. Donc,

T. Des and . Fait, Ça fait, dans l'école, je partais? Au début, mon beau-père au début il m'amenait en voiture, parce que c'est loin, moi j'habite à R., l'école est en Belgique, ça fait que mon beaupère au début il m'a emmené, mais il est vieux, il a mal à un pied, il peut plus marcher, parce qu'il a fait la guerre, il a des trucs à son pied, il peut pas marcher, donc il pouvait plus rouler en voiture, peut plus m'accompagner. Et moi je ne savais pas lire, des trucs comme ça, des éducatrices, après j'étais au foyer, je suis resté un an et ½ je crois, après je suis retourné chez moi, à cause des histoires de vol et tout

, De l'école à la maison, de la maison à la rue, la ligne transgressive de Nordine s'intensifie, sans que les éducateurs ne parviennent à le canaliser

«. , Trois, quatre jours après, je vais pas savoir, les jours, je les retiens pas dans ma tête. Ils disent que je veux pas venir, mais en fait, j'oublie mon rendez-vous. Je les oublie, des fois je suis dehors à traîner avec mes copains, j'oublie. Et quand j'arrive chez moi, on me dit : "t'as oublié le rendez-vous", je vais faire quoi ? Je peux pas revenir en arrière, j'oublie, après ils disent que je veux pas travailler avec lui

, On était en marche arrière, moi je descends, il me dit : "tu prends la caisse", lui il braque, moi je vais, la caisse, il me dit : "elle est là-bas". Moi je vois des billets comme ça, posés, je les ai pris, je les ai mis dans le sac. Je suis sorti, je suis monté dans la voiture, on est parti, on a partagé l'argent, je suis rentré chez moi, il m'a déposé, je suis rentré, il est parti. Je sais pas où il a posé la voiture? la police l'a cramé, je sais pas. Moi je sais pas, il m'a posé chez moi. Moi, j'ai rien fait de mal moi en fait, je me suis réveillé, il me dit que je suis complice. Moi j'ai pas d'argent, pour ça, il me donne de l'argent, La première étape du récit de Nordine, par ailleurs très loquace, s'achève sur le récit de l'affaire pour laquelle il est incarcéré : vol avec violence en réunion et conduite sans permis « Il y avait vol de voiture, p.233

. Sociabilité-de-sa-copine, qu'elle traîne avec les « putes », source potentielle d'« ennuis » pour elle, et de tromperie pour lui. Les nouvelles du parloir ne sont pas bonnes, et Nordine décide, par courrier, de mettre un terme à la relation

. Ma-copine, Je lui dit : "traîne avec personne", après elle m'écoute pas, après je l'ai laissée, après elle est venue, elle est partie pleurer chez ma mère, je lui ai dit : "mais tu m'écoutes pas", après je lui ai laissé une chance, après je suis venu ici, après mon frère, il m'a dit qu'elle traînait avec elle, après je l'ai quittée, après? Elle est partie pleurer chez moi, sa mère, elle m'a écrit une lettre, ma mère m'a dit : "tata, tata", après je me suis remis avec elle, je lui dit : "je te laisse une dernière chance", après mon frère ou quelqu'un me dit que t'as fait quelque chose, Je connais les meufs, avec qui ils vont, avec qui ils traînent, je les connais bien, c'est des putes, comment dire? c'est des putes

, Comme d'autres également, il dispose du « code » qui lui permet de regarder la télé après 23 h 00 : « En cellule, tu fais quoi ? Je regarde la télé, j'écoute de la musique et je fais des dessins, il y a que ça à faire. C'est des films que je suis, comme, je suis la roue de la fortune, des trucs comme ça? Tu as tellement l'habitude que tu sais à quelle heure ils commencent, à quelle heure ils finissent, Nordine regarde massivement la télé. Comme d'autres

, L'illettrisme en détention constitue un lourd handicap, car le courrier est le support principal de maintien des liens familiaux. S'il ne permet pas de trouver la chaleur du face à face direct au parloir, il est néanmoins moins soumis aux aléas (« Comme là j'ai pas eu de parloir, je pète un câble »). L'apprentissage progressif de la lecture

. «-l'école and . Fait, En plus il y a des mots, je savais même pas ce qu'ils voulaient dire, on m'a appris". (?) Ma mère, ma copine, elles m'écrivent des lettres. Alors je prends des mots, et j'essaie de faire des phrases, parce que je ne sais pas écrire. Je lis tout doucement, et j'arrive à lire des fois, je prends des phrases, je prends des mots. Quand il y a du courrier que j'arrive pas à lire, je demande aux éducateurs, comment il s'appelle, le surveillant, ou le copain à côté de ma cellule. Sinon quand j'écris une lettre que j'arrive pas à écrire, je donne des feuilles à côté de ma cellule, je dis quoi écrire et il écrit en fait ». Les relations avec les surveillants, elles, sont décrites comme fluctuantes : tel surveillant est « bien, » tel autre est un « bâtard » ; tel surveillant peut accorder telle faveur, mais le vendredi je vais là-bas, on fait un jeu, là, le "mille mots

. Ça, Après tu demandes un truc, des fois, quand tu demandes du sel, il y en a qui disent : "non, j'en ai marre de faire passer

, Si l'apprentissage de la lecture est décrite par Nordine comme un élément positif de sa détention, ses descriptions sont néanmoins explicites : les activités servent à tuer le temps, ne parviennent pas à tromper l'ennui, ni l'angoisse qui empêche d'avoir un sommeil de qualité

. Des, Quand il finit, faut que je me lève, ça fait?je suis bien moi quand je regarde le film, mais quand le film finit, faut que je me relève, ça dépend, quand le dessin est bientôt fini, je le finis, sinon je range tout et après je dois préparer mes affaires pour le lendemain matin. Après je prends une douche, chaude, je dors direct, tellement je suis fatigué, j'ai bougé, je fais tout ça, après je suis mort, surtout le jeudi, après le sport, je cours partout, ça fait un peu de sport, après, je ne prends pas ma douche, je vais dans ma cellule, je fais des pompes, après j'attends la promenade, je vais là-bas, je prends l'air, après je vais dans la salle de sport, je fais un peu de sport encore, après je prends ma douche, après je reste dans mon truc, j'attends la gamelle, je regarde la télé, quand la gamelle, faut que je vois la 6 parce que le film commence. Je mets la 6 direct, je regarde le film, je sais pas, après, quand c'est la pub, je fais des dessins, des fois je nettoie le vite fait. Ça dépend, des fois, je demande?des fois ils me réveillent pour aller à l'école et moi je voulais me lever pour nettoyer, mais ils me disent d'aller à l'école, mais c'est le matin, des fois l'après-midi, je demande pour nettoyer ma cellule, ça dépend. (?) Je m'ennuie, je vois qu'il fait bon dehors, Quand un film commence, je pose tout sur la table, je m'allonge, je regarde le film

. «-je-veux-absolument-m'en-sortir-quoi?-mais, Et si elle me dit, je te remets un mois, je ne sais pas ce que je fais quoi, franchement je ferai quelque chose de pas bien. (?) Je vois que, vraiment, la juge, elle avait raison quoi? C'est un milieu pas apte pour moi et? Puis voilà quoi. Mais maintenant, je me disais qu'enfermé dans un foyer, et je vois bien que maintenant, en prison, oh la la, oh la la (le ton du jeune s'emballe) je suis enfermé quoi? Ça fait que j'espère maintenant qu'elle me laissera ma chance quoi? Pour repartir dans un foyer, puis apprendre des nouvelles bases quoi. Je pourrai trouver un contrat en apprentissage, j'aurais des droits de sortie, des heures de rentrées? Je veux dire, j'aurai des règles, pour bien repartir droit quoi. Donc? Voilà quoi. (?) Maintenant qui dit qu'elle va me croire ??? Je lui ai expliqué deux, trois trucs mais je veux dire, je n'arrive pas à tout sortir. Parce qu'en fait, je n'arrive pas, en fait, à m'exprimer avec tout le monde en fait. Je veux dire, je m'exprime bien avec vous, avec Michel (éducateur) je m'exprime mais? Pas dans le même? dans les mêmes circonstances et vous voyez, j'ai du mal? Je sais pas en fait

, Moi j'irai là-bas, je me disais : putain je vais avoir du shit, je vais faire ça, je vais faire ça, je vais faire ça, Je dis : "ben moi c'est parce que? vas-y, vas en prison et tu verras. Vas-y juste un mois et tu verras

, Au plan élaboré par son médecin, Jonathan préfère suivre les conseils de ses pairs : arrêter d'un coup plutôt que progressivement

«. Fait, Je lui ai dit que ouais, il m'a fait tout ça. J'ai été chez mon copain, mon copain m'a fait : "vas-y faut que tu arrêtes ça", il m'a dit tu arrêtes ça, "ce soir tu prends la moitié d'un sac", je devais prendre beaucoup plus ! J'ai pris la moitié d'un sac, je me suis couché et le lendemain, il voulait me le rendre et tout, impérativement et tout, j'ai dit : "non j'en prends plus". Je bégaie avec ça, je peux rien faire, "je préfère fumer trois joints" je lui ai dit ! Et puis bien être tranquille et puis posé? pour dire que ma conscience elle soit pff ! Tranquille mais ça c'est pas possible quoi. Donc je suis rentré ici, le lendemain j'ai arrêté. J'arrivais pas à dormir? pendant que le veilleur il venait à cinq heures du matin, j'avais les yeux ouverts comme ça, Tu continues pendant un an, à tes 18 ans tu es un toxicomane, tu es comme ça !" (rire)

