule, il m'a dit, j'avais rien, il m'a dit, regarde il a ouvert l'armoire, il m'a dit y a shampooing, dentifrice tout ce que tu as besoin tu te sers. Ce qui est à moi est à toi, le tabac, la nourriture, tout. Il rigolait avec moi, il s'amusait avec moi, il m'a appris à faire du sport, pas il m'a appris, mais il m'a mis dans le sport. On rigolait, on regardait les mêmes choses à la télé. Je suis resté avec lui, j'ai passé une peine avec lui et j'ai pas vu ma peine, La première fois que je suis tombé, ils m'ont mis avec un, je m'en rappelle il s'appelait Christophe, vol.87, 2000.

-. Un-«-merci-»,-un-«-Ça-va-?-»-ou-encore-une-blague, dans le même sens, revient sur son arrivée et l'oppression dont il a été l'objet : par comparaison, les rituels pacifiques d'accueil sont un premier palliatif de l'enfer. Comme là, je suis tombé sur un gars en cellule, il m'a avancé le papier à lettres, enveloppes, ça va. Parce que je pensais pas que j'aurais ça quoi. Quand je suis arrivé, il m'a proposé le café, j'avais rien. Donc déjà, on se sent un peu mieux. Et puis surtout, par rapport où j'étais, que je me faisais tabasser, deux fois. Je me disais « bon, ben je suis parti pour aller en enfer, Philippe qui décrit la prison comme un enfer rappelle comment les petites attentions des autres -un « bonjour

, Ces échanges sont une construction de la normalité sociale : dans les failles de la loi carcérale

, Et je prenais avec moi des filles qui avaient rien. Comme ça, je pouvais les aider

, Laisse : c'est moi qui vais acheter des tickets de cantine ». De temps en temps, je prenais des pâtisseries, je prenais des trucs

, Le problème du manque de denrées se pose cruellement durant la phase d'installation en détention. Les relations sociales et les échanges au coeur des interactions permettent

. Moi, et il faut que je la fais sortir pour que ma mère elle l'ait pour qu'elle puisse m'envoyer de l'argent quoi. Mais pour l'instant pas d'argent, donc pas de tabac, pas de café, pas de sucre, tout ce qui est nécessaire au début, quoi, parce que après manger tu te débrouilles. Mais voilà quoi, là je vois des amis, ou plutôt des copains, ils me dépannent. Un paquet de tabac, une boîte de Ricoré, un kilo de sucre, ceci, cela. Et le peu que j'arrive à avoir, déjà, dur de faire la semaine avec, le peu que j'arrive à avoir, et ben il y en a d'autres qui me demandent

, Le trafic de drogue : une ressource « en or

, Les ressources légales, sous forme de mandat, et les ressources illégales -principalement la drogue qui rentre notamment par les parloirs -visent toutes deux à pallier des besoins, ou réaliser des désirs non pris en charge directement par l'établissement. Pour acheter les produits cantinables auprès de l'Administration pénitentiaire, le détenu doit détenir un pécule sur son compte pénitentiaire. Il paye donc avec de l'argent. Par contre, pour acheter ou échanger des biens et services avec d'autres détenus, l'argent est plutôt rare, et ce sont d'autres biens et services qui sont alors échangés. La porosité des murs et le système de cantine ne doivent pas être analysés « en eux-mêmes », mais replacés plus globalement dans le cadre du système d'échanges intra muros. En ce sens, L'analyse de la porosité de l'institution ne peut se cantonner à la porosité légale, mais doit aussi tenter d'approcher la « porosité illégale », dont l'importance est considérable en maison d'arrêt, et qui constitue un outil de régulation sociale en détention

, Le haschich est fortement répandu en détention. « C'est incroyable, c'est par brouettes qu'il rentre » dira l'un ; cependant, comme à l'extérieur, ce sont les drogues dures et les traitements de substitution, alors détournés de leur fonction officielle, qui sont

. Si-par-exemple and . Le-copain-en-cellule, Je suis sorti en permission pour la première fois au bout de trente et quelques mois que j'avais été incarcéré, et là, tout de suite, on m'a donné cinq grammes d'héroïne, comme ça, « tiens gratuit, tu te feras de l'argent », bon, moi, je vais pas dire non, j'ai pas dit non. Et voilà, et après ça a été 4 grammes à côté, donc je suis rentré en prison, j'avais presque 10 grammes d'héroïne sur moi, tu vois, j'étais le pacha après. Je faisais qu'est-ce que je voulais, j'avais ce que je voulais. L'autre il avait un gros radio-cassettes, double CD, ceci cela, « tiens

