Faire les marchés : une étape vers l'émancipation féminine
Résumé
Dans les marchés de Roubaix comme ceux de La Paz, les femmes responsables de leur poste de vente sont souvent des femmes ” sans homme ” : séparées, veuves ou célibataires, elles expriment avec fierté le goût de travailler et de ” se débrouiller ” sans présence masculine. Alors qu’à La Paz, faire le marché est considéré comme un travail de femmes, en lien avec la maternité, le marché à Roubaix est perçu comme un monde naturellement masculin.`A Roubaix, les femmes font plutôt figure d’exception mais, tout comme à La Paz, exercer une activité commerciale, dans la rue, c’est travailler ” dehors ”, c’est-à-dire ” `a l’extérieur ” mais aussi ” hors de la maison ”, de l’univers domestique, s’extraire du rôle de la féminité domestique. Vendre dans la rue s’avère être une étape charnière dans un parcours d’ émancipation vis-à-vis des hommes, à un triple niveau : tout d’abord, par rapport aux collègues masculins,sur le marché, puis, par rapport aux patrons (les femmes apprécient d’être ” leur propre chef” après avoir été employées domestiques, par exemple) et, enfin, dans le couple, en relation à leur mari ou conjoint.