Proust aux éclats
Résumé
Comment Deleuze a-t-il pu aimer Proust ? Entre Proust et Deleuze s’interpose celui
que Vincent Descombes a plaisamment nommé le « pseudo Marcel » : entendons par là un
philosophe spiritualiste de la fin du XIXe siècle à la pensée un peu courte1. Quand il s’agit
d’amour, le pseudo Marcel est un pessimiste à la Schopenhauer. Au mépris de tout empirisme
– il y a des gens qui s’aiment, même dans la Recherche 2– il confond attachement névrotique et
relation amoureuse ; il sacrifie au poncif de l’amour impossible. Il fonde la littérature sur une
métaphysique fumeuse, exposée dans un chapitre au titre bien mièvre : « L’adoration
perpétuelle »3. Partisan avéré des apories de l’absolu littéraire, il expose une théorie ontologique
de la métaphore – laquelle donnerait accès au temps pur. La pensée de Deleuze est au contraire
une « argumentation en faveur de l’immanence », qui implique une sémantique de la littéralité,
« contre le symbole et la métaphore ». Convergence ou malentendu entre le philosophe et
l’écrivain ? Comment trancher ?
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
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