« LE RÈGNE DE LA NÉCESSITÉ » BORNE-T-IL L'ÉMANCIPATION SOCIALE ? Deux lectures croisées de l'utopie communiste chez Marx
Résumé
What sort of connections can be formed between work and freedom, since the work is not essentially lived any more as the social mark of the alienation of the freedom in the economy? It is Marx who elaborates for the first time this problem by formulating the theory of both reigns, the reign of the necessity and the reign of the freedom, within the framework of the communist utopia. For all that, his position of the problem is not without maintaining a whole series of ambiguities. By pressing us on the analyses of Simone Weil and André Gorz, we show the dependence of any thought of emancipation towards a philosophy of the freedom which assumes (Gorz) or which does not assume (Weil) a certain inflexible thickness of any human collective.
Quels rapports peuvent se nouer entre travail et liberté, dès lors que le travail n’est plus essentiellement vécu comme la marque sociale de l’aliénation de la liberté dans l’économie ? C’est Marx qui élabore pour la première fois et avec beaucoup de rigueur cette question, en formulant la théorie des deux règnes, celui de la nécessité et celui de la liberté dans le cadre de l’utopie communiste. Pour autant, sa position du problème n’est pas sans maintenir toute une série d’ambiguïtés. En nous appuyant sur les analyses contrastées de Simone Weil et d’André Gorz, nous montrons la dépendance de toute pensée de l’émancipation vis-à-vis d’une philosophie de la liberté qui assume (Gorz) ou qui n’assume pas (Weil) une certaine épaisseur irréductible de tout collectif humain, c’est-à-dire une
indépassable hétéronomie de la condition humaine.