Un roi indigne d’une femme noble, Henri III Plantagenêt
Résumé
En l’année 1239, Matthieu Paris, chroniqueur de l’abbaye de Saint-Albans, dresse la liste de ce qu’il présente comme une nouvelle série d’accusations contre le comte de Kent, Hubert de Burgh, jadis véritable chef du gouvernement du roi d’Angleterre (« chief justiciar »), en particulier en essayant de saborder le mariage du jeune roi Henri III avec « une noble dame ». L’analyse montre que le chroniqueur s’efforce d’invoquer de plusieurs manières les associations d’idées médiévales relatives au statut d’un homme. Pris dans son ensemble, ce texte joue donc sur les associations courantes à la fin du Moyen Âge entre fiabilité et masculinité, entre capacités militaires et virilité, permettant de regrouper la tromperie, l’infidélité, la débilité physique et mentale, l’insuffisance militaire et l’impuissance sexuelle. Ainsi, Matthew Paris cherche à suggérer que ce n’est pas à Hubert de Burgh que manquent les qualités d’un homme digne de ce nom, mais bien à Henri III lui-même.