Psychiatrie en milieu pénitentiaire : une sémiologie à part ? - Université de Lille Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Annales Médico-Psychologiques, Revue Psychiatrique Année : 2015

Psychiatrie en milieu pénitentiaire : une sémiologie à part ?

Résumé

Ten million people are currently incarcerated around the world. In prison, psychiatric disorders are 4 to 10 times more frequent than in the general population. Beyond the many ethical and societal issues raised by these observations, specific structures have been developed in France (SMPR, UHSA). Within these structures, psychiatric practice and clinical assessment must be based on the same recommendations as outside the prison. However, it appears that several specific clinical features are encountered. These features emerge first from a “selection bias”, resulting in the presence of patients with a predominance of “positive” symptoms (particularly for bipolar disorder and schizophrenia), that has been associated with an increased risk of forensic act. The other specific clinical features of incarcerated patients come from the particular characteristics of the prison environment which is a concentrate of stressors. Nonspecific symptoms (anxiety, insomnia, suicidal thoughts, etc.), and specific symptoms related to the characteristics of the prison (detention conditions, links with the prison administration, etc.) will be highlighted. Two examples will be developed: self-harm and delusions of persecution. It appears essential for health professionals who evaluate incarcerated patients or working in prisons, to know the specificities and constraints of life in prison, to incorporate these aspects in a rigorous clinical evaluation.
Plus de dix millions de personnes sont actuellement incarcérées dans le monde. Au sein de la population carcérale, les pathologies psychiatriques apparaissent au premier plan avec une fréquence 4 à 10 fois supérieure à celle retrouvée en population générale. Au-delà des nombreuses questions éthiques et sociétales que pose ce constat, ces observations ont conduit à la mise en place de dispositifs de soins spécifiques (SMPR, UHSA). Au sein de ces structures, la pratique psychiatrique doit rester fondée sur les mêmes recommandations qu’en milieu libre et l’évaluation clinique doit reposer strictement sur les mêmes bases qu’en pratique classique. Il apparaît cependant qu’un certain nombre de spécificités apparaissent quant aux tableaux cliniques rencontrés. Ces spécificités émergent d’abord d’un « biais de sélection » aboutissant à la présence, en détention, de patients présentant un profil particulier. Ainsi, pour ce qui est de la schizophrénie et du trouble bipolaire, la prédominance d’une symptomatologie « positive », qui a pu être associée dans certains travaux à un risque majoré de passage à l’acte médico-légal, est fréquemment mise en évidence. Ces aspects spécifiques proviennent également des caractéristiques particulières du milieu carcéral qui constitue un concentré de facteurs de stress. On peut ainsi mettre en évidence une symptomatologie aspécifique, le stress pouvant générer tout type de symptomatologie psychiatrique (anxiété, insomnie, crise suicidaire, décompensation psychotique, etc.) selon le modèle stress/vulnérabilité mais également une symptomatologie plus spécifique en lien avec les particularités des facteurs de stress en prison (conditions de détention, liens avec l’administration pénitentiaire, etc.). Nous développons ici deux exemples : les passages à l’acte auto-agressifs et les idées délirantes de persécution. Il nous apparaît indispensable, pour les professionnels de santé amenés à évaluer des patients incarcérés, de bien connaître les spécificités et les contraintes d’organisation de la vie en détention, afin d’intégrer ces aspects dans une évaluation clinique rigoureuse.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02536829 , version 1 (08-04-2020)

Identifiants

Citer

Thomas Fovet, Pierre Thomas, Ali Amad. Psychiatrie en milieu pénitentiaire : une sémiologie à part ?. Annales Médico-Psychologiques, Revue Psychiatrique, 2015, Annales Médico-psychologiques, revue psychiatrique, 173 (8), pp.726-730. ⟨10.1016/j.amp.2015.07.033⟩. ⟨hal-02536829⟩
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