, Le prix des drogues telles l'héroïne, le subutex ou encore la cocaïne -cette dernière semble plus rare mais pas inexistante -est décuplé par rapport aux prix du marché extra-muros

L. Ici, écrases ça va te faire par exemple une ligne comme ça, avec même pas la moitié de la moitié, ça une ligne tu vas la vendre soixante dix mille. 700 francs. J'ai vu des gars ici donner leur survêtement tout neuf, leur paire de baskets tout neufs, même pas, même pas, la moitié de la moitié, écrasé. Ah ouais. Et ici ils te le coupent donc ça n'a aucun intérêt, ça te fait rien? (silence)

, Une nouvelle dimension du rythme carcéral, cadencé par les parloirs, s'ébauche ici : les nouvelles « rentrées de produit » sont l'objet d'une effervescence visant un échange rapide et efficace : Les yoyos, c'est des boîtes de Nesquik qu'on attache au bout d'une corde et qu'on balance par la fenêtre, qui tombe sur la cellule d'en bas, ou si on est plus adroit sur la cellule d'à côté, enfin on arrive à orienter, le mec attrape ta boîte de Nesquik, prend ce qu'il y a à l'intérieur, et remet quelque chose dedans. C'est comme ça que circulent, bon, les informations, mais aussi, bon surtout le shit? Il y a? Les jours de parloirs, le shit circulait particulièrement. Et donc le soir, alors là, c'était un bordel dans la prison, on entendait gueuler, on se mettait à la fenêtre, on entendait gueuler dans tous les coins, et la monnaie d'échange, alors là, soit c'était un service style, Une fois rentré, reste à faire circuler le produit. Les cours de promenades sont ici des lieux d'échange et de revente privilégiés, mais les deals peuvent s'effectuer également de cellule en cellule, grâce au système des « yoyos

, Les activités stratégiques, telles celles qui permettent une circulation dans les coursives, sont également très prisées : elles permettent de sortir souvent et longtemps de cellule, mais aussi elles permettent d'occuper une position stratégique dans le système d'échange

J. Fait-auxi? and A. , c'est ceux qui donnent la gamelle. J'étais au rez-de-chaussée

L. Travail, En plus tu connais le surveillant. Pas de problème, il voit rien. Il sait ?? Il voit rien ? Il y en a qui savent. Il faut pas que ça soit trop flagrant, si c'est flagrant? Il donne la cantine, la paire de baskets, ça va, mais il faut pas non plus que ça soit du flag' quoi. J'ai sauté de balayeur pour ça, La thune ? 300 francs par mois, vous rigolez ? C'est pour passer le temps, pour être dehors, pour circuler? Pour faire des petits trafics

, L'entretien de Reynald est assez éclairant sur le pouvoir que donne sur les autres détenus-toxicomanes la possession de drogues. Reynald est originaire du sud de la France, mais sa capacité à s'adapter « partout » et « rapidement » lui assure une intégration carcérale rapide : il se lie d'amitié avec son codétenu qui, lui, connaît de nombreux autres détenus d'un même quartier. Pour passer le temps, chacun fait son truc. Moi, c'était le business ? J'avais pas de parloir, ni rien parce que je suis loin. Le mec de ma cellule, il avait parloir. Il arrivait à rentrer des produits. Et des produits là-bas, ça vaut de l'or. Héroïne, schit ? Schit, et subutex. Un subutex, dehors, tu l'achètes 25 francs, là-bas, tu peux te faire pour 800 francs de cantine. Je vendais pour lui, sans connaître personne. Lui il pouvait pas vendre. Puisque la plupart des gens, il les connaissait, donc il aurait été obligé d'en donner une partie, parce que c'est des copains avec qui il est relation dehors, tandis que moi, un réseau de clients relativement sûrs -de nombreuses techniques sont mises en oeuvres, parfois efficaces, parfois non, pour éviter de « tomber sur une balance » -une position de vendeur acceptable

