Places fortes des Hauts-de-France –6– Le démantèlement des fortifications dans les Hauts-de-France (XVIe-XXe siècle). Entre pertes patrimoniales et (re)découvertes archéologiques
Résumé
Although fortifications are particularly prevalent in the Hauts-de-France region, a significant proportion of urban enclosures and castles have disappeared since the modern era. This phenomenon has its origins in peacetime demolitions, which are much more effective than wartime destruction. Dismantling, which means taking off one's cloak and, by extension, the walls that protect an area, takes place over a longer period of time and is carried out using more effective means than undermining or bombing. However, these demolitions do not always result in the complete disappearance of the fortification. When they are motivated by military or political reasons, they consist of removing the qualities of a fortified point. In this case, the walls are completely demolished or totally disorganised by the creation of indefensible gaps. Sometimes, these demolitions are justified by town-planning issues and may be limited to certain sections of ramparts or gates.
The demolitions were a defining period for the areas concerned. By concentrating a large workforce and considerable resources, these demolitions are remarkable worksites that provide an insight into the challenges of an era, the players involved and the techniques used. As a transition between the time of enclosure and the time of agglomeration in the case of urban enclosures, the demolitions give rise to hopes, but also regrets about the disappearance, not always desired, of a historic landscape, as evoked in numerous books and studies written during the demolitions. This work is regularly accompanied by numerous archaeological discoveries, whose participants, methods and conclusions have evolved since the modern era. In some cases, these discoveries have been rediscovered because the walls were built on top of older architecture whose existence had been forgotten. This raises the question of the scientific, technical and intellectual approach to preventive archaeology well before the 2001 law.
Si le fait fortifié est particulièrement présent dans les Hauts-de-France, une part importante des enceintes urbaines et des châteaux a disparu depuis l’époque moderne. Ce phénomène trouve davantage son origine dans les démolitions en temps de paix, bien plus efficace que les destructions de guerre. En effet, le démantèlement, qui signifie le fait de se dévêtir de son manteau et par extension les murailles qui protègent un espace, s’inscrit dans une temporalité plus longue et s’effectue avec des moyens plus efficaces que la sape ou le bombardement. Cependant, ces démolitions n’aboutissent pas systématiquement à des disparitions complètes de la fortification. Quand elles sont motivées par des raisons militaires ou politiques, elles consistent à retirer à un point fortifié ses qualités. Les murailles sont alors totalement arasées ou totalement désorganisées par la création de trouées indéfendables. Parfois, ces démolitions se justifient par des enjeux urbanistiques et peuvent se limiter à certaines portions de remparts ou aux portes.
Les démantèlements sont une période marquante pour les espaces concernés. En concentrant une main d’œuvre et des moyens importants, ces démolitions constituent des chantiers remarquables qui permettent d’appréhender les enjeux d’une époque, les acteurs impliqués et les techniques utilisées. Transition entre le temps du cloisonnement et celui de l’agglomération dans le cas des enceintes urbaines, les démantèlements provoquent l’émergence d’espoirs, mais également de regrets quant à la disparition, pas toujours désirée, d’un paysage historique évoquée dans de nombreux livres et études rédigés durant les démolitions. Ces travaux s’accompagnent régulièrement de découvertes archéologiques multiples, dont les acteurs, les méthodes et les conclusions ont évolué depuis l’époque moderne. Parfois, il s’agit de redécouvertes car les murailles ont été construites sur des architectures plus anciennes dont l’existence a été oubliée. Dès lors, se pose la question de l’approche scientifique, technique et intellectuelle de l’archéologie préventive bien avant la loi de 2001.