, Jonathan développe ensuite un discours typique du sortant de prison : la prison l'aurait « calmé », jamais il n'y reviendra. Par ailleurs, en cas de rechute délictuelle, sa haine de la prison le pousserait à échapper à la justice par tous les moyens possibles. Jonathan a en effet une peine de 1 an et trois mois de prison avec sursis sur la tête

, « Moi ce que ça me change directement c'est que ça m'a calmé cash ! Ça m'a fait comprendre en fait

. Il-aurait-fallu-que-j'y-aille-avant-en-fait, . Avant-en-fait.-c'est-Ça-en-fait-pour, and . Moi, Je peux plus, faut que j'arrête mes conneries, c'est fini, je peux pas revenir là. C'est cash ! Là on parle prison, dans ma tête je me dis c'est pas possible? là on me dit je vais prendre un an et trois mois ouf? j'espère que la police ils seront partout partout, à chaque coin de rue? je m'en vais trop loin ! (rire) c'est cash ! Même si j'ai pas un centime dans mes poches, je vais au plus loin possible mais trop trop trop loin. En Algérie, je sais pas où? ! Et je vais loin ! Je vous jure que c'est vrai. Là je risque un an et trois mois quoi, si je vous dis je vais me faire prendre avec un dix euros de shit ou? Un truc que je vole, un petit truc ou? genre un magasin je vole un livre ou quoi, je prends un an et trois mois. J'ai plus le droit à l'erreur quoi. Déjà vous vous imaginez trois mois làbas comment j'étais ?, p.250

, Désormais à l'aube de sa majorité, et capable de se défendre : rappelons que le parpain envoyé à la tête de son oncle a assez gravement blessé ce dernier. Cet événement fait rupture dans sa ligne familiale, il y a désormais un avant et un après. Avant, le piège violence/incapacité à porter plainte

«. Je, En plus j'ai fait de la prison c'était pour de sa faute. Il me battait tout le temps, et puis moi je pouvais rien faire, comme j'étais tout le temps en fugue, je pouvais pas appeler la gendarmerie, comme j'étais en fugue. Si je suis en fugue et j'appelle la gendarmerie il va m'arriver quoi ? Je vais en garde à vue. Tant que je suis en garde à vue je peux pas porter plainte. Et tralala et tralala? et puis quand j'arrive là-bas je peux pas porter plainte. Alors ça fait quoi ? Chaque fois je l'avais dans le cul en fait. J'esquivais, il me jartait? et puis lui il appelait la gendarmerie il disait que c, Je suis arrivé là-bas? il a voulu me regarder en fait

, En attendant de trouver un stage, la vie de foyer est caractérisée par l'oisiveté et l'ennui

. «-je-m'habille, On fait quoi en bas ? Rien. On s'emmerde on va faire quoi ? C'est ça ! Ça j'aime pas par contre, je sais pas ça c'est? le peu que c'est ça, ça me prend tout là. Parce que je suis deg', je suis zaraf', au lieu que je sois dans ma chambre posé tout ça, on veut me faire aller en bas pour rien ! Pour faire ça? ça sert à rien ! Pour ça là j'ai un travail, au moins je vais faire quelque chose. Ça me saoule d'être là à rien faire. Des activités on n'en a pas beaucoup quoi, à part piscine. Là aujourd'hui, on va faire une activité parce qu'on est mercredi je crois. Sinon la semaine, comme tout le monde il est à l'école, nous on peut pas aller en activité

, Le stage en boucherie, qui commencera quelques jours après notre seconde rencontre, ouvre toutes les perspectives : remplir son CV, travailler, avoir une « bonne conduite », et même, plus tard, se retrouver en situation sociale d'avoir une passion extraprofessionnelle

, « Là j'ai trouvé un? comment ça s'appelle, un stage. Pour déjà avoir quelque chose sur mon CV

, Je sais comment tu fais les saucisses tout ça. Les saucisses merguez? Plein de trucs comme ça quoi ! Je commence lundi d'après. C'est pour que ce soit écrit sur mon CV. Après, peutêtre si il veut me donner quelque chose mais ça m'étonnerait quoi. Comme c'est dans une grande surface. Mais après si je travaille chez un particulier ou quoi, peut-être il va me donner quelque chose quoi. C'est si ils veulent en fait. Il me faut 2-3-4 trucs sur mon CV moi je dis en fait. Le temps d'apprendre tout ça, parce sépare des proches ; le labeur d'un travail mal payé de l'autre, qui ne permet pas de « vivre » de l'autre : « Mon état d'esprit, c'est, en sortant d'ici, changer, travailler, me mettre dans le droit chemin, parce que les conneries ça dure qu'un temps, ça me prend la tête, ça fait du mal à ma famille et ça j'en suis conscient. Parce que la prison, c'est ennuyant. Quand les juges ils pensent que la prison c'est dur, c'est pas si dur, le plus dur c'est de pas avoir de liberté, pas voir la famille et pas sortir quand on veut. (?) Me passer de l'argent facile, ouais, En boucherie à Match, 3 semaines. Et puis ben après je vais avoir un contrat d'apprentissage quoi. (?) Sur le moment ils vont faire un petit peu gaffe, ce que je fais pour la caisse et tout ça, mais moi je sais que voilà, je galère à avoir un boulot

, Jean s'apprête d'ores et déjà à devenir majeur en détention. De la même manière qu'il avait une connaissance pré-carcérale de l'organisation du quartier mineur, il connaît l'organisation de prisons majeures, du moins assez pour savoir où il aimerait bien être transféré

, Plein de jeunes m'ont expliqué, mon frère il m'explique et tout, c'est pas pareil du tout. Les différences déjà, il y a moins de trucs, les surveillants, ils sont moins cool qu'ici. Parce qu'ici ils sont cool. Là-bas, ils ouvrent ta porte, ils ferment ta porte c'est tout. Après, il y a plein de trucs, déjà là-bas, les bagarres, ça n'a rien à voir avec ici

. Ici, Si je suis encore là majeur, majeur à D., j'irai à D., direct, ici, pas la peine, je vais devenir fou si je suis majeur ici, il y a rien à faire. Si par exemple je vais ici, chez les majeurs, je ferais une demande de transfert directement à D. Je suis là, en arrivant

, Je suis parti en vacances, je suis revenu, je suis parti chez ma copine. J'ai fait un peu d'argent, dehors, quand je suis ressorti. Pendant deux semaines à peu près. Pour pouvoir partir en vacances bien, passer des bonnes vacances. C'est un peu à cause de ma copine, que je suis parti du foyer. Elle me disait tout le temps : "on va en vacances, on va en vacances"? De toute façon, il valait mieux tomber maintenant, sinon, ils m'auraient fait retomber au jugement. Je préfère tomber maintenant, je fais tout maintenant, après c'est bon. Je suis resté trois mois sous mandat d'arrêt. Sur la fin, ils passaient chez moi tous les matins. Tous les jours j'allais chez moi? Ils savaient, mais je sais pas? Ils ont fait durer le plaisir. Parce que je les rendais un peu fous, quand même, je me suis amusé avec eux. Ils me voyaient, j'étais à moto, je m'amusais avec eux, je faisais des petits délits de fuite avec eux? Quand ils m'ont attrapé, ils m'ont pas fait de cadeau. Ils m'ont tabassé. J'étais avec ma copine et mon beau-frère. Quand je suis arrivé au coin de chez moi, ils m'ont sauté à trois dessus. Au début, ils m'ont plaqué par terre. Moi, je me suis relevé, je savais pas que c'était la police, ça fait j'allais le frapper. Il me dit : "police", je me suis calmé, mais c'est parti en couilles. Ils m'ont frappé. J'ai pas parlé. De toute façon, tu déposes plainte, ils vont avoir raison, ça sert à rien, mis ici. Ils m'ont mis dans un foyer, j'étais à quatre rues de chez moi, ça fait? C'était trop près de chez moi. Je leur ai expliqué, mais ils ont pas voulu comprendre, ça fait? J'ai pas réussi à rester. Au début ça allait, mais près je leur ai dit : "c'est trop près? c'est trop près?", ils m'ont dit : "non?". Moi, je savais

