Les interactions sociales entre freins et supports de la mobilité des personnes déficientes intellectuelles : une enquête réalisée auprès des professionnels. - Université de Lille Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2021

Les interactions sociales entre freins et supports de la mobilité des personnes déficientes intellectuelles : une enquête réalisée auprès des professionnels.

Résumé

La capacité à se déplacer sans l’aide d’un tiers, dans des environnements familiers ou nouveaux permet de relier différents espaces de vie (résidentiel, professionnel, espace des loisirs..), d’accéder aux mêmes activités que d’autres individus de même âge et constitue alors un vecteur de participation sociale. Cette mobilité indépendante est fortement restreinte chez les personnes en situation de handicap mental ou présentant une déficience intellectuelle (DI). Les enquêtes de terrain montrent que ces personnes sortent peu de chez elles, réalisent toujours les mêmes trajets et déclarent être en difficulté pour planifier des trajets nouveaux ou complexes (Alauzet, Conte, Sanchez et Velche, 2010 ; Mengue-Topio et Courbois, 2011). Interrogées directement, les personnes DI mettent en avant surtout des craintes personnelles et les réticences des proches (familles et professionnels) pour justifier leurs restrictions dans les déplacements. La mobilité requière plusieurs habiletés : créer des représentations spatiales au sujet de l’environnement dans lequel on se déplace, utiliser des transports, interagir avec d’autres usagers, résoudre des imprévus susceptibles de survenir au cours du déplacement (Devers, 1997). La mobilité des personnes DI est relativement peu étudiée, par conséquent, nous disposons de très peu de connaissances à l’heure actuelle pour comprendre les obstacles présents dans l’environnement physique et social, obstacles qui entrent en interaction avec les caractéristiques de la déficience intellectuelle et conduisent les familles et professionnels à restreindre les déplacements. De même, les travaux existant ne nous éclairent pas suffisamment à propos de la mobilisation des ressources cognitives, sociales, émotionnelles par les personnes DI elles-mêmes, ni les compétences à développer au préalable pour que l’apprentissage des déplacements soit bénéfique pour ces personnes. Afin, de répondre à ces questions, nous avons réalisé une enquête auprès de professionnels de l’éducation spécialisée. Méthode : 115 professionnels exerçant dans les structures d’accueil pour adultes et enfants/adolescents présentant une déficience intellectuelle légère à modérée (ESAT, IME) ont répondu à un questionnaire relatif aux facilitateurs et obstacles entravant les déplacements autonomes des personnes DI, à l’organisation de l’apprentissage de l’autonomie des déplacements par ces professionnels et aux compétences à développer préalablement à ce type d’apprentissage. Résultats : Selon 95% des professionnels interrogés, les personnes DI mobilisent elles-mêmes des stratégies variables au quotidien lors de leurs déplacements : le repérage, l’apprentissage ou mémorisation du trajet et la demande d’aide aux proches ou à d’autres personnes. De même, 73 % des professionnels estiment que les personnes DI ont une attitude et un comportement adapté socialement lors de leurs déplacements. Ainsi, savoir interagir avec d’autres usagers au cours des déplacements est une compétence essentielle aux déplacements indépendants pour les professionnels. Par conséquent, cette stratégie est enseignée aux personnes DI lors des apprentissages. Pour autant, 85 % des professionnels considèrent que les personnes DI demandent rarement de l’aide à autrui (autres voyageurs) et ce même en cas de besoin. En effet, les professionnels rapportent de nombreuses situations d’interactions sociales dans lesquelles les personnes DI sont démunies (moqueries, comportements malveillants, remarques désobligeantes ou regards gênants, etc.) et une minorité de professionnels interrogés (32 % des professionnels) considèrent que les personnes DI réagissent de manière adaptée à ces conduites inappropriées survenant aux cours de leurs déplacements. Ces résultats confirment ceux retrouvés dans d’autres études dans lesquelles les personnes DI expriment effectivement de nombreuses craintes liées aux interactions sociales à l’occasion des déplacements en transports en commun (comment demander de l’aide ? comment réagir aux face aux moqueries, remarques désobligeantes ? etc.). Démunies, elles restreignent alors leurs déplacements. Ainsi, l’environnement social constitue une entrave majeure aux déplacements autonomes au même titre que les caractéristiques inhérentes à la déficience intellectuelle (troubles de la planification, limitation du raisonnement, de l’abstraction) ou l’environnement physique (absence de lisibilité de la signalétique présente dans l’environnement).
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-03227461 , version 1 (17-05-2021)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03227461 , version 1

Citer

Hursula Mengue-Topio, Laurie Letalle, Yannick Courbois. Les interactions sociales entre freins et supports de la mobilité des personnes déficientes intellectuelles : une enquête réalisée auprès des professionnels.. 9ème Conférence ALTER-Les normes interrogées par le handicap-How are norms challenged by disabilities ?, Apr 2021, Rennes, France. ⟨hal-03227461⟩

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