, par la force de ses soutiens extérieurs, peut faire rentrer de la drogue, et Reynald, par l'absence d'obligation de « dépannage », de « services » et de contre-dons vend sans scrupule cette drogue. Ce trafic doit également être appréhendé dans l'ensemble plus vaste du système d'échanges entre détenus : la possession de « produit » est, dans ce système, un atout de poids, et ils te l'envoient. Avec les yoyos. Alors tu demandes souvent, mais si on te demande, il y a rien : « désolé

, Et ils continuent quand même à te donner ? Ouais. Ouais, il faut qu'ils soient bien avec toi si ils veulent du produit. (Reynald, 32 ans, lieu de formation placement extérieur, une détention, ILS, fin de peine)

, Sa polysémie s'affirme d'abord dans son ambiguïté, résultante de l'incertitude et de l'impuissance. Ses formes diverses sont visibles au niveau de l'aide matérielle et symbolique, ainsi que sur l'impact de ces aides sur le système de relations entre les détenus : normalisation, distinction, Conclusion La mise à l'épreuve du lien social que doit endurer le détenu est donc polysémique et multiforme

M. , Seyler remarquait que l'interférence des normes et des valeurs du monde extérieur avec celles de l'institution carcérale, l'introduction de la valeur argent dans un univers qui l'avait exclue a pour résultat que l'institution n'est plus la source unique de ce qui fait sens dans la vie carcérale : « son caractère total est entamé ». Cependant, elle souligne que le problème qui demeure posé est celui de la distance qu'il est possible de prendre avec le modèle de référence sans cesser d'être une institution totale 336

. Seyler, On rajouterait qu'après tout, si ce n'est pas mus par un sentiment d'accès à la Justice que les délinquants et les prisonniers finissent par rentrer dans l'ordre et acceptent leurs statuts précaires, ils finissent néanmoins, lassés un jour ou l'autre de tant de souffrance, par y rentrer, dans cet ordre ; et qu'ainsi, la prison remplit sa fonction. On renchérirait, heureux de mettre en avant ses lectures, qu'il n'y a pas de société sans violence, sans bouc émissaire, que la persécution » des citoyens, le « durcissement » de certains types de délinquance, le coût économique « inacceptable », en ces temps de précarité et de chômage massif, d'un système pénal axé sur la réhabilitation 339 . Enfin, on réaffirmerait sa foi selon laquelle l, 145. justiciables qu'aux honnêtes gens, et vise simplement, en s'adressant à ces honnêtes gens, à maintenir intacte la cohésion sociale en revitalisant la conscience commune 337, 1988.

«. Ce, Non seulement l'acceptation sans complexe d'une telle misère sociale revêt la valeur d'une « complicité criminelle » avec l'ordre des choses -rien n'est moins neutre, disait Bourdieu, que d'énoncer l'être avec autorité 341 -mais, qui plus est, elle faillit dans ses potentialités d'analyse et de compréhension. Ainsi, il est sans doute préférable de rappeler que Durkheim a omis d'objectiver le Droit comme rapport de force ; qu'il n'y a pas, comme il le croyait, une conscience commune mais des groupes sociaux aux intérêts et conceptions du monde différents, qu'en conséquence la structure sociale est divisée et travaillée par des conflits et des contradictions 342 ; que la prison n'enraye pas la délinquance et ne tient pas à un examen sérieux de ses missions officielles 343

. Girard, , 1972.

C. Garland, ) qui, récemment, a le mieux historicisé le déclin progressif de l'idéal réhabilitatif du système pénal, 2002.

C. Sur-cette-foi, , 1986.

. Bourdieu, , p.19, 1982.

K. Digneffe, , p.117, 2002.

. Mathiesen, sociale n'est pas d'ordre logique mais idéologique 344 ; que, si effectivement, l'enfermement carcéral repose sur des mécanismes symboliques lourds, le sentiment d'insécurité, dans sa conception réductrice, est avant tout le produit d'un « transfert d'angoisse 345 » d'une insécurité existentielle propre à notre modernité tardive 346 et d'un ensemble d'insécuritéstravail, logement, santé -relatifs à l, 1990.

