Dopage cognitif chez les étudiants : un moyen chim(ér)ique de s’en mettre plein la tête ?
Résumé
For students, the pressing demands for memorization, top-level performance, and peer competition create an environment favorable for pharmaceutical cognitive doping behavior. We aimed to describe recent practices and the benefit / risk ratio of such behavior and to discuss the issues at stake. The prevalence of pharmaceutical cognitive doping among students has been reported from 1.3% to 33% across studies, with variations depending on country and definition of pharmaceutical cognitive doping. The therapeutic classes most frequently cited as being diverted for doping purposes are psychostimulants and nootropics (methylphenidate, modafinil, piracetam), corticosteroids, sedative drugs and beta-blockers. Some illegal substances such as cannabis, amphetamines and cocaine are also consumed in order to boost mental function. Finally, over-the-counter products, such as caffeine-based tablets or energy drinks, or alcohol, are also widely used by students whose motivations involve enhanced performance, concentration, memory, and staying awake during the revision and exam period. However, the expected (often fantasized) effectiveness of these products does not correspond to the reality of a modest controversial impact on cognitive performance. There appears to be an emerging profile of the student more inclined to doping behavior. Cognitive doping thus raises the question of its regulation, opening a debate opposing, on one hand, individual freedom and supposed collective benefits and, on the other hand, health consequences, educational (in)equality, and the risk of tarnished academic success. Strengthening school and university medicine, through prevention campaigns and the identification of subjects at risk, is essential to limit the extent, risk, and damages associated with such practices.
Chez les étudiants, les exigences de mémorisation exhaustive, de performance accrue et la mise en compétition entre pairs peuvent encourager les conduites de dopage cognitif. Nous avons souhaité décrire les pratiques récentes et la balance bénéfice/risque de telles conduites afin d’en discuter les enjeux. La prévalence d’usage de produits à visée stimulante chez les étudiants s’étendait de 1,3 % à 33 % selon les études, en fonction du pays considéré et de la définition de dopage cognitif retenue. Les classes thérapeutiques les plus fréquemment citées comme détournées étaient les psychostimulants et nootropiques (méthylphénidate, modafinil, piracétam), les corticoïdes, les médicaments sédatifs et les bêtabloquants. Certaines substances illicites telles que le cannabis, les amphétamines et la cocaïne pouvaient également être consommées à visée stimulante. Enfin, les produits en vente libre, comme les comprimés ou boissons énergétiques à base de caféine, ou l’alcool, étaient également largement utilisés. Les motivations étaient l’augmentation des performances, de la concentration, de la mémoire et de l’éveil pendant les révisions et les examens. Cependant, l’efficacité attendue, voire fantasmée, de ces produits se heurte au principe de réalité, avec un effet réel modeste et controversé sur le fonctionnement cognitif. Un profil d’étudiant plus enclin aux conduites dopantes semblait également se dégager. Le dopage cognitif pose la question de sa régulation à travers un débat opposant, d’une part, liberté individuelle et bénéfice collectif supposé et, d’autre part, conséquences sanitaires, inégalité des chances et diminution de la part du mérite dans la réussite. Un renforcement de la médecine scolaire et universitaire, à travers des campagnes de prévention et le repérage des sujets à risque, apparaît indispensable pour limiter l’étendue et les risques et dommages liés à de telles pratiques.