Dessiner le réel. Deux siècles d’information en bande dessinée
Résumé
In 2013, the launch of La Revue dessinée seemed to usher in a new form of drawn reportage. The quarterly magazine is certainly successfully developing a formula that made comics a tool for elucidating reality.
This chapter looks back at the long history of graphic narrative in journalism, showing how, from the nineteenth century onwards, narrative drawing played its part in the diversity of journalistic writing. It goes on to show how, in the twentieth century, the didactic imperatives of the illustrated press formed the basis of an ethic of transmission through images that is found in most of the illustrated press for children. The emergence of adult readers in the 1960s and 1970s led naturally enough to the exploration of forms of reportage and documentary graphic writing, notably by Cabu and Jean Teulé. At the end of the twentieth century, what was new was not so much the ‘birth’ of a comic strip based on reality as its reconfiguration. Combined with autobiographical narratives, reportage comics took on new forms. From Rodolphe Töpffer to Maximilien Leroy, from Cabu to Joe Sacco, from Épinal popular imageries to Philippe Squarzoni, this chapter places the success and diversity of the ‘bande dessinée du réel’ in a long chronology, and explores its formal roots.
En 2013, le lancement de La Revue dessinée semble faire advenir une nouvelle forme de reportages dessinés. Assurément, la revue trimestrielle élabore avec succès une formule qui fait de la bande dessinée un outil d’élucidation du réel.
Ce chapitre revient sur une histoire longue des pratiques journalistiques de la narration graphique, montrant comment dès le XIXe siècle le dessin narratif joue sa partition dans la diversité des écritures journalistiques. Il montre ensuite comment, au XXe siècle, les impératifs didactiques des illustrés fondent une éthique de la transmission par l’image que l’on retrouve dans l’essentiel de la presse illustrée pour les enfants. L’émergence de lectorats adultes dans les années 1960-1970 se traduit donc assez naturellement par l’exploration de formes de reportage et de d’écritures graphiques documentaires, notamment chez Cabu ou Jean Teulé. À la fin du XXe siècle, la nouveauté n’est donc pas tant la « naissance » d’une bande dessinée du réel que sa reconfiguration. Hybridée au récit autobiographique, la bande dessinée de reportage emprunte alors de nouvelles voies. Ainsi, de Rodolphe Töpffer à Maximilien Leroy, de Cabu à Joe Sacco, de l’imagerie d’Épinal à Philippe Squarzoni, ce chapitre réinscrit le succès et la diversité de la «bande dessinée du réel» dans une chronologie longue, et en explore les ressorts formels.
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