, Pour réformer la prison, les décideurs devront arracher à la rationalité pénale moderne, cloisonnée et profondément pré-politique 347 , le traitement de la crise actuelle, et insuffler, par l'enrayement du processus de désaffiliation 348 et la promotion d'initiatives culturelles et sociales 349 , des réponses en termes de politique générale à des problèmes qui relèvent de la politique générale. Insistons : loin de produire de la cohésion sociale, le système pénal peut, à l'instar des Etats-Unis, participer à la déliquescence du tissu social, à sa métastase 350 . Enfin, sans entretenir d'illusion quant à la capacité de progrès d'une société -quel observateur du XX e siècle peut-il encore croire, sans douter au moins un peu, au progrès ? -, il faut réaffirmer qu'il est indispensable de faire « comme si

. Barrata, , p.240, 1999.

. Bauman, , 1998.

. Beck, , 1986.

. Pires, , p.186, 2001.

. Robert, , 1999.

. Vanneste, , 2001.

, Unis arrivent en tête des pays incarcérateurs, avec un taux d'incarcération de 686 personnes pour 100 000 habitants. M. Comfort (2003) a décrit comment l'épidémie d'incarcération qui balaye les Etats-Unis s'accompagne d'une « incubation massive » de différentes maladies infectieuses -hépatites et V. I. H. principalement -dans les centres de détention, et pourrait causer, d'ici quelques années, des problèmes de santé publique majeurs, 2000.

K. Digneffe, Par régression historique, nous entendons un changement qualitatif du système pénal dans le sens d'une réduction toujours plus grande de la personne justiciable à son infraction. Les three strikes and you're out, procédures de prononcés automatiques de peines de prison perpétuelles après une double récidive, forment assurément, vol.124, 2002.

, Ces critiques sont « monotones » en ce sens qu'elles se reproduisent quasiment à l'identique à travers les époques. Elles s'énoncent ainsi : « les prisons ne diminuent pas le taux de la criminalité », « la détention provoque la récidive », « la prison ne peut manquer de fabriquer des délinquants », « la prison favorise l'organisation d'un milieu de délinquants », « les conditions qui sont faites aux détenus libérés les prédisposent à la récidive », « la prison fabrique indirectement des délinquants en faisant tomber dans la misère la famille du détenu 352 ». Il faut ici constater à quel point les différentes observations menées tout au long de notre étude montrent l'actualité des différents pans de cette critique récurrente, M. Foucault a constaté que la critique de la prison pénale moderne est composée de six constatations qui, ensemble, dénoncent « l'échec » de la prison quant à remplir les fonctions qui lui sont officiellement assignées

, et celui qui désire néanmoins travailler est alors amené à s'inventer un passé ou contourner les interdictions légales. Les coûts sociaux du parloir, ensuite, tels l'accès difficile aux prisons, entraînant des pertes d'argent et de temps pour les familles, les humiliations de toutes sortes, par-delà les murs, pour le visiteur et le visité, l'absence d'intimité, les relations sexuelles honteuses, volées à l'institution. Le fonctionnement actuel du parloir et, plus globalement, la mise à mal des liens familiaux participent activement à la production, tout comme les trous biographiques produits par des temps de détention trop longs et/ou trop nombreux, bouchent les horizons professionnels

, qui assurent, en prison, la mise en place de complicités futures ; l'apprentissage de techniques délinquantes en détention, qui permet le développement rapide de carrières dont l'une des dynamiques est la recherche d'activités moins punies et plus rentables ; l'incorporation d'un hexis corporel délinquant qui seul permet de ne pas devenir une proie en détention et, en conséquence, de « ne pas avoir peur de revenir ». La prison, Rappelons aussi les phénomènes de connexité délinquantes

, Il faudrait encore rappeler la misère carcérale, l'appauvrissement consécutif à l'incarcération, redoublé par l'absence de droit du travail en détention, les maladies liées à l'enfermement, les atteintes au corps, les soins au rabais, l'hygiène douteuse, les frustrations sexuelles, les tentations suicidaires? Il faudrait rappeler tout cela, mais peut-être est-ce assez, le constat sociologique central s'impose. Il ne suffit plus d'affirmer que l'institution n'est pas ce qu'elle prétend être, mais aussi et surtout qu'elle ne peut pas être ce qu'elle prétend être. La personne désireuse de faire évoluer les choses devra

, Initiative, marge de manoeuvre et injonctions contradictoires : la perversité de l'institution

, Avant d'explorer les conditions d'un éventuel changement historique, poursuivons l'analyse du coeur de la spécificité de la maison d'arrêt : sa perversité institutionnelle. Si l'expression peut paraître rapide, exagérée, déplacée, c'est qu'il faut effectuer un petit détour conceptuel pour en examiner ce qui fonde, selon nous

