Re-bureaucratisation et normalisation dans le secteur public
Résumé
Cette communication se propose d’interroger les transformations du travail dans des institutions du secteur public français. Celui-ci rencontre depuis quelques années un processus de rationalisation et de réorganisation conduit principalement sous couvert du dogme du New Public Management (NPM).
Le NPM, dans une perspective managériale gestionnaire, participe de l’introduction de dispositifs de contrôle de l’action et du travail (Bezes) : évaluation des politiques publiques et des agents, systèmes sociotechniques, etc. Cette logique gestionnaire déstabilise les agents du secteur public (Milly) dans la mesure où, davantage centrée sur les outils que sur la finalité, elle leur fait perdre le sens de leur travail et la possibilité de créer de la solidarité par adhésion (Lascoumes et Le Galès).
Alors que le NPM se proposait de « libéraliser » les bureaucraties en y introduisant la logique de marché, il produit au contraire une re-bureaucratisation forte de ces institutions (Hibou) qui s’appuie également sur un processus d’agencisation (Dodds).
Comment se construit désormais l’action collective dans ces univers de travail ? La logique de contrôle gestionnaire a peu à peu dissous les formes induites de solidarité qui pouvaient se construire autour des valeurs et de la culture. Des salariés se retrouvent maintenant aux marges de leur propre institution. Dans un univers plus normalisateur et plus professionnalisé (Boussard, Demazière, Milburn), ceux-ci se concentrent davantage sur la tâche, sur les règles et sur les indicateurs oubliant en cela le fait que le service rendu au public est davantage qualitatif que quantifiable.
Pour rendre compte des logiques de transformation précédemment décrites, trois univers professionnels du secteur public seront principalement mobilisés : l’institution militaire (la gendarmerie nationale), l’enseignement supérieur (les écoles) et la fonction publique territoriale (une intercommunalité).