La certification de contenus collaboratifs : gestion de normes techniques et de communauté à l'agence photo citizenside - Université de Lille
Communication Dans Un Congrès Année : 2012

La certification de contenus collaboratifs : gestion de normes techniques et de communauté à l'agence photo citizenside

Résumé

The certification of collaborative news content : the management of technical norms and community in the photo agency citizenside The production of news content for upfront media has changed, especially since the emergence of broadband connections (in 2004 in France, for example). The traditional purveyors of news - news agencies - are threatened by online actors (Boyd-Barrett, 2010), including amateurs. On another side, novel news agencies - specialized in certain areas, or in certain modes such as photos or videos - have built their own model on participative journalism: they use the material of non professionals (Lasica, 2003; Paulussen et al., 2007). Therefore, their challenge is as thus: to ensure reliability for their news content offers, as the latter are intended for mainstream media (Rebillard, 2009; Bouquillion and Matthews, 2010).We wish to analyze the case of Citizenside, a web 2.0 photo agency, which was launched in France in 2006. Our aim is to measure the implication of technical norms and of community both in the strategies of production and of reputation (branding). The Citizenside agency has gained credibility among the media landscape thanks to several national events (mainly the scandals of Jérôme Kerviel - trader at the Société Générale in 2008 - and of John Galliano - fashion-designer of Dior in 2011) or international events (uprisings in the Arab world; partnership with The Guardian for the photo coverage of the Tour de France).A "double" collaboration: participative journalism and AFP-Citizenside "partnership"The Agence France-Presse - one of the three main international news agencies, and the oldest (Palmer and BoydBarrett, 1981) - is confronted with a global and growing competition with Internet actors. Therefore, the French news agency tries to position itself towards this new environment. It first did, by defending its copyright (and by suing Google then by signing an agreement with the American portal). Yet, the agency does not try to ignore online networks (Palmer and Nicey, 2011).Not only did AFP define rules for its own use of Twitter and Facebook, but it also decided in November 2007 to collaborate with Citizenside, by holding a 34 % stake of the young company. By doing so, the Agence France-Presse challenged its own reputation by using a type of news content, considered as less reliable and thence often criticized (Keen, 2008).The "certification" of news content: technical norms and modes of checking On its side, the Citizenside agency is confronted with two major challenges: it has to make its business model stable; furthermore, it has to reinforce the certification of the photos proposed to traditional upfront media (newspapers, magazines, news sites, television).The first challenge led the agency to diversification (by creating "reporters kits" intended to help usual newsrooms to integrate the content of their own communities of news consumers; by monetizing its expertise with B-to-B training). Such diversification ensures a balance with the main activity of selling the photos provided by its contributors - the latter keeping 65 % of the sale to media. The second challenge - certification - is of greater interest and is the highest occupation of Citizenside's newsroom. Citizenside's philosophy - new types of news content, new angles, new approaches of information - is based on its contributors, called "members". How are photos and videos verified? As they originate from "amateurs" (we will discuss the word), do they imply specific technical norms? Or do they imply new modes of managing news content? The team indeed operates verification for any of the 300500 daily photos published on its website.The authenticity and truth of the content - and of related information - is based on two aspects: metadata, EXIFF data and geolocation are some of the technical norms which are examined; the communication with members/contributors ("community management") is regular, and it has deeper dimensions than the usual exchanges between traditional newsrooms and their audiences (Filio, 2011). Therefore, the agency Citizenside ambitions to change the User Generated Content model (UGC) into a "User Certified Content" model ("UCC"). This ambition illustrates the need to be considered as a serious news actor and to be recognized as such by news peers (Bruns, 2005)."Renewing" quality journalism?The certification processes of the so-called "amateur" content are somehow shaping a quality participative journalism (Wittke and Hanekop, 2011). Are such processes based on new hypermedia norms? Are those norms limited to novel actors, or are they shared with traditional mainstream media? Aren't they even going further than traditional practices, sometimes marked by failure (Heinderyckx, 2003)? The discussion seems important, in so far as the new actors may change the media landscape, not only in what it can offer, but in its routines and professional practices (Bowman and Willis, 2003; Jenkins, 2006).This communication, based on my research at Agence France-Presse (post-doc financed by the French Agence Nationale de la Recherche), will use recent material and examples, in order to measure digital practices of news agencies - mainly Citizenside, where I conducted several research interviews.
