Normes techniques, normes sociales, l'Internet sous contrôle chinois
Résumé
Technical norms, social norms, the chinese internet under contrololivier arifon 1, * 1 : resic (resic)* : auteur correspondantWith internet, the Chinese's government is coherent with its global project for the country. Since 1995, it has recommended a use of internet for the society and developed several forms of control. actually, four registers co exists: a technical control, a legal regulation, human measures on civil society and, more complex, a Chinese entrepreneurship solution. Here western enterprises should share the Chinese market with Chinese's competitors, according to a competitive intelligence strategy supported by the State. the article proposes to present theses different aspects. First, it's interesting to compare the western conceptions of internet with the Chinese ones. in the West, it's widely admitted that internet, since its origin until now, rely on liberty of speech, of exchanges, allows development of competencies and access to knowledge, dimensions included in a liberal and socio technical context. in other words, it's a sovereign internet on its own bases (for more details, see the debates of the internet governance Forum). nevertheless, the reality shows the contrary, especially in the year 2012, and governance is still decided and done by the governments. in China, the government has developed an appreciably different discourse. internet is a tool for the economical development of the country and more recently, the Web is presented for its role on increasing living conditions and expectancies. it's a tool, which offers right to know, to participate, and to be heard but strictly according to the rule of law. For a summary of the official opinion, see a sta tement on radio China international (http://french.cri.cn, 18 January 2012). it's a regulated tool within the frontiers, and based upon the national principle of sovereignty. Several dimensions structured the research methodology: survey of web sites in French, english, Chinese, contacts with Chinese and english scholars, conferences and meetings on the topic, specially those done by the three think tanks working on China and asia in Brussels and economic survey on Chinese's enterprises in internet. a chronological survey shows how, technically and practically, the State Council and the ministries involved have installed a four dimensions scheme. - First, we have to consider a technical aspect. topic already well documented and analysed, the control relies on the data's traffic going in and out of the country. Such a solution has received several names: Golden Shield, Great firewall... The monitoring of traffic is possible because the country is connected with only four Backbones for exchanging data's with the rest of the world. More over, there are technical rules imposed by the authorities to the providers and the cybercafés: data's storage, suppression of contents, censorship on a regular updated list of keywords, and registration of users. - a legal aspect: many laws have been promoted, focusing on national security and customs protection... But the observance of Chinese practices on how laws are applied shows that interpretation of these types of laws is very flexible, not to say subjective. - A human measures aspect. newspapers, posters in the public places, statement of official's are common and deals on the same register: defining the "correct" use of the net, in a social and harmonious way, to invite les users to interiorize social limits. In case of someone crossing the line, sometimes hard to measure, the monitoring of email, the hacking or the arrest of activist and dissidents is decided. (January 2012 present clear aspects of this policy). - Finally, there is an industrial dimension, the actual step of the process. the government strongly support the development of national enterprises on the internet Chinese's market. these enterprises are charged to compete directly the western companies on the same technologies and services. Baidu face Google, Yonku, and the platform for video face Youtube, QQ face twitter (who is forbidden) and the social network ren ren faces Facebook. this solution is sometimes called a national intranet. the companies should apply norms and laws promoted by the government, a way to build a sovereign space, with minimal references to western approach of the question on internet governance modalities. Besides, out of the country, the Government support Chinese enterprises and technologies, in the context of its soft power strategy. the state administration tries to shape at its advantage this environment. this communication propose to presents stakes and key points on this question which combine digital technologies with social aspects and international relations. references arifon, o., liU, C. Sautedé, e. (2009), Société civile et internet en Chine et asie orientale, Hermès n° 55, 450 pages. arifon, o. (2006), " la culture stratégique de la Chine, un contexte favorable pour une intelligence économique ", Monde Chinois n°8, pp. 61-72. arsène, Séverine, (2011), internet et politique en Chine, Karthala, 420 pages. Bandurski, D. (2007), "Pulling the Strings of China's internet", Far east economic review, decembre 2007 Baromètre international de la normalisation, (2011), aFnor Calingaert, D. 