La formation professionnelle : usage et rendement différenciés d’un dispositif « ressources » au sein des carrières féminines et masculines
Résumé
Les femmes sont désormais plus diplômées que les hommes en formation initiale (Couppié et Epiphane, 2019). Pourtant, si on observe un certain rapprochement des carrières masculines et féminines, notamment chez les plus jeunes salarié.e.s, les carrières des femmes demeurent globalement moins favorables que celles des hommes, que ce soit en termes salariaux ou d’accès aux positions professionnelles les plus élevées (plafond de verre). Une partie de ces écarts est liée aux problématiques d’articulation entre vie professionnelle et vie familiale, les naissances se traduisant encore fréquemment pour les femmes par des interruptions de carrières et des passages à temps partiel, notamment chez les moins qualifiées (Pora et Wilner, 2019). Les travaux consacrés au rôle des pratiques organisationnelles sur les inégalités de genre dans le monde professionnel restent relativement rares au regard de l’ampleur de la littérature analysant les déterminants familiaux et institutionnels (Couprie et Melnik, 2017, p. 98). Or la formation professionnelle constitue une des pratiques organisationnelles susceptibles d’impacter les carrières des salariés. Dans cette communication, nous proposons de questionner le rôle de la formation dans les inégalités de carrières entre femmes et hommes et ses interactions avec les autres déterminants des différences de genre en matière professionnelle, notamment la trajectoire familiale. De la sorte, cette proposition de communication questionne de manière large « dans une perspective institutionnelle, les conditions de possibilités de l'action individuelle » rendue possible par l’activation de « dispositifs qui font ressources », ici le droit à la formation. L’usage et les conditions d’efficacité de cette ressource sont-ils neutres au genre ?
Tirant partie des informations très riches contenues dans le volet salarié de l’enquête DEFIS du Céreq et notamment du suivi des salariés en panel , nous chercherons d’abord à vérifier si l’on observe des différences entre femmes et hommes dans la mobilisation de la formation continue : tant en termes de demande de formation, que d’accès et de durée. Dans une deuxième partie, nous explorerons le lien entre accès des femmes et des hommes à la formation et événements familiaux. Enfin, dans une troisième partie, nous nous interrogerons sur les effets différenciés de la formation continue sur les carrières des hommes et des femmes. Cette proposition de communication de nature empirique s’inscrit dans l’axe 2b de l’appel à communications : « Economie sociale, égalité et inégalités – les inégalités de genre ».