La production de contenus informationnels à destination des professionnels des médias est en mutation, particulièrement depuis l'avènement de l'Internet à haut débit (en 2004 en France, par exemple). Les fournisseurs traditionnels d'information, à savoir les agences de presse, voient leur production concurrencée par des acteurs en ligne (Boyd-Barrett, 2010), voire reprise par certains d'entre eux, pour une part "amateurs". D'un autre côté, certaines nouvelles agences spécialisées - qui sur une aire géographique, qui sur un support, photo et vidéo par exemple - fondent leurs modèles sur le journalisme participatif : elles font appel à des non-professionnels (Lasica, 2003; Paulussen et al., 2007). Avec un défi : fiabiliser leur offre de contenus, ceux-ci ayant vocation à être in fine proposés aux médias mainstream (Rebillard, 2009 ; Bouquillion et Matthews, 2010).Nous proposons d'analyser le cas de Citizenside, agence photo de type web 2.0, née en France en 2006. Ce, afin de mesurer l'implication des normes techniques et de la communauté de contributeurs à la fois dans les stratégies de production et de réputation (ou branding). De nombreux événements de portée nationale (affaires Jérôme Kerviel et John Galliano) voire internationale (révoltes dans le monde arabe ; accord avec The Guardian pour la couverture du Tour de France) ont permis, entre 2009 et 2011, de crédibiliser cette agence au sein du paysage professionnel.Une "double" collaboration : journalisme participatif et "partenariat" AFP-CitizensideFace au phénomène de concurrence globale et accrue du Net, l'une des trois plus puissantes - et la plus ancienne - agences mondiales d'information (Palmer et Boyd-Barrett, 1981), l'Agence France-Presse, tente de se positionner. Elle le fit d'abord par la mise en avant du droit d'auteur et la lutte contre la copie de ses contenus (en poursuivant Google Actualités puis en signant un accord avec le portail américain). Pour autant, l'agence cherche à ne pas occulter les réseaux en ligne (Palmer et Nicey, 2011). Non seulement a-t-elle défini ses propres régles d'utilisation de Twitter et de Facebook, mais elle a surtout elle a décidé d'établir dès novembre 2007 une collaboration avec Citizenside, via une prise de participation à 34 %. Ce faisant, l'agence française la plus réputée devient elle-même usagère de contenus qui le sont moins, et dont la fiabilité est même contestée de manière récurrente (Keen, 2008).La certification des contenus : normes techniques et processus de vérificationDe son côté, l'agence Citizenside est confrontée à deux défis majeurs : stabiliser son modèle économique et renforcer la certification des photos qu'elle propose en aval aux médias traditionnels (journaux, magazines, sites web, télévisions).Le premier objectif pousse à une diversification (" kits reporters " destinés à aider les rédactions classiques à intégrer leurs propres communautés ; formations sur la base de son expertise) qui vient équilibrer l'activité principale, dont la particularité repose sur une rétribution relativement élevée des contributeurs : la vente d'une photo Citizenside à un média revient en effet pour 65 % à son auteur. Le second défi, celui de la certification, nous intéresse quant à lui au premier titre, et anime la vie de la rédaction. La philosophie de Citizenside - nouveaux types de contenus, nouveaux angles, nouvelles approches de l'information - repose sur ses contributeurs, qualifiés en interne de " membres ". Dès lors, comment s'opère ladite vérification des contenus photos et vidéos ? Ces derniers, issus d'" amateurs " (le terme sera discuté), impliquent-ils des normes techniques spécifiques ? ou est-ce leur gestion qui s'avère nouvelle ? Sur les 300 à 500 photos mises en ligne quotidiennement, aucune n'échappe au filtre de la vérification par l'équipe.Cette vérification de l'authenticité des contenus - et des informations qui l'accompagnent - est fondée à la fois sur une maîtrise des normes techniques liées à ces mêmes contenus (métadonnées, données EXIFF, géolocalisation de leur production et de leur expédition) et sur une communication avec les membres (community management), qui se révèle extrêmement plus poussée que les rédactions classiques avec leurs publics (Filio, 2011). De fait, l'agence Citizenside met en avant une terminologie singulière : elle porte l'ambition de passer du modèle UGC (User Generated Content) à celui d'" UCC " (User Certified Content). On saisit là un gage pour elle de sérieux et de reconnaissance par les pairs (Bruns, 2005).Un "renouvellement" du journalisme de qualité ?Les processus de certification des agences de contenus dits " amateurs " semblent dessiner un journalisme contributif de qualité (Wittke et Hanekop, 2011). Ces processus se font-ils sur la base de normes hypermédias nouvelles, qui seraient propres à ces nouveaux acteurs, ou partagées par les médias mainstream ? Ne vont-ils pas, même, au delà des pratiques traditionnelles, parfois défaillantes (Heinderyckx, 2003) ? Le sujet est décisif, dans la mesure où les nouveaux acteurs bousculeraient alors le paysage non seulement dans son offre, mais dans ses pratiques et ses routines professionnelles.Cette communication, fondée sur mes recherches effectuées à l'AFP (post-doctorat sur projet ANR, programme Corpus), s'appuiera sur quelques exemples récents, afin de mesurer la singularité et les enjeux des pratiques numériques des acteur majeurs des médias que sont les agences de presse ; et parmi elle, l'agence Citizenside, auprès de laquelle j'ai conduit plusieurs entretiens de recherche.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-00840596 , version 1 (02-07-2013)

Identifiants

  • HAL Id : hal-00840596 , version 1

Citer

Jérémie Nicey. La certification de contenus collaboratifs : gestion de normes techniques et de communauté à l'agence photo citizenside. Communiquer dans un monde de normes. L'information et la communication dans les enjeux contemporains de la " mondialisation "., Mar 2012, France. ⟨hal-00840596⟩
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