Des trajectoires irréversibles renversées. Les impacts de la crise des années 1930 sur le quotidien des ouvriers Saint Frères - Université de Lille Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Temporalités : revue de sciences sociales et humaines Année : 2011

Des trajectoires irréversibles renversées. Les impacts de la crise des années 1930 sur le quotidien des ouvriers Saint Frères

Résumé

During the second half of the nineteenth century, a paternalistic textile industry, Saint Frères, settled in the Nièvre valley in the French department of the Somme, by planting many factories and employers' institutions. These establishments offered a « lifetime employment » to thousands of inhabitants, thus defining their daily lives. With the crisis of 1929, the company turned to part-time work and redundancies. At the dawn of the crisis, on June 30th, 1931, 9 448 workers were employed in 14 production units in Somme. On June 20th, 1932, we count no more than 7 924. For some of them, this came comes as a real break-up and not as a discontinuity in their life course, which they had previously considered irreversible. This erosion of the « temporal borders » is more or less important depending on whether one belonged to the redeployed group, topart time workers, or completely unemployed people (« passengers », « put aside », « excommunicated ») and on their place of residence (« from the inside » or « from the outside »). As a background for these ill-assorted experiences of unemployment, there are differentiated ways of living a labor condition, that worsen class unity.
Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, une industrie textile paternaliste, Saint Frères, envahit la vallée de la Nièvre dans la Somme, en y implantant plusieurs usines et nombre d’institutions patronales. Ces établissements offrent alors à des milliers d’habitants « l’emploi à vie », bornant ainsi leur quotidien. Avec la crise de 1929, la société recourt à une mise au chômage partiel et aux licenciements. À l’aube de la crise, le 30 juin 1931, 9 448 travailleurs œuvrent dans les 14 unités de production de la Somme. Le 20 juin 1932, on n’en comptabilise plus que 7 924. Pour un certain nombre d'entre eux, cette crise intervient comme une véritable rupture et non comme une discontinuité dans une trajectoire de vie pourtant pensée par eux comme irréversible. Cette érosion des « bornes temporelles » est plus ou moins importante selon que l’on appartient au groupe des reclassés, des chômeurs partiels, des chômeurs complets (« passagers », « mis de côté », « excommuniés »), et en fonction du lieu de résidence (« du dedans » et « du dehors »). En arrière-plan de ces expériences disparates du chômage, ce sont des manières différenciées de vivre la condition ouvrière qui se profilent, mettant à mal l’unité de classe.
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Citer

Melanie Roussel. Des trajectoires irréversibles renversées. Les impacts de la crise des années 1930 sur le quotidien des ouvriers Saint Frères. Temporalités : revue de sciences sociales et humaines, 2011, Temporalités, n°13, ⟨10.4000/temporalites.1485⟩. ⟨hal-03143016⟩

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