Introduction à la clinique de l'anorexie mentale
Résumé
Si les descriptions cliniques des troubles du comportement alimentaire (TCA) sont anciennes (avec Avicenne au xi e siècle ou Simone Porta o Portio au xiv e siècle), l’histoire médicale retient les premières observations de Lasègue en France (1873) et de Gull en Angleterre (1874) comme celles de précurseurs de l’anorexie mentale. Dans un premier temps, ces cliniciens décrivent ces troubles en se référant à un tableau clinique d’hystérie et à la présence de troubles dépressifs. À partir de ces premières descriptions, l’anorexie sera rattachée à la plupart des troubles mentaux et le xx e siècle verra se succéder un ensemble d’hypothèses explicatives allant des modèles phénoménologiques, aux modèles psychanalytiques, cognitifs ou familiaux, jusqu’à des approches neurobiologiques, endocriniennes ou génétiques.
Même s’il existe une forte médiatisation de cette pathologie, les troubles du comportement alimentaire et en particulier l’anorexie mentale sont des pathologies dont l’étiopathogénie reste mal connue. De nombreuses hypothèses ont été avancées au gré des orientations théoriques des chercheurs, mais bon nombre relevaient de simples observations cliniques sans pouvoir être généralisées et cherchaient à isoler une hypothèse étiopathogénique unique.
Avec le xxi e siècle, ont émergé des conceptions multidimensionnelles qui intègrent ces aspects biologiques, psychologiques et sociaux. Aujourd’hui, les travaux de recherche clinique intègrent l’idée que l’anorexie correspond à une pathologie développementale soumise à un ensemble de facteurs aussi divers que l’environnement familial, les apprentissages précoces, des habitudes alimentaires ou l’histoire individuelle…