L’Ovide moralisé en tant que translatio des Métamorphoses d’Ovide relues à travers le prisme de l’allégorèse interroge les relations du mythe et du sacré dans l’œuvre. Le mythe y apparaît comme la première marche vers le sacré de la parole divine car il prépare le lecteur à entendre l’explication des mystères de la religion que sont les allégories. Toutefois, les relations entre allégories et mythe apparaissent souvent incohérentes, le récit glorifiant les héros troyens, tandis que l’allégorie les condamne et le recours à l’Ilias latina pour enrichir le texte d’Ovide renforce encore le caractère laudatif de ces figures. L’incohérence n’est que superficielle cependant si l’on considère que le mythe, en faisant tomber le lecteur dans le piège de l’illusion qu’engendre la fausse gloire guerrière, sert au contraire la moralisation qui déchire le voile de cette illusion. Il apparaît ainsi que le mythe ne recèle pas aux yeux de l’auteur un sens caché à interpréter (allegoria innata) mais est bien une matière littéraire que l’auteur modèle selon ses besoins, s’en servant même pour manipuler le lecteur avant de lui révéler la Vérité.