J. , Il décrit à la fois un « bordel » digne d'un « foyer », et, simultanément

«. Pas-une-prison, . Tu, and .. Le, je me levais à midi, à D., à 7 h 30. C'était l'école le lundi, mardi, jeudi, vendredi. Toute la journée. Le mercredi après-midi, je prenais sport et djembé, truc musical, et samedi aprèsmidi, sport et rap. À C., c'était le bordel à l'école. Musique à fond. À D., c'est des vrais profs de dehors. Mais l'école, c'est aussi des trucs bidon. Il y a des évaluations. Moi, j'étais dans le groupe 2. Le groupe 1, c'est des têtes, et le groupe 2, c'est juste après. Je sais lire, je sais écrire. Mathématiques, ça va. (?) Les profs, ils devenaient fous. Ils essayaient de faire leur travail, mais ils devenaient fous. Les mineurs, c'est le bordel. Pas le droit de fumer. Il y en a, ils faisaient semblant de se bagarrer, le prof il venait pour séparer, l'autre il prend son paquet de cigarettes. Ils devenaient fous les profs. C'était vraiment le bordel. Heureusement que j'y suis pas resté

C. and &. E. , Il est resté un mois et demi, je sais pas ils lui ont mis 12 rapports. Les surveillants, ils jouent les grands, ils te provoquent. Je les comprends quand même les surveillants. La nuit, ils passaient, ils se faisaient insulter et tout, ça fait après, ils pètent un plomb. Mais ils se prenaient jamais aux bonnes personnes. À chaque fois, ils venaient voir moi, Mohamed ou Nordine. Que soit disant, c'était nous

, Loin d'être anecdotique, la dimension critique de son récit est centrale : elle vient donner sens à la prison (par sa contre-productivité, ou plutôt son utilité négative), vient forger une sous-culture rebelle

«. Moi, On pouvait faire des CD. Moi, je faisais ça à fond. Ça te permet de faire ressortir ce que tu as en toi. Avec Nordine, on avait fait à peu près 40 chansons. Ils ont fait un CD de 10 chansons, Les autres chansons, ils ont pas voulu les mettre dans le CD

, On disait comme l'État ils nous rejettent nous les jeunes de quartier. Mais avec beaucoup d'insultes, c'est ça qui? On insultait l'État, le France. Moi, je suis Français, je suis fier de mon pays. Mais sale État quand même. Sale gouvernement. Quand tu vois tout ce qui se passe, tu comprends un peu? Le truc que je comprends pas

, Jean découvre le gouffre relatif qui sépare la détention des majeurs et des mineurs. Ici réapparaît l'inscription territoriale de la prison comme variable essentielle pour comprendre l'intégration carcérale. Contrairement à ce qu'il pensait, Jean n'est pas incarcéré dans une prison proche de chez lui, mais à 60 kilomètres de là : il n'est « pas chez lui » : « Ça fait 10 mois, J'ai fait, vol.10

). Ça-change-hein-majeur-!-ici, Si je serais à E., je serais avec mon grand frère en cellule. Normalement, il sort au mois d'août. Et puis il y a des gens que je connais à fond là-bas. Quand je suis parti à l'EPM, je suis passé majeur, je devais aller à C., mais il y a un de mes complices qui y est, donc ils m'ont mis ici ». Par rapport à l'activité intensive qui caractérise l'EPM, la maison d'arrêt est elle caractérisée par l'oisiveté : « Tu te lèves le matin. Promenade. Sport. J'ai fait une demande pour le travail, ça fait deux mois que je suis encore sur liste d'attente ». Si Jean avait décrit le quartier mineur comme « disciplinaire », ses descriptions du régime disciplinaire sont encore durcies. Jean décrit simultanément un laisser-faire insécurisant (drogue, violence?), et une négociation difficile avec les surveillants

. Parallèlement, en contraste avec les prisons traversées précédemment par Jean, la saleté des lieux semblent omniprésente (la maison d'arrêt a plus d'un siècle)

«. Là and . Lui, Ils vient d'être jugé, il va être transféré en centrale. Je sais pas si t'avais entendu, l'agence immobilière qui avait brûlé, il y avait eu 4 morts

, Ça fait plaisir de voir de la famille. Mais ici, ils te donnent pas. C'est leur règlement? Ils sont à l'ancienne ici. Tu demandes le balai, ils te le ramènent pas. Tu peux te tuer, rien. (?) Les surveillants, ça picole sale ici. Ils sont défoncés des fois. Il ouvre les portes à 8 heures du matin, il est défoncé, c'est hallucinant. Mais c'est pas comme chez les mineurs, moi je calcule pas les surveillants ici. Chez les mineurs les surveillants, ils rigolent avec toi, et tout. C'est pas pareil ici chez les majeurs. C'est mieux quand le surveillant, il vient, il discute, Même les surveillants, je sais pas. C'est Alcatraz ici. Ils te voient un peu balader, ils pètent un plomb, ils mettent des rapports, c'est grave. Quand on revient de promenade, on discute avant de rentrer en cellule, il y en a, ils pètent les plombs

. Subutex and . Moi, je sais que je fume mes joints, tranquille. Mais bon, j'ai vu plus de shit en mineur à C. qu'ici. Ici, en promenade, tu fumes ton joint. La promenade, c'est pas comme chez les mineurs

, En promenade, il y a un surveillant au mirador, rien que quand il y a des bagarres, tu vois que c'est pas surveillé comme à C. À C., dès qu'il y avait une bagarre, les surveillants, ils arrivaient tout de suite. Ici, ils arrivent quand tout est fini. Tout le monde est en sang, l'autre, il est par terre. Ils calculent pas ici

L. Dans-ce-contexte and . Fait-de-n, être pas une « victime » en détention n'est plus une évidence : Jean doit gagner son respect, ne pas se faire marcher sur les pieds

. Au, Jeu des regards, après, il y en a un, il est venu, je me suis battu vite fait avec lui, et après ça va. Les gens, ils parlent bien. Parce que il y en a ils sont ici, c'est vrai, c'est leur territoire

J. , Ça peut être terrible. Il y en a ils se prennent des baffes en promenade. Ça se plante? J'ai vu ça deux fois. Une fourchette, et un couteau fabriqué avec une brosse à dent et une lame de rasoir. Moi quand c'est comme ça, je m'en mêle pas? Bon, c'est les deux seules fois où j'ai vu que ça se battait, sinon, c'est calme ici. La promenade, ici

J. Au-terme-de-cette-seconde-rencontre, qui s'apprête à passer plus d'une année encore en détention, est traversé par une profonde ambivalence. D'un côté, l'insertion professionnelle de ses proches, qui lui ouvre des perspectives, et la volonté de soutenir sa mère

«. Avocat and . Sert-À-rien, Pour toute l'affaire, elle prend à peu près 5 000 euros. C'est pas excessif. J'ai reçu mon réquisitoire, donc je passe avant 60 jours. Normalement, ça va aller mieux. Je suis jugé bientôt normalement. Ça va aller vite, un an et demi, deux ans maximum. J'étais mineur. Je m'attends plus à deux ans? Mon avocate elle m'a dit : "maximum 27 ou 28 mois"? C'est pas excessif

, Ma mère elle est malade, elle a du diabète, et elle s'est fait opérer, il y a pas longtemps, un double pontage au coeur, à coeur ouvert et tout. Même ça, ça fait travailler dans la tête? Ma mère, elle le sent que ça va plus mal. C'est un peu de notre faute à moi et mon frère, parce que quand on est dehors, on fait rien pour que ça va. On croit que l'argent ça fait le bonheur, mais ça fait pas le bonheur. Ça améliore le bonheur, mais ça fait pas le bonheur. Là, je suis en détention

. Ancrage, diversification et rechutes délinquantes malgré différents efforts d'insertion forment le coeur du récit pré-carcéral de Jordan

, même je gagnais de l'argent, parce que? L'argent volé ou pas honnête parce que de l'argent en vendant de la came, c'est pas de l'argent honnête. C'est de l'argent où on empoisonne des gens

. C'est-vrai-;-c'est and . Pas?, Pour des vols, pour des bagarres, je suis déjà tombé pour des trafics de stupéfiants. Et ça, ils avaient pas de preuves alors je suis ressorti. Des bagarres, une séquestration. Quelqu'un il m'avait balancé des trucs que j'avais pas commis. J'ai été en garde à vue, et tout. Après, un autre jour, je l'ai revu, il m'a balancé un truc que j'ai fait et je suis venu ici. Et ça, c'était vrai. Je suis sorti, j'ai pris une casserole, une poêle. Je l'ai séquestré chez lui. Pendant 48 heures. Pendant deux jours. Jour et nuit. Il dormait pas. Il dormait, un coup de casserole sur lui, c'est ça. Et? Bon, je regrette quand même, parce que? Mais pourtant, la prison, je la connaissais. (?) J'ai brûlé, j'ai cassé des? Des stations de métro. xxx, vous connaissez ? On a tout détruit la station, Mais après, les gens, s'ils sont d'accord, voilà. Tu prends risques et périls, c'est toi qui prends. Parce que moi, je le dis franchement, moi je vendais de la came, 2002.

