Les partisans de l’incolore ? Paroles et rhétorique des militants du Parti du Vote Blanc
Résumé
Crédité de 2,1 millions de voix (5,8% des votants) au second tour de la dernière élection présidentielle, le vote blanc (et par extension, nul) est une force politique de moins en moins négligeable. Bien que sans visages par nature, le vote blanc est incarné depuis plus de vingt ans par plusieurs organisations qui s'efforcent de promouvoir ce geste électoral afin d’obtenir sa reconnaissance dans les suffrages exprimés de tous scrutins politiques. Aux côtés de l'association «Blanc, c'est exprimé»(créée en 1989) et celle «Pour la Reconnaissance du Vote blanc» (depuis1994), le «Parti du Vote blanc»(PVB)ne se distingue pas seulement par son appellation. Héritier du «Parti Blanc», né en 2000, celui-ci prône la candidature de «candidats Blancs» aux élections «pour contourner cette non-intégration des votes blancs aux suffrages exprimés». Après avoir présenté 21 candidats aux élections législatives de 2012, le PVB a ainsi renouvelé cette expérience de «blanchiment du vote» dans des proportions plus importantes en menant six listes (sur un total de huit circonscriptions) et en obtenant 110 145 voix (0,45 % des votants). Le tout, en revendiquant avec force son indépendance (« nous ne défendons ni ne combattons aucun candidat ou parti politique ») et sa neutralité (« le fondement même de notre action»): une position qui ne fait, malgré tout, pas taire le paradoxe qui veut que pour promouvoir le vote blanc, l'organisation décide –justement –de ne pas appeler à voter blanc mais à voter pour leurs candidats.
Dès lors, comment les militants du PVB s’accommodent-ils de cet engagement dans la neutralité? Et, comment font-ils pour l’allier à l’impérative entreprise de séduction qu’implique toute élection ?