Crimes, complots et trahisons : les gens de finance du duc Philippe le Bon à l’ère du soupçon (v. 1420- v. 1430) - Université de Lille Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2008

Crimes, complots et trahisons : les gens de finance du duc Philippe le Bon à l’ère du soupçon (v. 1420- v. 1430)

Résumé

Le climat politique du début du principat de Philippe le Bon, marqué par la recherche des traîtres au sein de la cour de Bourgogne, et par le transfert des centres de pouvoir vers les pays du Nord, a visiblement profondément marqué l’administration des finances, alors travaillée par des rivalités régionales apparemment très vives. Il y eut bien une ère du soupçon, qui vit une progression de la réflexion générale sur l’éthique de l’officier de finances: à l’instar des nobles et des militaires, qui se doivent de ne pas trahir par les armes, les gens de finances se doivent en leur état, de servir le prince et nul autre, notamment tout ennemi, et de défendre l’Etat contre les sujets, le chancelier contre les Membres de Flandre. Cette réflexion sur l’éthique de l’office opère en rapprochant prévarication, et atteinte à l’autorité du prince, la rumeur semblant rapprocher affaires d’argent et lèse-majesté, relation jusque là encore peu présente à la cour, comme l’attestent les procès précédents. En faisant ce rapprochement, certains conseillers espéraient certes défendre leur clan, mais aussi combattre les prévarications, combattues avec apathie, en raison de leur enracinement, voire de leur utilité dans un Etat récompensant trop mal des officiers de finance créanciers du prince. Mais au final, le bilan est bien mince des condamnations, que ce soit pour Augustin Isbarre et Roland du Bois, où la dimension trop politique est habilement évacuée, au profit de lourdes sanctions financières, et du maintien de bonnes relations avec la Flandre. Guy Guilbaut, quant à lui, reste hors d’atteinte. Il est vrai que les accusations pouvaient sembler hasardeuses, voire audacieuses : le climat de l’après-Montereau ne suffit pas à cristalliser le processus, en l’absence d’un soutien politique très fort aux enquêteurs, à la différence du procès d’Enguerran de Marigny. Comme le confirment plusieurs affaires de prévarications postérieures, comme celle du maître des comptes Gautier Poulain , ou du receveur général Martin Cornille , les ducs de Bourgogne n’ont pas développé d’appareil répressif radical. Ils se distinguent en cela de la monarchie française, qui saisit l’occasion de plusieurs procès financiers majeurs, comme celui de Jacques Coeur, plus encore du baron de Semblançay en 1527, lequel s’acheva par l’exécution du prévaricateur . Même si ces procès avaient le plus souvent une origine politique plus secrète, ils avaient permis de faire évoluer le droit et la notion de lèse-majesté au service de la répression des comptables. Moment de divergence donc, au cours duquel le duc de Bourgogne, malgré les appels à la fermeté d’une partie de son administration a arbitré en faveur de ces officiers enracinés dans les pays de par-deça, et dont le crédit lui était si nécessaire .

Domaines

Histoire

Dates et versions

hal-03216039 , version 1 (03-05-2021)

Identifiants

Citer

Jean-Baptiste Santamaria. Crimes, complots et trahisons : les gens de finance du duc Philippe le Bon à l’ère du soupçon (v. 1420- v. 1430). L’envers du décor : Espionnage, complot, trahison, vengeance et violence en pays bourguignons et liégeois., Publications du Centre Européen d'Etudes Bourguignonnes, p.91-113., 2008, ⟨10.1484/J.PCEEB.2.305809⟩. ⟨hal-03216039⟩
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