Mortifère ou vital, les normes de travail exprimées sur les écrans de cinéma français
Résumé
This paper intends to question the evolution of professional norms as far as the socializing and self-structuring role of work is concerned. We feel it is an important question since both management and new communication technologies are supposed to have damaged work situations. one may believe that the positive roles of work have therefore disappeared from recent French movies, which is not the case.our methodology is quite original. We watched thoroughly every movie listed in the filmography, read pitches on public web sites, press files, many critics' articles. We paid attention to the technical aspects of movies : production, scenario, acting, stage design, costumes. We focused on the most popular French movies, in which everyday work situations are rarely featured. on the other hand, committed movies frequently involve work, but it is shown as a painful, constrained, even as deadly activity/environment that should be exposed and disputed. When something funny takes place at work, laugh always seems tainted, cynical. Violent death, murder or suicide, is uncommonly present in anti-capitalist committed movies. Death is an "abiding feature" as if it were the only way to escape management reification. In the most popular French movies, work situations are either discreet and implicit, or extravagant. Work places are a mere background.Work places and daily routines are hardly exploited in scenarios whereas jobs are better treated since they lend extra substance to characters. one should also mention traditional themes tackled by sociology such as the way professional implication/involvement generates symbolic gratification, the difficulties met by those who decide to favour both a successful career and a happy family life, line work alienation or social conflicts. Some popular movies do express positive values and norms about work. But they do it in a negative way by showing the effects of unemployment, the deserving hero's wild quest to get a job and be considered as a human being again. Happiness at work processes from professionalism and the sense of services but also from social integration : building ties with its colleagues, feeling that one is part of a team.The norms about work as conveyed in French feature films: does work still provide social integration and happiness or just death ?
Cette communication interroge l'évolution des représentations quant au rôle structurant et épanouissant du travail sous l'effet des modèles gestionnaires de management des ressources humaines et des technologies de l'information et de la communication. nous entendons questionner le présupposé d'une disparition des normes professionnelles positives dans le cinéma de fiction contemporain.notre communication s'ouvrira sur une explicitation de notre méthodologie originale et de notre choix d'une filmographie sélectionnée en fonction du critère du succès public. nous avons porté notre regard sur le travail technique des producteurs, réalisateurs, scénaristes, acteurs, dialoguistes, ensembliers, etc. nous avons pu nous intéresser à la formulation des dossiers de presse de certains films, aux critiques publiées lors de leur sortie sur les écrans, à leur pitch ou à leur résumé sur des sites internet grand public comme imdb ou allocine. Enfin et surtout, nous avons vu à plusieurs reprises chacun des films qui sont ici cités. Notre analyse de la discrète figuration du " tra vail banal " dans les films grands publics de divertissement les mieux placés au box-office s'ouvre sur un contrepoint : l'étude de films qui évoquent le monde du travail dans une perspective dite engagée. il serait d'abord un lieu d'ordre, de normes et de souffrance qu'il convient de mettre à jour, de contester et de renverser. la comédie n'est jamais franche, elle est douce, amère, cynique. la mort violente, assassinat ou suicide, est un point de fixation " des films engagés sur le travail. La seule échappatoire à la réification managériale serait la mort.Dans les films français les plus populaires, le travail est présent selon des modalités discrètes, implicites ou extravagantes. la représentation des situations quotidiennes et des postes de travail est limitée, c'est une toile de fond. Plutôt que les lieux et situations de travail, les professions sont convoquées en tant qu'elles donnent corps aux personnages. les thèmes classiques de la sociologie du travail sont présents quoique de manière discrète : le lien entre implication professionnelle et gratification symbolique et la difficile conciliation entre vie professionnelle et vie familiale, l'aliénation et les conflits sociaux. Certains films expriment des normes positives sur le travail. Ils le font en creux en évoquant les effets destructeurs du chômage, ou bien la lutte farouche de certains pour accéder au travail et donc conquérir leur humanité, la dimension co-extensive structurante des processus d'intégration sociale et professionnelle, la solidarité chaleureuse et les rites au sein des collectifs professionnels. Comme l'exprimait Maurice thévenet, " le bonheur est dans l'équipe " et la prestation d'un service de qualité.
Origine | Accord explicite pour ce dépôt |
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