Ce livre propose de réfléchir au trajet qui conduit aujourd’hui à travailler sur la recherche création en danse, c’est-à-dire sur des œuvres (vidéo danse) et des pratiques (improvisation et montage chorégraphique) qui font du lieu (du voyage) et de la situation éphémère d’immersion sensorielle le ressort de la démarche artistique. Il s’organise en chapitres, qui rendent compte des différentes approches à travers lesquelles l’art chorégraphique dans le domaine de la recherche création a été envisagé. Les questions posées animent la réflexion sur le terrain immersif en danse (« practice as research »). Les esthétiques diverses de la danse sont le cadre premier à partir duquel se définissent la posture de recherche et l’examen de la relation théorie et pratique. La recherche création incite à repenser la façon dont une œuvre nous traverse et nous anime, en invitant à réfléchir à ce que serait une analyse chorégraphique de la situation. Son cadre esthétique ouvre en effet à une première question : comment écrire sur des œuvres chorégraphiques à partir d’un terrain immersif et comment écrire sur sa propre démarche en recherche création ? Une démarche chronologique s’est affinée au fil de recherches successives allant du modèle monographique à l’approche transculturelle. Elle appréhende une histoire de la recherche création aussi par la documentation des œuvres ou des pratiques expérimentées dans l’institution universitaire. La synthèse revient sur les conditions de son développement : les rencontres artistiques et intellectuelles déterminantes, le contexte même du champ chorégraphique et les questions que les œuvres ou les artistes soulèvent, enfin l’essor de la recherche création en danse dans le cadre universitaire. Le cœur de cette synthèse de parcours permet de penser l’articulation entre théorie et pratique. Il s’agit de réfléchir aux formes innovantes de recherche de l’art chorégraphique et aussi aux modes de résistance que ces formes sont susceptibles de provoquer. Lorsque la recherche en danse propose de s’engager en acte avec la recherche création, elle invite à saisir des dimensions à chaque fois spécifiques de la situation par le biais des terrains immersifs variables. De là découle la question suivante : quelles relations une œuvre chorégraphique peut-elle établir avec une situation non théâtrale ? Autrement dit, « Who says I have to dance in a theater » ? (Qui a dit que je dois danser dans un théâtre), s’exclame la chorégraphe américaine Anna Halprin, (1938-2000). Les enquêtes sur les fabriques des œuvres, conduites selon différentes méthodologies de travail, visent une meilleure compréhension des pratiques dansées et chorégraphiques. Elles invitent alors à réfléchir plus précisément aux façons dont la recherche en danse compose avec le réel : comment des œuvres et des pratiques de danse (improvisation, somatiques...) sont-elles comprises à partir d’un terrain immersif ?