, Cette diversité d'activités délinquantes présente deux avantages principaux : d'un côté, « s'éclater » (là, le récit est classique : l'argent permet l'amusement), de l'autre, économiser de l'argent

, Je me rhabillais, je partais en vacances. Des bons plaisirs. J'ai acheté une voiture. Ils me l'ont saisie pour un défaut de permis. Mais c'est au nom de mon grand frère, il va la récupérer. C'est une 406. Mais on est à deux dessus, aussi. Je l'ai achetée avec mon grand frère. On a mis 6 000 euros chacun. 12 000 euros. Mon frère il va la récupérer, on va l'offrir à mon daron

J. , Je me suis éclaté. Ah ouais, j'ai foutu un bordel pendant que j'étais mineur. Mais là, la majorité, ça approche, il faut se calmer. Ça y est. Maintenant, il faut se poser avec sa copine. Malgré la prison, je me suis éclaté. J'ai profité de ma jeunesse, comment dire

. Rapidement, Jordan détaille les échecs successifs des différentes mesures dont il est l'objet, comme, plus largement, l'échec de ses quelques efforts pour rentrer « dans le droit chemin, Retenons ici deux exemples : le CER (qui pourtant proposait un voyage qui faisait rêver Jordan)

«. ,

. Un-cer-À-bordeaux, C. Éducateurs-À-lille-;-?)-en, and . En-laponie, J'étais partant ! Et malheureusement, je me suis cassé ma jambe. Ah, j'étais dégoûté, hein. La veille que je parte, j'étais sur un toit en train de récupérer du cuivre, et il y a des gitans, ils sont venus, ils m'ont cherché l'embrouille, ils sont venus à trois couteaux. Moi j'ai pris un marteau, j'en ai tapé un. Et? Qu'est-ce que je peux faire au lieu de prendre trois couteaux ? J'étais sur un toit, deuxième étage, j'ai sauté. Mais ma jambe elle était pas encore cassée, moi, je marchais dessus, j'avais presque rien, j'avais un peu de douleur. C'est arrivé dans le Jura, ils m'ont fait des examens, et tout, ils ont regardé et ils ont vu qu'elle était cassée. Ça fait que je pouvais pas partir

. Le-stage-en-couverture-ensuite,

«. , Parce que mon père, il est employé dans un? Dans une entreprise où il y a un patron, et le patron, il m'a pris un mois. Et je suis resté là-bas pendant un mois, jusqu'à temps qu'on m'accuse d'un vol. Que c'était pas moi qui avait commis

, La première incarcération, lorsque Jordan a 14 ans, est narrée comme un événement qui allait nécessairement finir par advenir

. «-mon-juge, Ouais, tu vas aller en prison", jamais il me mettait en prison. Mais un jour, il a été obligé

. Depuis and . Jordan-fait-le-compte, depuis deux ans, et malgré la relative brièveté des détentions, il a passé plus de temps derrière les barreaux qu'à l'extérieur : « Une seule fois j'ai été placé en foyer, c'était un CEF. Sinon toujours je suis retourné chez moi. Le CEF, en fait, j'ai pas été directement. J'ai été, je suis sorti, je me suis sauvé. Je voulais passer Noël avec ma famille. Et après, au bout d'une semaine, je suis retombé ici, et je suis ressorti, et là je suis retombé. Ouais, parce que j'ai pris des petites peines aussi. Beaucoup de petites peines. Deux semaines, deux fois deux semaines. Et une fois douze jours. Sinon, après, le reste, c'est tout des trois mois, des quatre mois. Et un de neuf mois, c'est tout. Et un de six mois. Mais j'ai fait toujours, maximum, j'ai toujours fait trois ou quatre mois

. Ii--la, DÉTENTION Concernant la détention, l'entretien se focalise essentiellement sur les problèmes présents de Jordan. Nous revenons d'emblée sur l'état déplorable dans lequel je l'avais rencontré la première fois, lors de l'entretien individuel avec son éducateur

«. Je and . Souviens, Et j'avais pas de télé, j'avais rien du tout. Pas de poste, rien. Bon, ça faisait déjà trois semaines aussi. J'avais pas la télé. Ni la nuit ni le jour. Parce qu'elle avait cassé. Et quand je me suis levé, je me suis cogné. J'ai mis le feu à ma cellule, en fait. J'ai pris deux fois des jours de mitard pour la même affaire. Ils ont fait cinq pour ma télé, La même taille qu'ici (bureau éducateur en détention, où nous réalisons l'entretien)

«. Jordan, il utilise les marges de manoeuvre qui sont les siennes (quitte à se mettre en danger) pour obtenir quelques avantages. Le plus frappant, pour l'observateur extérieur, c'est de constater que jamais un professionnel n'interroge la structure qui produit et donne sens à ce genre de comportement : Jordan est considéré comme un manipulateur : s'il s'automutile, c'est pour obtenir telle ou telle chose, et déploie des « tactiques du faible » : dans une structure de domination donnée

, Après un passage au SMPR, Jordan réintègre la détention, mais il doit être doublé en cellule par souci de prévention du suicide 137 ? ce qui lui permet de récupérer l'usage de la télé

Q. D. «-je-suis-sorti-du, . Ouais, and . De-loos, Et ça me met mieux, en fait. Ça m'empêche de passer à des idées noires. À des choses. Mais c'est un peu des fous, alors moi, je devais rester un mois là-bas, j'ai été voir la psychologue, je lui ai dit qu'elle me fait ramener ici, parce que moi je suis pas fou (rires)

, Pour le personnel pénitentiaire, cet événement est un échec : Jordan a eu ce qu'il voulait. Durant les réunions hebdomadaires, le personnel pénitentiaire déclare ainsi que

«. Jordan and . Est, La directrice de l'établissement envisage de transférer Jordan dans un autre prison : « ce ne sera pas un cadeau pour ceux qui vont le récupérer, mais au moins, il devra trouver d'autres habitudes ». Les éducateurs, eux, sont sceptiques. L'un d'eux fait remarquer que le transfert serait plus confortable pour le personnel pénitentiaire, trop bien adapté à la détention, il roule tout le monde dans la farine, p.270, 2009.

J. Difficultés-de, Elles retarderaient, notamment, la mise en place des parloirs familiaux, qui ont déjà pris du retard (la mère de Jordan a égaré son livret de famille)

, initiative d'un surveillant, affiché dans sa cellule, une lettre dans laquelle il a listé toutes les règles qu'il s'engageait désormais à respecter, et notamment, : « je ne mettrai plus le feu à sa cellule », etc. C'est maintenant du passé pour Jordan, qui semble avoir retrouvé (grâce à la télé notamment) un relatif équilibre en détention

, Les éducateurs tentent d'obtenir un aménagement de peine pour

, Jordan défend alors une position typique : mieux vaut rester plus longtemps en prison

C. «-je-préfère-finir-ma-peine-qu'aller-en-foyer-ou-en, Je préfère terminer ma peine ici, faire jusqu'au mois de juin, sûr, et je sais que je suis tranquille après et je vais chez moi. Qu'ils me mettent dans un CER, par exemple demain ou quoi, ils me mettent dans un CER, pendant six mois ou quoi. Je préfèrerais largement terminer ma peine. Si on fait la connerie? Là-bas, la première chose qu'on fait, c'est qu'on revient en prison. Alors autant? Moi, je sais que je tiendrais pas. Comme ça, ici, dans un foyer

J. Préfère, . Ma-peine-qu'aller-en, and . Foyer, Et puis des fois, c'est chiant, c'est trop stress, il y a des lois. Moi j'aime pas qu'on me mette des lois sur moi. Mais ici aussi il y a des lois, Mais ici c

, Tu préfères la prison au foyer ? Y'a trop de règles. On peut pas sortir comme on veut

, Cette absence (relative) de conneries à l'intérieur est à la fois le signe d'une réussite de la prison au regard de ces objectifs les plus triviaux (la neutralisation) et le signe d'un support sans lequel Jordan semble incapable de se tenir calme : il est institutionnalisé

. «-ce-qui-est-compliqué and . Dehors, Mais tant pis, on fait notre peine. On a fait des bêtises on paie. y'a des côtés, ça nous isole normal. Ça permet de dire stop avec nos conneries. Je faisais des vols, je commettais des délits, je vendais des produits stupéfiants, des bagarres, ça allait pas du tout. J'aurais préféré être dehors comme tout le monde. Mais je veux dire? Comment dire ? Quand on est ici, on fait pas de conneries. On n'est pas dehors, c'est pas la même chose. D'un côté, pour les gens, c'est mieux

, À l'évocation de la sortie de prison, Jordan prend les bonnes résolutions : tourner la

. «-c', est pour m'amuser, hein, que je fais des conneries. Pour m'éclater

, Et maintenant, ça y est, moi si je veux arrêter mes conneries, je les arrête du jour au lendemain. Et voilà, maintenant? Comme je dis à tout le monde : "Voilà, il y a un moment où il faut dire stop". Comme là maintenant. Il faut dire stop. Mais les autres incarcérations, j'ai toujours dit ça (rires). Mais là, j'ai vraiment envie d'y mettre du mien. Là, je parle pas beaucoup et je vais me calmer

. Iii--cer, . Et, . De, and . De-trajectoire-pénale-je-retrouve-;-le-cer, Jordan trois mois après sa sortie de prison. Sa détention aura duré en tout 10 mois, d'autres affaires étant « tombées » durant sa détention, la prolongeant inhabituellement. C'est l'occasion pour Jordan de revenir sur son parcours carcéral : les conflits du début, la détention qui se prolonge plus que prévu

