Le contrôle des jeunes déviants. Savoirs, institutions, territoires
Résumé
Les perceptions publiques de la jeunesse semblent se cristalliser autour de deux figures bien distinctes : d’un côté, une jeunesse ordinaire, dont on dit souvent qu’« il faut bien qu’elle se passe ». Elle est certes parfois turbulente, ou même politisée, mais ses désordres semblent transitoires et, du moins aux yeux d’une partie de la société, légitimes. De l’autre côté, une jeunesse menaçante, issue des classes populaires, qui met en échec les instances traditionnelles de socialisation et ne semble répondre qu’aux exigences de la rue, du quartier ou du gang. Si cette seconde figure n’est pas nouvelle, sa perception s’est sensiblement modifiée et le fossé s’est creusé entre les deux polarités. À la représentation des déviances comme des séquences prévisibles et presque inévitables de la vie des jeunes (hommes le plus souvent) d’origine populaire s’est substituée l’image de déviances ancrées, accompagnées de violences incontrôlées, menant de la petite délinquance à la grande criminalité, ou – ultime menace de notre époque – aux radicalisations les plus terrifiantes.
Cet ouvrage met en lumière le fonctionnement des dispositifs de contrôle et les processus de typification qui contraignent en partie la jeunesse stigmatisée à ne pouvoir exister qu’à l’intérieur de cadres forgés pour elle. La multiplicité des territoires investigués, de la France au Brésil, en passant par le Québec et les États-Unis, permet de présenter une grande variété de cas et de dégager certaines tendances d’ensemble.