C'était à Bucarest, en octobre 2005, où j'étais venu participer à des journées d'étude. Je me promenais dans la ville et, passant devant une petite église qui semblait ancienne, j'y entrai, poussé par la curiosité de qui n'a pas l'habitude du culte orthodoxe et qui sait quelle importance les icônes représentent pour l'étude de la performance des images. Je me rappelle d'une voûte basse, d'une lumière gaie, d'une ambiance paisible comme un après-midi à la campagne. L'église était assez remplie-des femmes âgées, pour l'essentiel. Un office commença. Pour ce qui était du culte des icônes, je ne fus pas déçu ; les petites dames allaient toutes embrasser les icônes de la Vierge et de Jésus, tout en chantant, à l'unisson, et juste, un hymne en roumain à la mélodie duquel je fus sensible. Mais ce fut autre chose qui me surprit véritablement. Chacune avait emporté en effet un gros pain, une miche, qu'elle apportait au prêtre, qui le bénissait, le coupait et en redonnait une part à sa propriétaire, laquelle pouvait alors sortir de l'église avec son pain béni dans les mains. Ici, le pain eucharistique était vraiment du pain-pas comme sa version abstraite et latine, l'hostie. Cette version alimentaire de la communion frappa durablement mon esprit.