Resilience in Fukushima: Contribution to a Political Economy of Consent
Résilience à Fukushima : Contribution à une économie politique du consentement
Résumé
This article is a contribution to the political economy of consent based on the analysis of speeches, declarations, initiatives, and policies implemented in the name of resilience in the context of the Fukushima nuclear disaster. It argues that, in practice as much as in theory, resilience fuels peoples' submission to an existing reality-in the case of Fukushima, the submission to radioactive contamination-in an attempt to deny this reality as well as its consequences. The political economy of consent to the nuclear, of which resilience is one of the technologies, can be grasped at four interrelated analytical levels adapted to understanding how resilience is encoded in key texts and programs in the wake of the Fukushima Daiichi accident. The first level is technological: consent through and to the nuclear technology. The second level is sociometabolic: consent to nuisance. The third level is political: consent to participation. The fourth level is epistemological: consent to ignorance. A fifth cognitivo-experimental transversal level can also be identified: consent to experimentation, learning and training. We first analyze two key symptoms of the despotism of resilience: its incantatory feature and the way it supports mutilated life within a contaminated area and turns disaster into a cure. Then, we show how, in the reenchanted world of resilience, loss opens doors, that is, it paves the way to new "forms of life": first through ignorance-based disempowerment; second through submission to protection. Finally, we examine the ideological mechanisms of resilience and how it fosters a government through the fear of fear. We approach resilience as a technology of consent mobilizing emotionalism and conditioning on one side, contingency and equivalence on the other.
Cet article est une contribution à l’économie politique du consentement reposant sur l’analyse des discours, déclarations, initiatives et politiques prononcés et mises en place au nom de la résilience dans le contexte du désastre nucléaire de Fukushima. L’argument est qu’en pratique comme en théorie, la résilience nourrit la soumission des individus à la réalité existante - dans le cas de Fukushima, la soumission à la contamination radioactive - afin de nier cette réalité autant que ses conséquences. L’économie politique du consentement au nucléaire, dont la résilience est une des technologies, peut être appréhendée à quatre niveaux analytiques interdépendants, permettant de comprendre comment la résilience est intégrée dans les textes clés et les programmes d’actions, dans les suites de l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. Le premier niveau est technologique : il renvoie au consentement par et à la technologie. Le second est socio-métabolique : il renvoie au consentement aux nuisances. Le troisième est politique : il s’agit du consentement à la participation. Le quatrième niveau est épistémologique : il renvoie au consentement à l’ignorance. Un cinquième niveau, cognitivo-expérimental, est transversal aux quatre autres : il s’agit du consentement à l’entraînement, à l’apprentissage et à l’expérimentation. Deux symptômes clés du despotisme de la résilience sont d’abord analysés : son caractère incantatoire et la manière dont elle encourage la vie mutilée en zone contaminée, transformant le désastre en remède. Est ensuite montré comment, dans le monde enchanté de la résilience, la perte c’est la porte, autrement dit, la voie vers de nouvelles « formes de vie » caractérisées par la dépossession du pouvoir fondée sur l’ignorance et par la soumission à la protection. Enfin, les mécanismes idéologiques de la résilience sont mis au jour, notamment son rôle dans l’instauration d’un gouvernement par la peur de la peur. La résilience est analysée en tant que technologie du consentement qui mobilise l’émotionalisme et le conditionnement d’une part, la contingence et l’équivalence, de l’autre.