Pouvoir se déplacer sans l’aide d’un tiers aussi bien dans un environnement familier que nouveau est une habileté importante qui permet de relier différents espaces de vie (résidentiel, professionnel, loisirs…). De ce fait, les déplacements autonomes permettent aux individus d’accéder aux ressources communautaires et de remplir des rôles sociaux valorisants. Dans ce contexte, il paraît essentiel d’être en capacité de résoudre des imprévus pour pouvoir utiliser les transports en commun seul et précisément des situations où qui mettent en jeu des relations entre plusieurs usagers (problèmes interpersonnels). Cependant, l’utilisation des transports en commun reste un réel défi pour les personnes déficientes intellectuelles. En effet, Ces personnes présentent des difficultés à gérer des imprévus et à utiliser des stratégies adaptées à la résolution de leur problème lors des déplacements (Mengue-Topio et Courbois, 2011). Lorsqu’elles utilisent les transports en commun, ces personnes sont confrontées à de multiples problèmes : la capacité à entrer en contact avec quelqu’un d’inconnu, difficulté à demander de l’aide en cas de besoin, mépris de certains usagers. De même, ces personnes déclarent ressentir de l’anxiété lorsqu’elles se déplacent dans les transports en commun, et que les relations avec les autres font partie des situations jugées anxiogènes. Ce type de situations-problèmes les découragent fortement, et les dissuadent à emprunter à nouveau les transports en commun (Forum International des Transports, 2009 ; Alauzet,, Conte, Sanchez, & Velche, 2010 ; Bascom et Christensen 2017 ; Mengue-Topio, Letalle et Courbois, 2020). L’objectif de cette étude consiste à examiner l’identification des situations problématiques par des personnes déficientes intellectuelles lors de l’utilisation des transports en commun. En effet, la résolution de problèmes interpersonnel est un processus comportemental qui permet d’accéder à un panel de réponses permettant d’agir face au problème et permettant à la personne de choisir la réponse à plus adaptée face au contexte (D’Zurilla et Goldfried, 1971). La résolution de problèmes interpersonnels repose sur de nombreuses compétences cognitives et comportementales et se décline à travers quatre étapes, l’identification de la situation problématique, l’identification des stratégies possibles, le choix de la stratégie et l’exécution de celle-ci. Notre étude a pour but d’examiner les compétences d’identification de situations sociales problématiques et non-problématiques dans les transports en commun, soit la première étape de la résolution de problèmes interpersonnels. Pour cela, nous avons recruté Cinquante-huit participants présentant une déficience intellectuelle légère à modérée dont dix-neuf participants adultes et trente-neuf participants adolescents. Le matériel de notre étude était constitué de vidéos, qui illustrent des situations d’interaction – problématiques et non-problématiques – avec d’autres usagers des transports en commun. Chaque participant a visionné ces saynètes réalisées dans un bus. Les résultats ont montré que les personnes déficientes intellectuelles auraient tendance à mieux identifier les situations sociales adaptées que les situations sociales problématiques lors de l’utilisation des transports en commun. 47 % des participants ont commis au moins une erreur lors de l’identification des situations dites négatives. De plus, elles auraient aussi tendance à avoir plus de difficultés à identifier les situations problématiques liées à la raillerie et au harcèlement verbal par rapport aux situations problématiques liées à l’agression et à l’impolitesse. L’ensemble des résultats obtenus est discuté au regard des travaux en psychologie du développement.