J. Le-schéma-défendu-par, faire sa peine et être tranquille ; refuser l'aménagement de peine) s'est redessiné au fil de la prolongation de la détention : cette fois-ci, mieux valait sortir? « Au début, c'était les mitards

, Ou? Je sais pas si vous connaissez R., le surveillant (j'acquiesce) ? Ben, j'ai fait quinze jours de mitard pour lui, parce qu'en fait, je me suis fâché avec un autre jeune, et puis lui il est venu, il m'a fait une clé-de-bras, et moi, ça, je l'ai mal pris, Voilà, des petites bagarres

, Donc je me suis calmé. Je suis passé au régime vert. Et puis après? Pour essayer d'avoir une liberté à mes peines. Sortir plus vite. (?) Je suis resté dix mois en prison, il y a d'autres affaires qui sont tombées. Ben en fait, j'ai continué comme ça a continué en détention. Et puis après, on m'a proposé un CER, ça fait que j'ai dit oui. Et là, je suis en liberté conditionnelle, en aménagement de peine exactement. Ça fait que je continue ma peine, mais ici. Là, j'ai toujours écroué

. Qu, est-ce qui t'as poussé à accepter l'aménagement ? Ben c'est pour? Sortir un peu? Dix mois de prison

C. Tu-viens-dans-un-cer-?-non,

&. Qu and . Oh, Pleins de choses de fou. Et là, ça va. Là, il me reste trois semaines ici. Après, je rentre chez moi tranquille. Je vais trouver une formation, et tout ça. Faire un peu de sport

J. , Ses réponses recoupent largement celles que j'aurais récoltées au fil des entretiens : plus de « liberté » (ce qui signifie ici davantage de temps hors cellule), plus de promenade et/ou d'activités qui permettent de se dépenser physiquement

, Jordan détaille l'organisation de la vie quotidienne en CER. Son explication met au jour un schisme entre l'organisation de la prison

. Le-matin, . Le-chantier-le-matin, and . Fait, Et après, il y a des petites activités : Internet, des petites choses comme ça. Ping-pong? Mais il y a du chantier. Débroussaillage, un peu de bûcheron. C'est des choses comme ça. Dans des chantiers pour la mairie? Et là, normalement, à partir de mardi je commence un stage dans une entreprise pour la couverture. Qui dure quinze jours. (?) Les deux éducateurs qui travaillent là aujourd'hui, en plus, c'est mes préférés. C'est ceux-là que je m'entends le mieux avec eux. C'est les deux seuls que je m'entends? Bon ben, je m'entends avec tout le monde, mais je veux dire, c'est les deux que je préfère. Par rapport aux autres éducateurs, ils sont toujours là à dire : "S'il y a quelque chose qui va pas, tu viens". Ils voient quand il y a quelque chose qui va pas. Ou le soir, parfois, j'arrive pas à dormir, ils viennent discuter avec moi. Ils font plein de choses. Ils discutent. Ils prennent leur temps, en fait, avec moi. Mais les autres éducateurs, ouais "Allez, bonne nuit, à demain, deux jours par semaine, on a deux demi-journées école, soutien scolaire, on fait une heure de français, une heure de maths

, Jordan peut rentrer chez lui le week-end, voir sa famille. Il évoque alors ses relations de quartier, la solidarité entre jeunes

, Dans mon quartier, c'est des jeunes qui sont la loi, c'est pas? C'est pas? les gens. Mais il n'y a pas de critiques, on est tous solidaires. On est tous respectés, les jeunes. Enfin, il y a des jeunes qui ne sont pas respectés parce qu'ils font pas partie du quartier. Mais sinon dans mon quartier, les gens, ils se serrent la main, « Je suis respecté dans mon quartier. Bien sûr. Vous savez, dans mon quartier, on est tous des jeunes, mais on est tous solidaires, en fait. Les parents, ils nous connaissent tous

C. Ph, , 2001.

, L'entretien est l'occasion pour Jordan d'envisager une sortie de trajectoire pénale et

. «-y'a-deux and . Semaines, Parce que mineurs, on peut, mais faut une autorisation des parents. Faut qu'ils soient garants, quelque chose comme ça, je sais plus exactement. Ça fait qu'on va essayer de voir pour un petit appartement, un petit studio, quelque chose. En plus, j'ai ma copine. Ça fait dix-neuf mois que je suis avec, je suis rentré chez moi, et mes parents, ils m'ont demandé si je voulais prendre mon indépendance

, Les vacances, tout ça, je suis à l'école. Les amis aussi. Pas tous, mais? Ils savent, ceux qui étaient en prison avec moi, mais? La plupart. Les gens me posent des questions, comme là, mes stages, je peux travailler? Jamais je dirai que j'étais en prison. Déjà mes petits frères, Mes petits frères, et tout, ils savent pas que j'ai fait de la prison

, Une alternative se dessine : soit l'approche de la majorité sonne donc le glas, et il s'agit maintenant de trouver une autre « voie » ; soit Jordan prend la route déjà tracée par d'autres membres de sa famille : passer de longues années supplémentaires en prison

«. Ouais and . Ma-famille, En fait, il a fait des quatre ans, des cinq ans. Pour braquage, stupéfiants aussi

. Mon-père, En puis après, c'est moi qui y va, plus mon grand frère, il est en prison. Il a pris neuf ans. Que des braquages. Trente braquages. Trentedeux braquages. C'est mon demi-frère du côté de mon père, en Algérie. J'ai aussi des oncles en prison. Y'a mon oncle qui est avec mon frère en cellule, là-bas, en plus. Il a pris sept ans, lui. Mon père lui

. Il, Fais pas pareil que moi", tout ça, en fait. Il m'explique que c'est pas bon. Lui, il regrette tout. Moi j'ai déjà perdu deux ans de ma vie en prison. Mon père il a perdu quinze ans, il est pas? il a pas envie que je suive le même chemin, Ça fait un mois qu'il travaille dans une nouvelle entreprise, ils l'ont déjà embauché, tout ça

, Les affaires en cours marquent cette alternative du sceau de l'incertitude

. Deux, Ouais c'est du teush, j'avais un dix euros de teush, il en avait besoin, moi je fumais pas, je l'avais? Je l'ai vendu pour le dépanner". Ils ont aucune preuve contre moi. C'est pour ça. J'ai fait 96 heures de garde à vue, ils m'ont relâché direct. Après, j'étais en prison pendant quinze jours, après, j'ai été libéré parce que? Ah, t'as quand même fait quinze jours de préventive pour ça ? Ouais, j'ai été relaxé, mais bon, y'a quand même le jugement. Et une autre affaire, parce qu'en fait, j'étais à Roubaix. Au Géant, vous connaissez ? Et en fait, moi, je devais acheter une laisse pour mon pote, parce que lui, il a un chien, Mon affaire de stups. Mais j'ai pas de preuve sur moi. Quand je vendais de la came, j'y allais en scooter et cagoule. Mais une fois, j'étais pressé, j'ai pas mis une cagoule, et ils m'ont pris en photo

, Jordan veut voir au delà de la prison : la routine délinquante et répressive est désormais derrière lui, il veut y croire. Le « grand-frère » (en fait son demi-frère) sert ainsi d'exemple : la religion

. Les and . Jordan, Tu connais le départ ? Allez hop". Menottes, machine à taper, prénom, naissance, 24 heures, 48 heures de garde à vue, ensuite, prison. Eh ouais. Mais bon maintenant, c'est du passé, tout ça

. Mon-frère and . Est-algérien, Et là, il s'est consacré à la religion, il fait la prière, il va à la mosquée, tout ça? Je crois que je vais faire pareil. Ouais. Ben lui il en est sorti, je vais essayer de faire comme lui, oui? Prendre le droit chemin. Moi j'ai pris une période la mauvaise, maintenant, je change de chemin. Je vais couper la voie. Le bon chemin. (?) J'ai beaucoup réfléchi, ça m'a fait beaucoup réfléchir. Et voilà. Il faut s'arrêter là, en fait

, « Faut que je fais ma formation, Si j'ai pas ma formation, je reste ici, je parle plus, c'est tout? Faut plus me dire foyer, ceci-cela? Je ferais mes 1 an de mandat de dépôt et après on verra. Si elle refuse je serai à la moitié de mon mandat de dépôt? et il me restera plus que 6 mois à faire? Si je fais pas ma formation

J. Je-rencontre, Josselin refuse de discuter l'idée avec l'éducateur. Il est agressif, et fait clairement comprendre à l'éducateur que, de son point de vue, il ne le l'aide en rien. Plus tard, l'éducateur me dira qu'« avec Josselin, on n'arrive pas à avancer, il ne veut rien entendre, c'est comme si il était bien en prison ». En fait, cette situation est assez typique : le foyer incarne à la fois un univers indésirable et un risque de prolonger l'emprise pénale et socio-éducative pour le jeune. Pour l'éducateur, à l'inverse, la sortie de prison via un aménagement de peine est préférable à un maintien en détention, sous mandat de dépôt pour vol de voiture avec arme, en assistant à l'entretien individuel avec son éducateur

