La compétence communicationnelle et le jeu des normes : le cas de la communication chinoise - Université de Lille
Communication Dans Un Congrès Année : 2012

La compétence communicationnelle et le jeu des normes : le cas de la communication chinoise

Résumé

By studying how the Chinese individual plays on social norms, the author aims to show how communicative competence links the micro and macro levels together. Based on the theory of complex networks (Green, 2000; Goldstein, 1999; Harvey & Reed, 1996) and on the structuration theory (Giddens, 1984), the article examines how organizational phenomena are inextricably related to the emergence of structural patterns that constraint action. These configurations are meta-matrix that bind and organize together, at higher hierarchical scales, various elements appearing in several social - both physical and cognitive - networks (Hardy & Agostinelli, 2008). In the context of socio-material organizations it can be said that there is organizational coorientation as human communication links two environments together: a social-material and a conceptual environment mediated by language (Taylor, 2006; Taylor & Van Every, 2000). Human beings live in two worlds at once; as a result, there is a need of a continuous "translation" from one world to another. Communication plays an essential role in this process. Therefore, studying communication helps us understanding how to "capture the dynamics of the translation in progress" (Taylor, 2006, p.147). The author conceives the social world as consisting of two main interconnected networks, a socio-material network linking human and nonhuman but physical actants, and a conceptual network, consisting of cultural rules, whose norms are one of the components. Culture is defined as a social structure, i.e. a socially distributed cognitive system, consisting of rules and resources (which are conceived as values or mental representations) and mediated by language. If the cultural rules organize the social world, behavior is only a matter of individuals (cf. Sapir, 1967/1927, p.38). In this context, individual variations are understood as individual practices which are guided but not determined by the system of rules. Culture is a cognitive network which constantly emerges at a variable degree of structuration from various hierarchical levels, which are local or global. These hierarchical levels emerge in situation through individual practice. The cognitive system of an individual can be represented as an emerging meta-matrix that combines on several dimensions elements of various socially distributed cognitive networks, and the individual can be viewed as "developing competence in multiple rule structures"(Sigman, 1980, p.38). Therefore the communicative competence can be conceived as this emerging meta-matrix. In the context of the social and interactional game, competence is defined as the ability of an individual to express an individual path (efficient aspect) while respecting the social rules, the common frame of reference (appropriate aspect). The constitutive rules, which are systems of meaning (cf. Searle, 1972), are the basis of normative rules and define the meaning of sanctions. As a consequence, social competence can be conceived for the individual to achieve his goals, even in the case where they would be inconsistent with the shared conventions and norms, without being sanctioned. To do this, the individual can bend the rules or change them. Bending the rules means finding a gap in the meaning system of constitutive rules. Changing the rules means modifying the configurations between the rules in the system of rules or modifying the system itself. Communicative competence is the ability to play with the norms: it is what introduces variety and individual strategy within the social structure. This study is based on the case of Chinese communication. The choice of examining communication in the context of Chinese culture has been made for two reasons, (1) because a national culture is a system of rules often institutionalized hence more salient compared to the rules of other national cultures; and (2) because Chinese culture is described by intercultural literature as "collective" compared to an individualistic Western culture. As part of this so-called collective culture, the individual would have no choice but to follow the rules which are imposed on him/her. However, some studies show that the Chinese individual exists as in any culture and that he/she uses communication strategies (Hardy and Jian, 2011; Chang, 2010, 2001). It is thus interesting to study the communicative competence, or the ability the individual has to play on social norms, in the Chinese context where communicative norms are particularly prominent. Keywords : norms ; cultural rules ; competence ; game ; Chinese communication
