Le métier de relieur à Lille (v. 1400-1550), suivi d’une prosopographie des artisans du livre lillois
Résumé
Après avoir été longtemps délaissée par les historiens de l’art – à l’exception notable de Houdoy à la fin du XIXe siècle –, Lille fait l’objet depuis une dizaine d’années de recherches approfondies, en particulier dans le domaine de l’enluminure, principalement sur papier. La présente étude a pour propos de montrer l’activité florissante et polyvalente des relieurs lillois à la fin du Moyen Age, en confrontant les archives locales, la plupart inédites, aux nombreuses reliures signées dont plusieurs avaient été mises en lumière par G. Colin en 1992, à la suite de Bruchet en 1954.
Cette confrontation des sources et des œuvres a ainsi permis, d’une part de localiser l’activité du groupe de relieurs étudiés, c’est-à-dire le territoire urbain et suburbain dépendant juridiquement de la collégiale Saint-Pierre de Lille, et, de l’autre, d’expliquer le motif si particulier « à la croix de saint André » qui orne les plats de reliures. Par ailleurs, elle a permis d’appréhender un certain processus de fabrication des manuscrits, en milieu institutionnel, par une sorte de « concentration horizontale de la production », avec en corollaire, un marché du livre enluminé local essentiellement concerné par le parchemin, plutôt que le papier – matériau traditionnellement attaché à l’enluminure lilloise par les chercheurs, depuis Delaissé en 1959. Enfin, la conclusion naturelle à cette étude est la publication d’une prosopographie des relieurs et des artistes et artisans qui leur sont liés soit par la commande, soit par la collaboration.