Concurrence et coopération au sein de l’élite économique française
Résumé
Le réseau formé par les co-appartenances aux conseils d’administration des grandes sociétés françaises présente une forte cohésion. En dépit des dernières privatisation (ou plutôt grâce à elles), la cohésion de ce réseau s’est encore renforcée depuis la fin des années 90 (Agardi et Alcouffe 2007, Dudouet et Grémont 2007), alors même qu’elle était déjà l’une des plus élevées parmi les principaux pays occidentaux (Windolf 2002). Cette cohésion témoigne d’une forme de solidarité s’exerçant à travers les échanges de sièges d’administrateurs.
Cette apparente cohésion ne doit cependant pas masquer la vive concurrence pour le contrôle des plus grandes sociétés. Cette concurrence peut notamment s’appréhender à travers les divisions dans ce réseau. L’objectif de la présentation est d’apporter un éclairage sur ces logiques de coopération et de rivalité structurant les liens entre administrateurs. L’ambivalence des relations entre administrateurs a en particulier été mise au jour par Kadushin (1995), qui avait alors emprunté le concept de « moiety » à Levi-Strauss pour illustrer le clivage au sein de l’élite financière française, fondé sur des parcours et des sensibilités politiques différentes.
La méthodologie repose sur une analyse des cliques et des positions d’équivalence structurale au sein du réseau de co-appartenances aux conseils d’administration des plus importantes sociétés françaises. Il s’agit d’analyses exploratoires visant à proposer des hypothèses concernant les processus de reproduction de l’élite économique française à travers l’étude de ses formes de coalition.