Rendre à l’histoire des sciences ce qui lui appartient, tel est l’objectif de ce livre qui montre que l’alchimie n’était rien d’autre, depuis les premiers siècles de notre ère jusqu’à la fin du XVIIe siècle, que la chimie de l’époque. Une chimie certes parfois bien étonnante, avec des personnages mystérieux et hauts en couleurs, des recettes curieuses et des théories qui surprennent notre sens de la modernité, qui s’inscrivent dans des doctrines de la matière aujourd’hui périmées, mais dont il convient de souligner la cohérence. Le livre et l’alambic sont alors les deux piliers d’une activité alchimique qui ne sépare jamais les constructions théoriques du travail au laboratoire et qui contribue à la science de son temps. On ne peut prétendre découvrir tous les aspects de cette histoire complexe et foisonnante, dont bien des documents restent encore méconnu. L’ouvrage se limite donc à mettre en lumière quelques éléments marquants, en s’appuyant sur les travaux les plus récents des meilleurs historiens de l’alchimie. Plus précisément, il s’agit d’insister sur les aspects essentiels d’uns histoire qui commence dans le monde gréco-alexandrin aux premiers siècles de notre ère, se transmet au monde arabe qui insiste sur ses rapports avec la médecine, puis se développe en Occident à partir du XIIe siècle à partir de traductions latines de textes arabes. Un nouvel essor accompagne au XVIe siècle la diffusion des œuvres de Paracelse au point que le XVIIe siècle, loin de marquer le déclin de l’alchimie, correspond au contraire à sa période la plus féconde. Ce n’est qu’au cours du XVIIIe siècle que se développe une chimie qui se démarque lentement de l’alchimie, amenant alors peu à peu cette dernière à se réduire à des représentations symboliques et à des aspirations spirituelles qui caractérisent une interprétation ésotérique qui triomphe au XIXe siècle. On se tromperait en réduisant à ces réductions occultistes une alchimie dont toute l’histoire montre au contraire la dimension proprement chimique.