D. Le-récit, Josselin se distingue assez largement de l'expérience de la plupart des autres mineurs incarcérés, et ce pour plusieurs raisons. D'abord, le soutien de sa famille est omniprésent dans son récit (via le courrier, les mandats, le financement d'un avocat, la recherche d'une formation et de la meilleure façon possible d'obtenir une mise en liberté provisoire), en détention comme lors de la sortie de prison. Ensuite, Josselin n'avait, avant sa mise en détention provisoire, jamais eu d'ennui au pénal ; s'il avait arrêté l'école, il était néanmoins sur le point d'entamer une formation

, Éviter le déclassement social nécessite de maintenir la détention à un statut de parenthèse biographique, qu'il conviendra de cacher auprès de ses formateurs, comme au sein même de sa famille (fratrie). Parenthèse, le temps carcéral constitue alors un temps vide, qu'il convient de tuer dans les moins mauvaises conditions possibles. J'ai réalisé avec lui deux entretiens en détention, yeux. Josselin est clair : il veut, espère et désespère de faire cette formation pour devenir électricien

I. Surprise, Le récit de l'affaire qui conduit Josselin en détention est assez représentative de son récit plus général

, On sort, l'autre il nous casse la tête avec notre fusil, on sort, je le jette dans le champ. L'autre il se met au rond-point. On attend, on attend, on attend? on aurait, on aurait pas attendu pour le fusil je serais chez moi là, on n'aurait jamais su que c'était nous hein? On a attendu au moins 15 minutes pour son fusil là Le boxer, il arrive, je fais comme ça, j'avance, il me calcule pas? je rentre dans le champ? y'avait la bac après derrière, Trop tard, on pouvait plus courir. L'autre il voulait pas laisser son fusil dans le champ, il nous a cassé la tête. Direct : garde à vue, tribunal et ici. Ok. T'avais déjà des? des antécédents judiciaires ? Nan. J'avais? un

, qui perquisitionnent, et, d'une manière générale, n'identifient pas Josselin (ou sa famille) comme un jeune « à problème » : « Ils nous ont arrêté, et ils nous ont mis en garde à vue? Garde à vue? après avocat? ils ont laissé venir ma mère, normalement c'est interdit? Parce qu'ils savaient que j'allais venir en prison? Elle a pleuré c'est tout? En fait on pouvait pas trop échanger parce que? parce qu'il y avait l'inspecteur qui est resté avec nous. Parce que normalement c'est interdit? et puis après prolongation? parce qu'après 24 heures il faut aller voir le procureur pour une prolongation de 24 heures encore? Donc on a vu le procureur. Et après? le lendemain?on est repartis devant la juge d'instruction? donc euh? le majeur il est passé en premier? elle l'a mis en pénal? le deuxième, mineur, 2. La prison permettrait l'apprentissage des techniques délinquantes et facilite la, Le statut d'événement du vol de voiture est également perceptible dans ses rapports avec les policiers qui viendront l'arrêter : ceux-ci lui permettent de voir sa mère en garde à vue

, Medhi l'annonce rapidement : il n'hésiterait pas à revenir en prison si cela en « valait la peine ». La prison permet de s'endurcir : il affirme par exemple qu'il supportera beaucoup

L. Prison and ». Au-contraire-de-mettre-un-terme-aux-«-bêtises, puis de rechercher une formation. C'est plus précisément le CEF qui remplirait cette fonction, la prison n'ayant permis au mieux que l'ébauche d'une « réflexion ». Il s'agirait alors de trouver un contrat d'apprentissage ou une formation, de trouver un appartement, support de son autonomie qui doit être accélérée par sa majorité approchante. Cette perspective (un discours convenu lorsque l'on est en CEF ?) est largement mise à mal par l

I. Intensive-d'emblée, Medhi évoque sa ligne scolaire et sa ligne familiale

. «-l'école, Parce que j'ai tapé la directrice. Et après j'y allais plus. J'y ai été la moitié d'une période en 6 e . Et après j'ai arrêté, j'ai fait un semestre, où je sais pas quoi, et après j'ai arrêté, après j'ai été une journée en 4 e . Et maintenant ça te tente plus de faire une formation ou quelque chose ? Non, nique sa mère

, L'évocation de sa situation familiale permet à Medhi de situer sa délinquance. Celleci (et notamment le trafic de stupéfiants) apparaît d'abord comme une histoire familiale

, Ensuite, ses petits frères font eux aussi des « conneries », mais sans avoir eu d'ennui au pénal. Si la question de l'expulsion est sans objet pour Medhi (il est Français), il se situe 289

, néanmoins dans une position intermédiaire entre ces deux types d'acteurs évoqués (père et oncles d'un côté, petits frères de l'autre) : lui a déjà eu des ennuis au pénal, mais pas en tant que « majeur

, Je vis pas avec mon père. Ma mère elle fait femme de ménage. Mon père, il a été expulsé

A. , Il y a longtemps. J'étais petit. Il a été pas mal en prison. J'ai même des oncles qui ont été expulsés suite à cette affaire et qui sont en France aujourd'hui. Et t'as des frères et soeurs ? Ouais des petits frères et des petites soeurs, Il a été expulsé pour trafic de stupéfiants en réseau

, Il revient sur l'agression qui l'a conduit en prison : « Moi, je suis là pour une agression. J'avais bu de l'alcool, j'emmerdais les gens, j'avais un pistolet sur moi. J'avais bu de l'alcool et je faisais n'importe quoi. Je suis arrivé il y a bientôt deux mois. J'ai pris 3 mois et je dois sortir le 4 normalement, en passant dans un centre éducateur fermé ; mon éducateur d'ici et mon éducateur PJJ ont vu ça ensemble. Ça va, ça se passe tranquille. C'est pas la fin du monde. Je m'attendais à pire, donc voilà, Ses frères font donc des conneries de « petits » (vandalisme, bagarres). À l'inverse

, Tu pourrais revenir ? Pour un bon truc. Pour une grosse somme d'argent, normal. Je préfère revenir pour des trucs pires

, Attardons-nous d'abord sur l'élément précédent : « Ce n'est pas la fin du monde », « je m'attendais à pire »? Derrière ces deux assertions percent un rapport à la prison spécifique. C'est d'abord un rapport anticipé : Medhi connaît de nombreux jeunes de son quartier qui ont connu la prison, s'est fait une idée. C'est ensuite un rapport collectif : « je m'attendais à pire » résonne sans doute moins avec la réalité du régime de l'enfermement qu'avec la volonté de Medhi de se positionner comme quelqu'un de « fort », capable de gérer et de supporter la détention, discours convenu dont il convient de s'auto-convaincre, à la fois pour se défendre de la violence de l'enfermement, et pour ne pas apparaître comme « faible » vis-à-vis de ses compagnons de quartier, On reviendra plus loin sur l'éventualité d'un retour en prison « qui en vaudrait la peine

. «-je-suis-multirécidiviste, Je lui ai dit viens, tu vas voir ce que je te fais. Comme par hasard, je l'ai croisé, il s'y attendait pas, je l'ai gonflé. Je lui ai mis une patate. J'étais avec des meufs. Je lui ai mis une patate, il a regardé tout le monde, il a dit pourquoi vous séparez pas, je lui ai remis une deuxième patate, il est parti en courant, il a porté plainte

, Et quand t'agresses des gens, tu penses jamais au mal que tu leur fais. Non, je m'en tape. Si il sait pas se défendre, c'est sa faute à lui

, Une fois libre, le « chat » retrouve sa « balle » : « Des CER, j'en ai fait. Quand t'es là, ça se calme, mais après, quand tu reviens dans ton quartier, c'est re-belotte. C'est comme un chat, tu le prives de sa balle, il va plus s'amuser avec sa balle, quand tu lui rends il sera obligé de rejouer avec. C'est pareil, on te fout en centre éducatif fermé, il n'y a plus ton environnement, Les différentes mesures dont Medhi est l'objet semblent n'avoir aucune prise sur lui, hormis la neutralisation temporaire

, Au terme d'une série de mesures et de sanctions éducatives, l'incarcération, suite à une agression violente, semble inéluctable. Pour Medhi, sa mère n'a aucune prise sur ces événements

«. Elle, . Tu, and . Qu, elle dise quoi ? Elle va me gueuler dessus, je vais recommencer. Elle est mal. Elle a pleuré quand je suis tombé, elle a pleuré. Des fois aussi

. Ce-«-tu-peux-rien-y-faire, doit s'interpréter comme une double impossibilité : impossibilité de la mère d'agir sur la trajectoire de son fils, impossibilité pour le fils de remonter le moral de sa mère

. Ii--la-détention-:-dormir-pour-«-gagner-du and . Temps, Concernant la détention, l'entretien se structurera selon deux thèmes privilégiés

, ensuite les perspectives qu'ouvrent (ou ferment) cette incarcération. « Ne pas penser » et « dormir » devient des leitmotiv : ils sont les clés d'une détention vite passée et rendue supportable, p.291

, enfermement en tentant d'organiser la détention autour d'éléments de vie « normaux » (profiter du soleil par exemple), mais au contraire d'organiser son univers autour du noyau strict de l'enfermement, de clore le monde aux portes de la cellule

