"Aristote et les théories pangénétiques du Ve siècle : enjeux métaphysiques d'un débat biologique" - Université de Lille
Chapitre D'ouvrage Année : 2015

"Aristote et les théories pangénétiques du Ve siècle : enjeux métaphysiques d'un débat biologique"

Résumé

In the Generation of Animals (GA), Aristotle criticises at length the pangenetic theory (according to which the seed is drawn from the whole body) and leaves aside other positions which are, at first sight, closer to his own. This paper aims to understand why. First, a text from GA I, 18, in which Aristotle invokes Empedocles and Anaxagoras to construct a philosophical debate about this topic, is examined in detail: thus, the prerequisites of a correct inquiry into the origin of the seed are brought out. Aristotle's position is then examined (that seed results from the concoction, by the male, of blood, which is the ultimate nourishment). The seed, conveying the form-bearing motions to the matter provided by the female (menses), happens to be both the principle of movement and of animation. Nevertheless, the female also contributes in her own way. Indeed, the embryo results from the encounter of an agent (male seed) and a patient (menses) both containing in potency the parts of the body, although in different ways. Furthermore, heredity is shared between male and female: one can resemble both father and mother (and also forebears). Can the singular identity of an individual therefore be reduced to a patchwork of traits inherited from father and mother? Here it is maintained that the seed is not only the principle of movement and animation but also, for this very reason, a principle of unity. Thus, it will appear that Aristotle brings into light the metaphysical implications of a biological debate (which he likely is constructing for the occasion), and that, while he sets himself apart from pangeneticism, this is due less to the position in itself (for in fact there are obvious similarities) than to the philosophical consistency of the argument he is contructing.
Dans la Génération des animaux (GA), Aristote critique longuement les thèses pangénétiques (selon lesquelles la semence provient de tout le corps) en laissant de côté les autres thèses à première vue plus proches de celle qu'il soutient. Le but de cet article est de comprendre pourquoi. On examine ici en détail un texte de GA I, 18 dans lequel Aristote convoque Empédocle et Anaxagore pour construire un débat philosophique autour de cette question : ainsi émergent les réquisits d'une bonne recherche sur l'origine de la semence. Puis, on étudie la thèse d'Aristote (la semence est issue de la coction, par le mâle, du sang, qui est la nourriture ultime). La semence, qui transmet les mouvements vecteurs de forme à la matière fournie par la femelle (menstrues), se trouve être à la fois principe de mouvement et d'animation. Néanmoins, la femelle contribue également, à sa manière. L'embryon résulte en effet de la rencontre entre un agent (semence mâle) et un patient (menstrues) possédant tous les deux en puissance les parties du corps, bien que de façon différente. En outre, l'hérédité est partagée entre le mâle et la femelle : on peut ressembler à la fois à son père et à sa mère (et aussi à leurs ancêtres). L'identité singulière d'un individu se réduit-elle donc à un patchwork de traits hérités du père et de la mère ? La thèse qui sera soutenue ici est que la semence est non seulement principe de mouvement et d'animation mais aussi, pour cette raison même, un principe d'unité. On verra ainsi comment Aristote amène sur le terrain métaphysique un débat biologique (qu'il construit d'ailleurs vraisemblablement pour l'occasion), et que, s'il se distingue du pangénétisme, c'est moins pour la thèse en elle-même (car il y a en réalité des points de contact évidents) que par la cohérence philosophique du raisonnement qu'il construit.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-01220341 , version 1 (26-10-2015)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01220341 , version 1

Citer

Claire Louguet. "Aristote et les théories pangénétiques du Ve siècle : enjeux métaphysiques d'un débat biologique". Victor Gysembergh; Andreas Schwab. Le Travail du Savoir / Wissensbewältigung - Philosophie, sciences exactes et sciences appliquées dans l'Antiquité, 10, WVT Wissenschaftlicher Verlag Trier, 2015, AKAN-Einzelschriften, 978-3-86821-588-5. ⟨hal-01220341⟩
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