Pour qui s’étend la ville ? Imaginaires et pratiques autour des « gated communities » dans le cas du Nord argentin.
Résumé
Tout comme dans d’autres régions argentines, la création d’une « nouvelle » zone administrative, le « Gran Salta », dans les années 2000 au nord du pays, suit la logique d’un processus de « métropolisation » qui se répète dans d’autres villes moyennes, tout en présentant des spécificités. Dans cette communication, je voudrais mettre en avant ces spécificités, revenant sur certains aspects de mon travail de thèse. Pour cela, je pose la question guide pour qui s’étend la ville ? afin de questionner un processus d’urbanisation de la périphérie de la ville de Salta qui est présenté comme homogène par les discours politiques.
Dans le cas de l’urbanisation de la zone sud-ouest de l’agglomération de Salta, la plupart de « nouveaux » espaces lotis étaient d’anciennes propriétés productives ou de villégiature appartenant à l’élite locale. La manière dont la reconversion productive et l’urbanisation s’imbriquent dans les espaces périurbains a constitué l’objectif d’une partie de ma thèse doctorale. Dans ce travail, j’ai défendu l’idée qu’il s’agissait de deux aspects d’un même processus de restructuration socio-spatiale des « espaces sociaux localisés » . Dans cette même ligne, je voudrais ici me pencher sur un autre aspect de ce processus. Il s’agit de revenir sur les transformations, dès 2015, des « résidences fermées » du sud-ouest de la ville de Salta, face à un marché saturé et à des politiques publiques nationales soutenant l’accès des classes moyennes à la propriété urbaine.
L’objectif de cette communication sera donc de caractériser le processus d’urbanisation du sud-ouest de l’agglomération de Salta, en rendant compte de trois échelles qui s’imbriquent, proposant une approche qui pourrait permettre d’ouvrir des comparaisons et d’analyses croisées. À l’échelle régionale, j’évoquerai notamment le début d’une politique urbaine de « métropolisation » dans les années 2000 et l’investissement public dans la construction d’une autoroute, laquelle a impacté directement sur le développement rapide et concentré du secteur immobilier privé du type « résidence fermée ». À l’échelle nationale, j’aborderai les principales caractéristiques du programme Pro.Cre.Ar., qui a permis l’accès à la propriété aux classes moyennes et affecté en conséquence la niche de l’immobilier privé dans les différentes régions du pays. Enfin, à l’échelle locale, je voudrais rendre visible l’imbrication de ces échelles à travers l’identification d’une disparité en matière d’accès à la propriété et de gestion publique des territoires urbanisés. Ainsi, se demander pour qui s’étend la ville dans une approche multiscalaire nous permet de mieux comprendre la complexité et les spécificités locales du processus d’urbanisation, tout en gardant présente l’importance de multiples échelles de gouvernance qui s’imbriquent dans la transformation des villes . Je propose cette communication à l’Axe 4 proposé par le RT 9.