, « Ici alors tu fais quoi de tes journées ? Je dors, je regarde la télé

T. Non and . De-ce-côté.-c'est-tranquille, Si tu penses pas à dehors t'es bien. T'es en promenade, tu penses aux autres, t'es en train de péter un plomb. Ça sert à quoi que t'es là si c'est pour péter les plombs ? Moi je sors pas c'est pas parce que j'ai peur de me faire agresser, c'est parce que je vais sortir, je vais squatter, je vais voir le soleil qu'il fait dehors et tout. Je vais péter un plomb. Je vais m'imaginer des scènes. Je serais dehors, là, à cette heure-ci, j'aurais ma bouteille de vodka, un joint, je serais posé tranquillement. Tandis que là, je suis dans ma cellule, nique sa mère. Faut pas penser, nique sa mère, tu squattes la télé, tu dors au film de l'après-midi, le soir tu te réveilles, tu te fais un café. En fait la prison c'est bidon, ça se passe bien, parce que plus tu sors, plus ça fait penser à dehors, et plus ça te met le moral à zéro. Moins tu penses à dehors et mieux t'es

«. Donc, . Tu-te-réveilles-le-soir-c'est-Ça-?-ouais, and . Voilà, La plupart du temps, il y a John, le gars de mon quartier, sa cellule elle est à deux trucs de la mienne, je parle avec lui toute la nuit. Et vous discutez de quoi alors toute la nuit ? Les conneries qu'on a fait à deux quand on était dehors, on parle de dehors, qu'est-ce qu'on ferait si on serait dehors à cette heure-ci, des fois il est 6 h 00 du matin, il me dit à cette heure ci, on serait en train de rentrer chez nous pour aller dormir. Parce que quand je traînais avec lui, on vivait la nuit et on dormait la journée

. Avant-hier, ils m'ont donné du chocolat et le beurre, j'ai pris ça et je me suis rentré dans ma cellule, je me suis fait un café, j'ai regardé la télé, je me suis rendormi, j'ai dormi toute la nuit et là j'ai encore dormi toute la journée. J'ai pas dormi une nuit et là j'ai rattrapé, j'ai dormi une journée entière, une nuit entière et la moitié d'une journée, je gagne du temps. (?) La psychologue, elle m'a dit : "tu supportes bien l'incarcération tout ça ?". Je lui ai dit : "non je dors mal

, Medhi va très peu à l'école, et n'est pas demandeur de la bibliothèque. Être demandeur d'activités serait synonyme de soumission

. «-l'école-quand-ils-m'appellent-j'y-vais, Si elle vient, qu'elle m'appelle, j'y vais. L'après-midi quand je suis dans ma cellule, si elle m'appelle pour y aller je vais y aller

, Quand Medhi parle des surveillants, il souligne leur spécificité : les surveillants qui travaillent au quartier mineur sont différents des autres, plus « sympas », moins « stricts, p.292

, Derrière cette comparaison, perceptible dans d'autres récits, se dessine une connaissance par anticipation du quartier majeur

, Je pense c'est une des prisons la plus stricte de France, ici, non ? Mais l'ambiance elle est pas pareille, elle est mieux chez les majeurs. La musique, t'as leur chaîne hi-fi, on l'entend de là-bas jusqu'ici, nous on a droit à quoi, un petit poste, « Avec les surveillants ça se passe comment ? Ces surveillants-là, ils sont sympas

. La-majorité-de-medhi-approche, il envisage donc de revenir en prison, « chez les décrit alors sa vision du temps qui passe, en prison comme ailleurs : « Plus tard, ça sera peut-être tout ce qui est trafic de stup' en gros

, Tandis que là c'est pas pareil, t'as pas le droit de fumer? Prendre 5 ans, 6 ans, ça te dérange pas ça ? Ben non, du moment que quand je sors après j'ai de l'argent qui m'attend. Vous vous en rappelez le jour où c'est passé à l'euro ? C'est passé vite, vous vous en rappelez, ce jour-là, même ce que vous faisiez. La coupe du monde, en 1998, vous vous en rappelez ce que vous faisiez ? Pensez de là à maintenant, c'est passé vite. Donc ça passera vite. Moi je me rappelle le jour de l'an 2000, du nouveau millénaire, j'étais à Paris, je me rappelle encore de l'image, on était devant la Tour Eiffel quand ça s'est allumé, Quand tu vas passer majeur les peines elles vont être plus lourdes ? Ouais mais voilà, il y a des avantages en passant majeur. T'as la PlayStation dans ta cellule, t'as le droit de fumer

, Je vais plus faire des conneries pour rien gagner, je vais faire des conneries pour gagner quelque chose. Braquages, cambriolages, séquestrations, tout ce qui marche bien. Ici, t'apprends beaucoup de trucs. Le saucissonnage par exemple. Tu les attrapes chez eux dans leur domicile, tu les séquestres? Tu leur coupes un doigt ou quoi, normal. Il va te payer de l'argent, t'inquiètes. Et toi, ça te dérange pas de faire ça ? Non, ça me dérange pas. On est en 2007. C'est plus comme avant, Lorsque nous abordons ses perspectives de sortie de prison, Medhi se positionne comme face à une alternative. Soit il trouve rapidement une formation, soit il change de type de délinquance : des « conneries de gamins », il s'agira désormais de faire des « conneries pour gagner quelque chose

, Essayer de gagner ta vie honnêtement, t'y as déjà pensé ? Non, c'est galère

, Quatre jours après la réalisation de l'entretien, Medhi, bénéficiant de ses remises de peine

I. De-récidive-je-retrouve-medhi-un and . De-prison, Medhi est affable. Notre discussion permettra de mesurer l'écart organisationnel qui sépare la prison et le CEF : si la prison était marquée par la volonté d'endormir la peine carcérale, le CEF est l'occasion pour Medhi d'enclencher un projet d'insertion. Son récit met en lumière la volativité des récits produits en prison. Pour lui, les récits de récidive sont le produit d'une institution « qui met les nerfs ». Le croisement d'une dynamique institutionnelle et d'une dynamique biographique joueraient en faveur de l'arrêt de la délinquance : d'un côté, le CEF permettrait, on l'a dit, d'envisager concrètement l'insertion, par la multiplication des démarches qu'il entreprend avec les éducateurs

, Medhi aurait mûri, et se serait assagi. La participation à l'entretien serait en tant que tel un symptôme de cette évolution

, Moi je ne peux pas dire : "je suis tout à fait calme", je ne suis pas tout à fait calme, mais, comparé à deux, trois ans en arrière, vous seriez venu me voir pour un entretien, je vous aurez traité, j'aurais dit : "ouais, qu'est-ce que tu me veux avec ton entretien nin-nin-nin?, dégage psychologue de merde ou quoi" tandis que là, je viens? Je ne suis pas psychologue. Ouais mais c'est pareil. Mais maintenant que je suis ici, je vais peut-être trouver un contrat d'apprentissage et si je trouve un contrat d'apprentissage et un appartement, je vais arrêter mes conneries, mais si je trouve rien, je vais pas commencer à chercher toute ma vie du travail, nique sa mère, je vais continuer mes conneries. J'ai été me renseigner, donner mes CV, lettres de motivation et tout, j'ai fait un stage là, dès que je suis sorti, mais un stage d'une semaine de peintre en bâtiment. (?) Je me suis calmé, je sens que je me suis calmé

, je fais encore des petites conneries, mais c'est moins grave qu'avant. C'est parce que je vais avoir la majorité, je vais être majeur et il faut que je trouve un truc, je vais pas rester sans rien faire. J'ai envie d'être majeur, j'ai envie d'avoir un appartement, passer mon permis et tout ça, j'ai pas envie de rester à rien faire. (?) Ici je fais beaucoup de démarches que je faisais pas à l'extérieur, Ça dépend, des fois, je m'embrouille quand même avec des éducateurs

, Ses descriptions minutées d'une journée-type tranchent radicalement avec sa gestion du temps en prison, dans laquelle il s'agissait, par exemple, de faire des nuits blanches pour ensuite dormir 24 h 00, afin de « gagner du temps ». Là, l'organisation du CEF est basée (à l'instar des EPM) sur une discipline journalière très stricte : « Ici, Medhi met en avant l'encadrement éducatif intensif du CEF

, On dit : "ouais la prison, ça te calme, ça te calme, T'apprends des choses, déjà t'apprends? t'apprends des choses, disons que c'est mieux qu'en prison

, as la cigarette du matin, tu vas en activité, soit cuisine, soit école ou soit sport ou quoi, après tu fumes ta, à 10 h 00, il y a une pause, tu fumes ta cigarette? tu repars en activité, tu finis ton activité du matin, à 12 h 00 tu manges, tu fumes ta cigarette du midi, de midi à 14 h 00, tu peux rester ta chambre, tu peux prendre ta douche ou faire ce que tu veux dans ta chambre, après l'après-midi, tu fais des activités jusqu'à 16 h 00, à 16 h 00 il y a le goûter, Et après la cigarette du repas il y a des activités jusque 10 h 00 moins 20, moins 10 quoi