, comment peut-on échapper à la fois au misérabilisme, qui réduit l'analyse de la situation aux mécanismes de domination sociale qui la constituent, ainsi qu'à son contraire, le populisme, qui met l'accent à la fois sur les capacités « héroïques » de résistance des opprimés et sur leurs choix propres, c'est-à-dire analysables pour euxmêmes, comme des univers autonomes de significations ? Du point de vue de l'institution, la question pose de front une ambivalence interprétative : doit-on analyser l'ensemble des relations au sein de la prison comme participant à la finalité de l'institution, Nous posions, en introduction à cet essai, une interrogation épistémologique : lorsqu'on se donne les moyens de penser la prison

. Foucault, , pp.308-312, 1975.

, Concernant les pratiques sexuelles homosexuelles en prison, par exemple, il est frappant de constater que certaines recherches ne peuvent la concevoir que comme une sexualité de substitution 353, sociologues ont parfois du mal à dépasser ce dilemme, au risque d'apparaître terriblement réducteur

, L'approche finaliste se concentre sur les dimensions de séquestration de l'existence du fait de la séparation de la vie sociale, et, en conséquence, réduit parfois arbitrairement la richesse du réel aux seules situations d'expulsion et de mise en marge 355 . Ainsi, par exemple, une analyse de l'utilisation du concept d'instrumentalisation dans les pratiques pénales 356 a fait apparaître pluralité fonctionnelle des usages. Selon cette version-ci, misérabiliste, la « drogue

, A l'inverse, l'interactionnisme réducteur risque de sous-estimer ce qui crève les yeux, un rapport de domination brutal, pour se concentrer sur une micro-analyse qui euphémise trop le coeur des réalités qu'il observe. Selon cette version-ci, populiste, la drogue permet de prolonger, au-delà des contraintes carcérales, un mode de vie choisi

C. Grignon and J. Passeron, ont montré comment le sociologue se devait

. Marchetti, , 2001.

. Welzer-lang, , 1996.

. Martuccelli, , p.296, 2001.

. Kaminski, , 2001.

P. Grignon, , 1989.

, On se souvient de Julien, qui, privé quasiment de tout, en isolement prolongé, enchaînant longue peine sur longue peine, nous affirmait, tel un cri dans le noir, « je suis un homme libre ». On se souvient également de la coexistence ambiguë, chez les détenus « professionnels », de la rhétorique de la « vie formidable » d'un côté, qui met en avant les plaisirs d'une vie hors-norme : le sexe épanoui, la « défonce » ludique, l'argent qui coule à flot comme il part en fumée, l'adrénaline sans équivalent, et, d'un autre côté, la rhétorique de la « voie sans retour », qui souligne les stigmates et l'incapacité objective à rentrer dans le droit chemin, bref qui dénonce le cadre carcéral qui surplombe l'existence. La consommation et le trafic de drogue sont, discours, de la coexistence des dénonciations des souffrances et incapacités produites par l'enfermement, et, simultanément, de l'affirmation de l'irréductible capacité d'initiative de l'acteur

, Son projet s'ancre toujours dans une situation, mais l'individu est toujours plus, ou moins, que la situation. Par définition même, l'individu l'inverse, les marges de manoeuvre sont produites par la situation et l'institution elles-mêmes. L'approche de Goffman, dans Asiles 360 , permet d'approcher le concept : l'hyper-empirisme et la description pointilleuse des micro-situations de la vie quotidienne dans l'institution totale n'est éclatée qu'en apparence : c'est en réalité la structure même de l'institution qui permet de donner sens à ces faits parcellaires isolés. Les marges de manoeuvre de l'acteur, dépersonnalisé par l'institution, ne sont envisagées que dans les failles des contraintes carcérales : elles ne sont, au bout du compte, que des « réactions » aux contraintes. Le sujet, le self, n'existe que parce qu'il est branché en situation

. Martuccelli, , p.121, 2001.

. Ibid, , p.168

. Goffman, , 1968.

, Nous nous appuyons ici sur la lecture de Goffman par Castel. Voir Castel, 1989.

