Cette étude des chansons 1 et 16 (appartenant à l’inspiration amoureuse) et de la lettre V (relevant de la section religieuse et morale) de Guittone d’Arezzo illustre combien E. Pasquini a raison de dire que la « prose et la poésie guittoniennes se rejoignent à un niveau d’audace exceptionnelle sans pareille à l’époque ». Bien qu’elles appartiennent à des genres littéraires différents, et bien que leur sujet ne soit pas identique, ces chansons et la lettre ont plus que des syntagmes communs: toutes trois exercices de style rivalisant avec des formes de la poésie provençale — la chanson courtoise, et le salut d’amour que Guittone transfère en prose conformément aux canons les plus stricts de l’épistolographie — elles partagent une situation d’énonciation similaire — un amant courtois s’adressant à une noble dame qu’il commence par louer en des termes semblables dans les trois textes avant de lui adresser une prière — et aboutissent à une même condamnation implicite de la courtoisie.