Bio-médicalisation de la maladie mentale et perception d’exclusion des personnes souffrant de troubles psychiatriques
Résumé
Cette étude avait pour objectif de tester les théories naïves concernant le lien entre la biomédicalisation de la maladie mentale et le rejet des personnes atteintes de troubles psychiatriques. Plus précisément, il s’agissait de les confronter aux modèles dominants, l’un (modèle d’attribution causale) stipulant qu’une attribution à des causes biomédicales devrait, en diminuant l’attribution de responsabilité, diminuer le rejet, et l’autre (modèle biologique) stipulant une relation inverse. Il s’agissait également d’évaluer le poids accordé à deux facteurs non intégrés dans ces modèles : le type de responsabilité (actes vs état) et le domaine d’exclusion (famille vs travail). L’analyse rétrospective de données recueillies auprès de 12 533 personnes vivant dans la région Nord Pas de Calais montre que penser à l’exclusion des personnes atteintes de troubles mentaux n’active pas le même schéma selon que le rejet concerne la sphère intime de la famille (optimisme conforme au modèle d’attribution) ou celle des relations sociales plus formelles du monde du travail (essentialisme conforme au modèle biologique).