, Nous avons décrit par exemple, en reconstruisant les trajectoires d'engrenage, les processus d'asilisation, de déculturation et d'incarcération volontaire ; nous avons également décrit, en approchant la nature du temps carcéral, l'adaptation « fidèle » à l'institution, lorsque le détenu épouse les contraintes carcérale, réduit son monde social entre quatre murs, et finit par « robotiser » ses activités au point d'affirmer « ne plus penser ». Ces deux exemples constituent des formes abouties, épurées, de la réduction de l'initiative à la marge de manoeuvre, ils indiquent ces situations où le « moi » devient totalement structuré par l'univers carcéral ; ici, les vices et les ruses de la vie quotidienne ne vont en aucun cas au-delà de l'ordre carcéral, elles n'en sont que le produit. En réduisant l'initiative à la marge de manoeuvre, la prison, chape de plomb existentielle, recouvre petit à petit l'ensemble des activités quotidiennes pour les engloutir dans son propre néant, Cette distinction ainsi posée, l'institution carcérale peut être définie comme celle qui tend, infiniment fois plus que les autres, à réduire l'initiative à la marge de manoeuvre. Selon les ressources sociales et symboliques des acteurs, cette réduction est parfois partielle

, Là réside une part, pour le moins cruel, du châtiment carcéral, mais la perversité n'est pas là

, ou, plutôt, pas seulement là

. En, de cette mise à mal de l'individualité et de la réduction des capacités d'initiative, et, d'un autre côté, de l'affirmation de la responsabilité individuelle consacrée par l'appareil judiciaire, de l'injonction au « travail sur soi », à la « construction de projet » et « l'arrêt des bêtises » tentés par les travailleurs sociaux pénitentiaires, qui laissent entrevoir les ressorts spécifiques de cette perversité

. Indépendance, autocontrôle et expressivité constituent la tétralogie de l'individu moderne, lui permettant d'entretenir l'illusion de se tenir de l'intérieur (Martuccelli, 2002.

, L'interprétation des affirmations récurrentes des détenus selon laquelle ils ne sont plus traités comme des « êtres humains », mais des « numéros », des « chiens » doit s'inscrire au coeur de cette mise à mal, qui dépasse donc largement les abus de pouvoir et attitudes vocifératrices de quelques surveillants, il est démuni des ressources sociales et symboliques pour réaliser cette sommation

, bien pointée par la sociologie générale, qui traverse l'ensemble du champ social : ceux qui disposent le moins des moyens pour se responsabiliser et prendre en main leur existence sont également ceux qui sont le plus soumis à cette injonction 363 . L'ironie du sort est que ce processus qui traverse l'ensemble du champ social, et, à ses extrémités, la prison, se reproduit à l'intérieur même de la détention ; c'est d'ailleurs là une des sources majeures de la production des inégalités entre détenus. In fine, le processus de réduction et de persistance simultanée de l'initiative permet donc de comprendre comment la prison reste, de par son caractère mortifère 364 , pathogène 365 , atomisant 366 , violent, sécuritaire et guerrier 367 , une institution totale, mais également comment elle ne dépersonnalise pas pour autant les détenus et ne fait que transposer, voire exacerber au coeur de la détention, les inégalités sociales et les capacités d'initiative différentielles à l'oeuvre à l'extérieur de la prison. Le caractère heuristique de ce déplacement du regard, d'une sociologie de la prison vers une sociologie de l'expérience carcérale, tient au fait qu'il permet de mieux décrire et comprendre la grande diversité des expériences carcérales -quoi de commun entre l'expérience d'un détenu « politique » basque, d'un toxicomane, d'un pédophile et d'un militant syndical médiatique ? -au sein d'un cadre conceptuel néanmoins unifié. On peut alors décrire, d'un même geste, les caractères infantilisants, déstructurants, aliénants et dépersonnalisants de la réclusion carcérale et l'

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, au sens d'une sorte d'irresponsabilité statutaire que les philosophes s'octroient, une sorte de droit-devoir de rupture, de transgression des normes du bon sens qui peut prendre dans certaines conditions une tournure politique 368 . La nature de ce radicalisme, chez M. Foucault, visait non pas à proposer des réformes du système pénal et carcéral, mais plutôt à dire l'insupportable, à rendre l'insupportable audible. Il ne s'agissait pas de proposer une prison idéale, ni même de suggérer une réforme, mais de faire des missions contradictoires qui lui sont assignées, la suppression pure et simple de la prison, dénoncée comme souffrance stérile 370 , a régulièrement été évoquée et réclamée 371 tout au long des années 1970 et 1980. Encore aujourd'hui, les prisons restent l'objet de quelques critiques radicales 372 , et, Surveiller et punir, par exemple, s'inscrivait dans le cadre d'un radicalisme intellectuel