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Avec internet, le régime chinois est conforme à son projet global, ayant préconisé à partir de 1995 un usage clairement défini pour la société et dévelop pé plusieurs formes de contrôle. Sur ce point, quatre registres existent, dans l'ordre chronologique suivant : un contrôle technique, une régulation juridique, une pression sociale et, plus complexe, la mise en place d'une solution entrepreneuriale sinisée au maximum. Dans ce cas, les entreprises occidentales doivent partager le marché chinois avec des entreprises nationales soutenues par l'etat selon un dispositif d'intelligence économique. Cette communication propose de détailler ces différentes facettes. tout d'abord, il est intéressant de mettre en regard les conceptions de l'internet selon la Chine ou selon l'occident. Dans ce dernier espace, il est assez largement admis que l'internet, de ses origines à aujourd'hui, repose sur la liberté de dialogue et d'échanges, permet le développement de compétences et l'accès à la connaissance, le tout dans un contexte socio technique, libéral au sens politique du terme. ou en d'autres termes, un internet souverain sur ses propres bases (cf. les travaux de l'internet governance Forum). Cependant, la réalité montre le contraire et la gouvernance reste, en l'état actuel, encore du ressort des etats. Dès la mise en place de l'internet chinois, l'etat a développé un discours sensiblement différent. l'internet est un outil au service du développement économique du pays, puis plus récemment, il est présenté dans les discours officiels comme un outil au service de l'amélioration des conditions et du niveau de vie. C'est un outil qui offre le droit de savoir, de participer et d'être entendu, en accord strict avec les lois. Pour un résumé de la position officielle, voir le communiqué de presse de radio Chine internationale du 18 janvier 2012 (http://french.cri.cn). C'est donc un outil régulé à l'intérieur des frontières, reposant sur le principe de souveraineté territoriale. Plusieurs dimensions structurent les modalités de recherche : surveillance des sites web en français, chinois et anglais consacrés à la question de l'internet, contacts avec des chercheurs chinois en Chine et dans le monde anglo-saxon, conférences et colloques sur le sujet, notamment celles des trois think tanks sur l'asie présents à Bruxelles, veille économique sur les entreprises chinoises du secteur et sur les normes. Un parcours chronologique montre comment, techniquement et pratiquement, l'etat chinois a mis en place un dispositif décomposable en quatre aspects. - Un aspect technique tout d'abord. Sujet déjà documenté, il s'agit du contrôle des flux entrant et sortant des données. Plusieurs noms désignent le dispositif : Golden Shield, Great firewall... La surveillance des données est rendue possible par la limitation à quatre points d'accès (Backbones) pour le trafic numérique entre le pays et le reste du monde. a cela s'ajoutent des règles techniques imposées aux opérateurs et aux cybercafés : conservation des données, suppression de contenus, enregistrements des utilisateurs. - Un aspect légal ensuite. De nombreuses lois ont été promulguées, faisant référence à la sécurité nationale, à la protection des mœurs, etc. l'étude des pratiques chinoises sur ce sujet montre en outre que l'interprétation de ces lois reste très flexible. - Un aspect social (human measures en anglais). Journaux officiels, affiches dans des lieux publics, conseils de responsables politiques tous sur un même registre : favoriser un " bon " usage du réseau au sens de socialement convenable, inviter les usagers à intérioriser des limites sociales. lors de franchissement d'une ligne, parfois difficile à mesurer, la surveillance des messa geries, leur piratage, voire l'arrestation de dissidents et d'activistes est décidée. Pour une synthèse du sujet, voir le Monde du 18 janvier 2012 : " Une logique de reprise en main de l'expression critique sur le net. " Par ailleurs, la presse occidentale a fait état de citoyens payés 50 cents de yuan pour poster des messages positifs sur les actions du régime. - Un aspect industriel enfin, étape actuelle du processus. Le gouvernement favorise largement le développement de champions nationaux du web, souvent à capitaux d'etat, chargés de concurrencer directement les entreprises occidentales sur les mêmes créneaux. ainsi pour les moteurs de recherche Baidu est face à Google, la plateforme de vidéos Yonku face à You tube, le microblogging QQ est lui seul face à twitter, interdit et, pour les réseaux sociaux, ren ren à Facebook. le dispositif est parfois qualifié d'intranet national. Dans tous les cas, les entreprises sont conduites à appliquer normes et lois édictées par le gouvernement, contribuant à un espace souverain, construit avec le minimum de références aux modalités en vigueur en occident sur la gouvernance de l'internet. Par ailleurs, à l'extérieur, le gouvernement appuie des entreprises et des technologies chinoises et tente d'imposer des normes techniques à l'international dans le cadre de sa politique d'influence. L'Etat chinois cherche à façonner à son avantage cet environnement. Cette communication propose de dresser l'état des lieux de cette question qui combine technologies et pratiques numériques, aspects sociaux et relations internationales.
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