Le gouvernement chinois peut-il réorienter le régime d’accumulation ? Une analyse au prisme des transformations du rapport salarial - Université de Lille Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Revue de la régulation. Capitalisme, institutions, pouvoirs Année : 2017

Le gouvernement chinois peut-il réorienter le régime d’accumulation ? Une analyse au prisme des transformations du rapport salarial

Résumé

The Chinese regime of accumulation based on exports and investments seems to be reaching its limits. The Chinese leaders are convinced of the need to rebalance the economy by prompting domestic demand. The assertion of the social role of the State since the 2000s is part of this objective and has two aims: to reduce the contradictions of the current accumulation regime and to contain the risks of social instability by limiting the social risks stemming from the rise of market mechanisms. However, the institutionalisation of social policies formulated by central authorities is hampered by the resistance of local governments and capitalists. Consequently, inequalities persist, labour conflicts intensify, and the rebalancing of the accumulation regime is curtailed. The CCP is therefore in a paradoxical situation. As it officially stands for the interests of the population, it must promote a better integration of workers. However, by denying them the right to organise to defend their own rights, it deprives itself of a social force capable of putting pressure for the implementation of more protective rules within enterprises. Based on the example of collective bargaining experiences in the coastal provinces, we argue that better integration of workers’ interests into the industrial relations system would strengthen the obligations of employers and would support more broadly the economic and social objectives put forward by the central government.
Il ne fait plus guère de doute que le régime d’accumulation chinois reposant sur les exportations et les investissements est en train d’atteindre ses limites. Les dirigeants chinois sont eux-mêmes convaincus de la nécessité de réorienter l’économie vers davantage de la consommation intérieure. L’affirmation du rôle social de l’État depuis les années 2000 s’inscrit dans cette volonté et vise deux types d’objectifs : lutter contre les contradictions du régime d’accumulation actuel, et contenir les risques d’instabilité sociale en limitant les excès liés à la montée d’une logique concurrentielle. Cependant, l’institutionnalisation des politiques sociales élaborées depuis Pékin se heurte aux résistances des échelons locaux de gouvernement et des capitalistes. Par conséquent, les inégalités persistent, les protestations liées au travail se durcissent et la réorientation du régime d’accumulation est considérablement freinée. Le Parti communiste chinois (PCC) se trouve donc dans une situation paradoxale. En tant que garant des intérêts de la population, il se doit de promouvoir une meilleure intégration du salariat. Toutefois, en refusant aux travailleurs le droit de s’organiser pour défendre leurs droits, il se prive d’une force sociale susceptible de favoriser la mise en œuvre de règles plus protectrices au sein des entreprises. En nous appuyant sur l’exemple d’expériences de négociations collectives menées dans les provinces côtières, nous soutenons qu’une meilleure prise en compte des intérêts des travailleurs dans le système des relations professionnelles permettrait de renforcer les obligations des employeurs, et soutiendrait plus largement les objectifs économiques et sociaux du gouvernement central.

Dates et versions

hal-02547669 , version 1 (20-04-2020)

Identifiants

Citer

Clément Séhier. Le gouvernement chinois peut-il réorienter le régime d’accumulation ? Une analyse au prisme des transformations du rapport salarial. Revue de la régulation. Capitalisme, institutions, pouvoirs, 2017, Revue de la régulation, ⟨10.4000/regulation.12241⟩. ⟨hal-02547669⟩
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