. Cependant, crime ont poussé la plupart des chercheurs à amoindrir la portée générale de leurs critiques : l'inflation carcérale, le renforcement du panel punitif, le déclin progressif de l'idéal réhabilitatif, le retour à une justice expressive, la nouvelle rhétorique populiste ancrée sur un perpétuel sens de la crise 374 , ont réussi à rendre, semble-t-il, le discours abolitionniste quasiment inaudible. La recherche critique n'est plus mue par une euphorie théorique radicale, elle est plutôt, guidée par un principe de réalité

, Lutter contre la surpopulation carcérale 375 , réduire la pénibilité de l'enfermement, promouvoir les libérations conditionnelles, réduire les durées effectives de détention, p.15, 1996.

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. Garland, criminalisation de la misère, résister au pendant pénal du néo-libéralisme, faire entrer le Droit en prison, amoindrir les ruptures familiales consécutives à l'incarcération, toutes ces revendications, légitimes, se sédimentent néanmoins en ce sens qu'elles semblent de moins en moins unifiées autour d'une proposition de réforme de portée générale. Quoi qu'il en soit, l'objectivation de cette trajectoire critique, d'un radicalisme intellectuel vers une optique pragmatique de résistance, 2002.

. D'un-côté and . Chercher-À-faire-de-la-prison-un-espace-de-droit, est entériner l'existence d'un espace carcéral qui souffre d'un grave déficit de légitimité, accepter le maintien d'un système pénal qui repose sur une privation de liberté qu'on peut juger contraire aux droits de l'homme, accepter la violence d'une logique discriminatoire qui gère l'exclusion (?) de l'autre, refuser toute réforme de la prison, c'est s'empêcher de penser le développement d'un droit de l'exécution des peines, source de garanties, de protection et d'améliorations véritables pour les détenus confrontés

, Il faut, aujourd'hui, réussir à extirper de ce dilemme une nouvelle dynamique historique

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, recherche de légitimité d'une institution en mal de reconnaissance 378 , légitimité qui permettrait d'évacuer une nouvelle fois les questions de son sens, de son utilité et de son « échec ». Tant que les artisans de la réforme n'incluront pas cette nécessaire poussée du droit en détention dans une remise en cause plus globale de la structure sécuritaire de la prison, et, en amont

, Pires 379 a montré qu'actuellement, le système juridique tient compte de l'évolution de la morale dans la société, mais d'une façon particulière ; en effet, il ne modifie pas sa vision morale de la sanction, mais seulement la distribution du quantum de souffrance pour l'ajuster à la nouvelle pondération des normes. Par exemple : « plus on valorise les animaux, plus sévèrement on doit réprimer celui qui les maltraite ». Une distinction précieuse entre normes de premier ordre, telle la liste des crimes, et normes de second ordre, telles les normes de sanction, normes de procédure et normes générales de cadrage du programme qui constituent le droit pénal général, permet de comprendre la nature des véritables changements de régime de droit pénal. Le véritable changement de régime dans le droit pénal du XVIII e siècle a résulté d'abord d'une profonde modification des normes de second ordre : rejet des supplices, nécessité d'encadrer légalement les sanctions, abolir les secrets de procédure, etc. Il faut donc réussir à interroger, d'un triple point de vue sociologique, socio-politique et moral, la compatibilité de la normesanction-prison avec l'exigence démocratique

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L. Manche,

, Conclusion, vol.86

, Chapitre 2 Professionnalisation : réaffiliation, carriere

. /-l',

, La construction d'une « groupalité » délinquante____________________________________ 90 1.1.1 Triptyque vicieux ________________________________________________________ 92 1.1.2 Sortir de la galère : le deal d'enrichissement ___________________________________ 95

/. Le,

, Diversité des formes d'investissement ___________________________________________ 104 2.2 Un métier de choix ? _________________________________________________________ 111 2.2.1 Une vie formidable ______________________________________________________ 111 2.2.2 Une voie sans retour _____________________________________________________ 117

, L'analyse de sa propre condition _______________________________________________ 120 2.3.1 De la criminologie spontanée ______________________________________________ 120 2.3.2 Politisation et révolte ____________________________________________________ 123

