Peindre l’Histoire, dissoudre l’Homme - Université de Lille Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2019

Peindre l’Histoire, dissoudre l’Homme

Résumé

Cold societies differ from warm societies in their relationship to time, memory and history. A cold society has no specific memory system. Through rituals, myths and various skills, each member keeps alive the story of their origins. Warm societies, on the other hand, set down their history in writing and develop a variety of storage devices. They archive and accumulate information with the imperative need to inscribe progress and, in so doing, collectively give meaning to History. Using selected works by Luc Tuymans as a starting point, and drawing on Lévi-Strauss's argument against Sartre's constitutive historicity that "the ultimate aim of the human sciences is not to constitute man, but to dissolve him",[1] we will attempt to grasp how, in the realm of art, the Belgian artist's paintings can participate in such a project. Based on photographic archives evocative of major historical events, some of his works seem to take pains to erase all spectacular content, even going so far as to dissolve the eventful character of these images. Perceived in this way, between memory and oblivion, Tuymans' work asserts itself as a distant, cooled and almost timeless view.
Les sociétés froides se distinguent des sociétés chaudes notamment dans leur rapport au temps, à la mémoire et à l’Histoire. Une société froide ne possède pas de dispositif spécifique de mémoire. Au travers des rituels, des mythes et de divers savoir-faire, chaque membre maintient vivant le récit de l’origine. Les sociétés chaudes, fixent par écrit et développent des dispositifs de stockage variés. Elles archivent et accumulent les informations avec l’impérieuse nécessité d’y inscrire un progrès et, par là-même, de donner collectivement du sens à l’Histoire. À partir de quelques œuvres choisies de Luc Tuymans et en s’appuyant sur la pensée de Lévi-Strauss qui déclarait contre l’historicité constituante sartrienne que « le but dernier des sciences humaines n'est pas de constituer l'homme, mais de le dissoudre »,[1] nous essaierons de saisir comment, dans le domaine de l’art, les peintures de l’artiste belge peuvent participer d’un tel projet. Élaborées à partir d’archives photographiques évocatrices de faits historiques majeurs, certaines œuvres semblent s’ingénier à effacer tout contenu spectaculaire, allant même jusqu’à dissoudre le caractère d’événement de ces images. Ainsi perçu, entre mémoire et oubli, le travail de Tuymans s’affirmera comme regard éloigné, refroidi et presque hors du temps.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-04465992 , version 1 (19-02-2024)

Identifiants

Citer

Raphael Gomerieux. Peindre l’Histoire, dissoudre l’Homme. Lubac, Céline; Lubac, Marcel; Bonnet, Eric. Archives rêvées, mémoires de peintres, Presses universitaires de Vincennes, p.285-301, 2019, 978-2-37924-016-4. ⟨10.3917/puv.lubac.2019.01.0285⟩. ⟨hal-04465992⟩
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