Notre étude, à travers l'exemple du jeu de l'individu chinois avec les normes, a pour but de montrer comment les niveaux micro et macro sont liés à travers la compétence de communication. Elle s'appuie sur la théorie des réseaux complexes (Green, 2000 ; Goldstein, 1999 ; Harvey & Reed, 1996) et sur la théorie de la structuration (Giddens, 1984) pour montrer que les phénomènes organisationnels sont indissociablement liés à l'émergence de configurations, de structures qui vont contraindre en retour l'action. Ces configurations sont des méta-matrices liant et organisant, à des échelles hiérarchiques supérieures, des éléments apparaissant dans différents réseaux sociaux, matériels et cognitifs (Hardy & Agostinelli, 2008). Dans le cadre des organisations socio-matérielles, il y a coorientation organisationnelle, car la communication humaine relie deux environnements: un environnement social-matériel et un environnement conceptuel médié par le langage (Taylor, 2006 ; Taylor & Van Every, 2000). Les êtres humains vivent dans les deux mondes à la fois, d'où la nécessité d'effectuer sans cesse des " traductions " d'un monde à l'autre. C'est là que l'on retrouve le rôle essentiel de la communication, dont l'étude permet de " capturer cette dynamique de la traduction en cours" (Taylor, 2006, p.147). Nous concevons donc le monde social comme constitué de deux principaux réseaux interreliés, un réseau socio-matériel reliant des actants humains et non-humains, mais physiques, et un réseau conceptuel, constitué de règles, par définition culturelles, et dont les normes sont un des éléments. Nous définissons la culture comme structure sociale, c'està-dire un système cognitif socialement distribué, formé par des règles et des ressources (que nous comprenons comme étant les valeurs, ou représentations mentales), et médiatisé par le langage. Si les règles culturelles organisent le social, comme le rappelle Sapir (1967/1927, p.38), " il n'est de comportement qu'individuel ". Dans ce cadre, les variations individuelles sont comprises comme étant les pratiques individuelles guidées, mais non déterminées, par le système de règles. La culture est donc un réseau cognitif en constante émergence, à divers degrés de structuration de niveaux hiérarchiques, plus ou moins locaux ou globaux. C'est dans la pratique individuelle cependant qu'émergent ces niveaux hiérarchiques, de manière situationnelle. Le système cognitif d'un individu peut donc être représenté comme une méta-matrice émergente qui associe sur plusieurs dimensions des éléments de divers réseaux cognitifs socialement distribués, et c'est bien l'individu qui " développe des compétences dans de multiples structures de règles " (Sigman, 1980, p.38). La compétence communicationnelle peut être considérée comme cette méta-matrice émergente. Dans les règles du jeu social interactionnel, la compétence revient à la capacité à exprimer un chemin individuel (aspect efficient) tout en respectant les règles sociales, le cadre de référence commun (aspect approprié). Puisque les règles constitutives, qui sont des systèmes de sens (cf. Searle, 1972), sont à la base des règles normatives et définissent notamment le sens des sanctions, la compétence sociale va consister pour l'individu à parvenir à ses objectifs même dans le cas où ils seraient en contradiction avec les conventions et normes en vigueur, sans être sanctionné. Pour ce faire, l'individu peut contourner les règles, ou les modifier. Contourner les règles signifie trouver un "jeu", un interstice, dans le système de sens des règles constitutives. Modifier les règles signifie modifier les configurations entre les règles dans le système de règles, voire modifier le système lui-même. Ainsi, la compétence communicationnelle permet de jouer avec les normes et introduit la variété et la stratégie individuelle à l'intérieur de la structure sociale. Notre étude s'appuie sur le cas de la communication chinoise. Le choix du contexte chinois a été effectué pour deux raisons. Tout d'abord, parce qu'une culture nationale constitue un système de règles souvent institutionnalisées et donc plus facilement visibles si elles sont mises en comparaison avec les règles d'autres cultures nationales. Ensuite parce que la culture chinoise est décrite par la littérature interculturelle comme étant " collective " face à une culture occidentale individualiste. Dans le cadre d'une culture dite collective, l'individu n'aurait d'autre choix que de suivre les règles qui lui sont imposées. Or certains travaux montrent que l'individu chinois existe comme dans toute culture et utilise des stratégies communicationnelles (Hardy et Jian, 2011 ; Chang, 2010 ; 2001). La compétence communicationnelle, ou le jeu de l'individu avec les normes, est donc d'autant plus intéressante à étudier dans le contexte chinois où les normes communicationnelles sont particulièrement saillantes.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-00840328 , version 1 (02-07-2013)

Identifiants

  • HAL Id : hal-00840328 , version 1

Citer

Mylene Hardy. La compétence communicationnelle et le jeu des normes : le cas de la communication chinoise. Communiquer dans un monde de normes. L'information et la communication dans les enjeux contemporains de la " mondialisation "., Mar 2012, France. ⟨hal-00840328⟩
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