Violence in Lycophron in the mirror of figurative arts of Ancient Italy
La violence lycophronienne au miroir des arts figurés de l’Italie ancienne
Violenza in Licofrone nello specchio delle arti figurative dell’antica Italia
Résumé
L’Alexandra n’a évidemment pas, dans la littérature antique, le monopole des allusions à des épisodes sanglants, mais, pour des raisons littéraires évidentes, la prophétesse de Lycophron enchaîne les scènes brutales dans sa monodie ce qui aboutit à une concentration tout à fait inédite de la violence. Nous nous proposons donc de dégager la typologie de ces scènes de violence et d’en étudier quelques-unes. Les exemples choisis présentent la particularité de pouvoir être confrontés à des images dont l'archéologie nous a montré la probable prégnance dans tel ou tel contexte de l’Italie ancienne. Même si les thèmes guerriers et les mises à mort ont souvent été privilégiés dans les arts figurés, il nous a en effet semblé que cette poétique lycophronienne de la violence faisait curieusement écho aux goûts de certains publics de la péninsule en matière d’images. À ceci s’ajoute que l’Alexandra est animée par ce que l’on pourrait appeler une « dynamique italienne », voire un « italocentrisme », – qui s’explique certes par les sources utilisées, mais aussi sans doute par l’origine de Lycophron– et qu’elle est traversée par une forme de téléologie qui, sous certains aspects, se retrouve en Italie : la toute puissance du Destin associée à des considérations millénaristes et à une conception cyclique du temps. Tous ces éléments concourent à faire de l’Alexandra une œuvre entretenant des liens particuliers avec l’hellénisme occidental et le thème de l’affrontement entre Grecs et Barbares. On distingue finalement, derrière les propos assurés de cette femme du passé qui parle au futur, une grande inquiétude devant un présent incertain.