, Medhi a déposé, avec l'aide de son éducateur, des lettres de motivation dans trois boulangeries, et attend un appel), la trajectoire proprement pénale de Medhi suit son cours : il est repassé en jugement, de nouveau pour des faits de violence ; sa présence en CEF lui évite cependant d'être réincarcéré ; son suivi éducatif sera prolongé jusqu'à l'âge de ses 21 ans (suivi « jeune majeur »). Par ailleurs, il doit encore faire 4 mois de détention pour d'autres affaires et devrait faire l'objet d'un SME pour une durée de 11 mois

, Il craint également que d'autres affaires ne reviennent à la surface, qu'on le « balance

, Je m'attends toujours à des trucs comme ça, je me suis déjà fait attrapé un an après une affaire? un gars, il a été en prison, il a été en mandat de dépôt, un an après l'affaire. Y en a qui balancent tu vois, tu vois peux pas savoir. Mais comme c'est du vieux, je ne crois pas, admettons, une affaire de un an ou quoi, s'ils me disent : "ouais, on a retrouvé ton empreinte sur une voiture volée", je ne crois pas qu'ils me mettent du fer pour ça. Ils vont voir que je me suis calmé un petit peu, ils vont laisser passer quoi, ils vont mettre du sursis, un truc comme ça. Mais je ne crois pas, parce que j'en ai encore beaucoup là. J'ai encore 4 mois de prison ferme à faire, et j'ai 11 mois de sursis. Mais pour le ferme, c'est possible d'avoir un aménagement de peine, un permis électronique ou je ferai des TIG à la place. J'attends qu'on me contacte. Parce que c'est une peine qui date de deux ans. J'ai été condamné il y a deux ans pour cette affaire, j'ai été jugé par défaut, le juge m'a dit on verra, « Il te reste d'autres affaires encore ? Normalement, non. Mais on ne sait jamais, un jour ils peuvent venir dire « ouais, on a retrouvé une trace, une empreinte à toi qui date de je ne sais pas combien de temps, ils peuvent te retrouver un jour ou l'autre hein, tu ne peux pas savoir

, Je trouve un travail, je vais à mon travail, j'ai mon bracelet, je m'en bas les couilles. Tandis que les TIG, je vais y aller, je vais travailler pour rien du tout, c'est pète couilles

, Tout mon quartier m'écrivait, j'avais des mandats, j'avais ce qu'il fallait tu vois. Il y en a qui n'ont rien du tout, ils n'ont pas de mandat du tout, ils n'ont pas de famille, ils n'ont rien, ils sont en chien quoi. Moi on m'écrivait des lettres, tous les gars de mon quartier, parce qu'il y en a un qui m'a écrit, qui a fait trois ans en majeur et tout, il y en a plein qui m'ont écrit : "prends la prison comme une remise en forme, garde la pêche, fais du sport", voilà, ils m'écrivaient des trucs comme ça, pour moi, nique sa mère, quand t'es dehors? t'as pas le temps, tu rentres à n'importe quelle heure, Tu vas sur Internet, tu tchatches? t'écoutes de la musique, tu fais ce que tu veux quoi, t'es tranquille. Quand t'arrives ici tu sens qu'il y a un changement quoi. T'es bien encadré, t'es bien encadré, après les éducateurs ils te rappellent qu'il y a un règlement à

, Medhi critique l'usage de l'enfermement, dénoncé soit comme inadapté (aux malades) soit comme contre-productif (accélérateur de délinquance)

, est que t'es fou dans ta tête, c'est pas en prison que tu dois aller, c'est en hôpital psychiatrique déjà. Et? voilà, ouais, pour des vols de voiture, des agressions et tout, c'est pas en prison qu'il faut les mettre, pourquoi ? Parce que la prison, ça ne va pas t'apprendre à arrêter de faire tes agressions, ça ne va pas t'apprendre à arrêter de faire tes conneries. Ça va t'apprendre à quoi ? À rencontrer des gens qui ont fait des trucs plus hauts que toi, et t'apprendre des techniques pour mieux voler sans te faire attraper, tu vois ? Pour moi

, Pour quelques détenus, l'épreuve carcérale va leur permettre de quitter une situation d'impasse biographique. Le récit de Ted (récit 10) est à cet égard paradigmatique, Les épreuves carcérales comportent, comme toutes les épreuves sociales, leur part de contingence

, Seule l'incarcération va permettre d'envisager d'autres perspectives : faire un trait sur sa famille, et accepter de transiter par un foyer (quitte à s'y ennuyer) pour ouvrir progressivement d'autres possibles. Mais il faut insister ici sur l'exceptionnalité de ce type de situation. Rappelons tout d'abord les différentes situations dans lesquelles se trouvaient les jeunes lors de la seconde série d'entretiens. Le jeune peut tout d'abord avoir été réincarcéré (récits 7, 9 et 17), avoir vu sa détention se prolonger, p.312

, Dans ces différentes situations, l'enfermement en tant que tel n'a pas encore pris fin ; des différences significatives entre ces différentes institutions sont néanmoins pointées (soulignons qu'à ces différentes situations, il faudrait ajouter certains récits, qui laissent penser qu'une nouvelle incarcération arrivera rapidement), CER ou en CEF (récits 10, vol.18

, Elle est une étape d'un processus qui souvent intensifie la proximité du jeune avec le processus pénal. La période de détention n'est pas le moyen de solder ses comptes avec la justice, mais le lieu à partir duquel se réorganise la trajectoire socio-pénale du jeune. Là, l'effet de la détention prend la forme d

, Démultiplicateur parce que si l'incertitude pénale pré-existe à l'incarcération (elle constitue une donnée inhérente au fonctionnement du système), elle est néanmoins renforcée sous le poids de la menace carcérale : le jeune sait qu'il risque de retomber en prison, soit pour la même affaire, soit pour une autre, mais il ne sait ni quand

E. Est-Également-productrice-d'impasse-biographique and . Existentielle, En effet, nous l'avons vu, nombreux sont les récits qui mettent en avant la « volonté de s'insérer », le désir de ne pas revenir en prison, etc. Ce sont les situations que nous avons identifiées

, soit déconnectés des capacités réelles d'initiative des acteurs. C'est ce différentiel entre les rêves et les espérances d'un côté, et les conditions objectives d'existence de l'autre, qui explique que souvent les récits sont structurés par une ambivalence radicale : désir de s'insérer d'un côté, peur de revenir en prison et sentiment que ce retour est possible, voire probable, de l'autre. À l'aune de ces incertitudes et de ces impasses, la prison peut-être perçue comme inutile (la prison ne change rien au conditions qui ont conduit le jeune en prison), comme productrice d'impasse (la récidive est jugée inévitable), comme 313 criminogène (elle permet la professionnalisation délinquante, Mais ces discours qui apparaissent sont soit convenus (c'est le récit qu'il « faut » tenir)

. Ainsi, par-delà la poussière des faits concrets, la profusion biographique des récits fait émerger un constat général : pour nombre de détenus, le passage par la prison ne prend sens qu'au sein d'une trajectoire d'enfermement. Par trajectoire d'enfermement, nous voulons signifier non pas seulement la trajectoire du détenu en détention (choc de l'arrivée, adaptation, préparation à la sortie, etc.), ni seulement les enfermements institutionnels (CER, CEF) qui, éventuellement

, Enfermement territorial, enfermement biographique (pauvreté, déscolarisation), les récits se structurent autour de l'incapacité à changer de vie. Souvent, seule la « professionnalisation délinquante », soit le passage d'une délinquance de rue à une délinquance plus rentable et mieux organisée, prend la forme narrative d'une reprise en main de son existence. La prison, par la souffrance qu'elle induit, fait rêver d'une autre vie, Nous voulons plus largement et plus fondamentalement insister sur la manière dont ces trajectoires sont narrées par les principaux intéressés comme des destins auxquels il était impossible d'échapper

, Et s'il fallait enfin quitter le terrain correctionnaliste de la « réforme du délinquant » pour s'intéresser à l'empowerment des jeunes ? S'il fallait quitter le terrain criminologique traditionnel pour s'interroger sur la capacité (ou l'impossibilité) des institutions de gestion des illégalismes juvéniles à produire des capacités d'initiative ? Ouvrir le champ des possibles, telle pourrait être pensée et repensée la pénalité contemporaine, et s'interroger sur la comptabilité de cette exigence avec l'enfermement carcéral. Pour saisir la mesure de ce déplacement, il nous semble absolument nécessaire de relier les débats pénologiques aux transformations de l'individualité contemporaine. À cet égard, Danilo Martuccelli

«. Le and . De-l'égalité-;-les-b-i-b-l-i-o-g-r-a-p-h-i-e, désormais mesurée à l'échelle individuelle : l'important n'est plus seulement ce qui me sépare de l'autre, mais ce qui m'empêche de me réaliser en tant qu'individu. La transition est subtile et pourtant décisive. La conception antérieure s'embourbe dans des débats interminables sur la légitimité des inégalités des positions acquises ou sur l'égalité des chances ; elle ne comprend la justice qu'à partir de la figure de la course, à savoir, à chacun selon sa vitesse, pourvu que tous soit alignés sur la même ligne de départ, même si, à l'intérieur de cet espace

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