. /-«-leurs, Le transfert en ligne de mire ____________________________ 133

, Le temps inutile de la maison d'arrêt ____________________________________________ 134 3.2 Temps long et « tourisme

, Conclusion, vol.146

, Chapitre 3 La chute : ruptures, enfer, p.149

, Introduction _____________________________________________________________ 149

, / Vers l'incarcération ____________________________________________________ 151 1.2 Un parcours de désignation chaotique _________________________________________ 151 1.1.1 La phase familiale : conflits sur l'existence du délit _____________________________ 152 1.1.2 Enquête policière et diffusion de l'information ________________________________ 155 1.1.3 La phase carcérale _______________________________________________________ 159

, 3 (Re)constructions du passé __________________________________________________ 161 1.2.1 Le bon vieux temps ______________________________________________________ 161 1.2.2 Mystère et polissage de l'horreur ___________________________________________ 163

, / La détention entre moratoire et enfer ______________________________________ 166

, Enfer et hallucinations _______________________________________________________ 166 2.2 Moratoire : l'épreuve judiciaire à l'horizon _______________________________________ 167 2.3 Le fantasme du futur _________________________________________________________ 169

. Survivre,

, Compter les pertes __________________________________________________________ 171

, 2 Liberté provisoire et peine sociale : l'épée de Damoclès _____________________________ 174

. Seconde, L. Le-temps, L. E. Ordre, and . Lien, Conclusion ______________________________________________________________ 176, p.180

, Chapitre 4 La mécanique du temps vide ___________________________________ 183

/. La and «. Fidélité,

/. ,

, / Actions collectives et résistances individuelles : le temps arraché _______________ 192

, Des actions collectives illégales ________________________________________________ 193 3.2 Résistance psychique, résistance physique : la recherche d'une « tenue de l'intérieur

, La résistance atomisée : l'atteinte au corps _______________________________________ 197

, Rêves d'envol et fantasme institutionnel : le temps refusé _____________________ 198

, Conclusion ______________________________________________________________ 200

V. Chapitre and . Négocié, paix armee et structure de domination ____________ 203

. Le-stratège,

, Négocier avec les gradés _____________________________________________________ 211

, Des privilèges multidimensionnels ______________________________________________ 213

, Prendre une part active dans la régulation des tensions et le contrôle des détenus __________ 218

. Le-tacticien,

, Le lest et le vice ____________________________________________________________ 221 2.2 Les registres d'interaction ____________________________________________________ 225

, Le mitard : menace, sanction, élasticité __________________________________________ 230 2.4 Le pouvoir en changement ? ___________________________________________________ 232

. Le-soumis, 234 3.1 Identifications ______________________________________________________________ 238 3.1.1 L'isolement des pointeurs : une protection qui stigmatise ________________________ 238 3.1.2 Dynamiques du who's who ________________________________________________ 240

, 242 3.2.1 Gestion de territoire : l'espace replié ________________________________________ 242 3.2.2 Violences, rackets, p.244

, Conclusion ______________________________________________________________ 245

, Chapitre 6 Murs étanches, murs poreux ___________________________________ 248

. Le-lien,

, Le parloir entre réconfort et humiliation __________________________________________ 250 1.1.1 D'un monde à l'autre ____________________________________________________ 251 1.1.2 Tabous _______________________________________________________________ 255 1.1.3 L'information « libérée, p.256

, Le courrier : « la petite évasion

. /-l', extérieur absent : de l'incertitude à l'impuissance _________________________ 261

, Mais que font-ils dehors ? ____________________________________________________ 261 2.2 Souffrances ________________________________________________________________ 263

, Impuissance(s) _____________________________________________________________ 264

/. Présent, ressources matérielles et symboliques ___________________ 266

, L'effet ciseau de la détention __________________________________________________ 266 3.2 La consommation : normalisation et distinction ____________________________________ 268

. Le-trafic-de-drogue, une ressource « en or

, Conclusion, vol.274

, Conclusion générale : inertie et changement, par delà les murs ________________ 275

«. ,

, Critiques (monotones) de la prison ______________________________________________ 278

, Initiative, marge de manoeuvre et injonctions contradictoires : la perversité de l'institution __ 279

, Dilemme des prisons et dynamique historique _____________________________________ 284