A Confissão, pièce publiée en 1979 et mise en scène l’année suivante par la compagnie de théâtre Seiva-Trupe, de Porto, peu de mois avant la mort de Bernardo Santareno, dénonce le moralisme conservateur et hypocrite qui règne encore dans le Portugal postrévolutionnaire. À travers l’analyse des dialogues entre un prêtre confesseur, une paroissienne modeste et un travesti décidé à mener à terme une chirurgie de réattribution sexuelle, nous constatons l’obsession totalitaire de l’Église à surveiller les pratiques sexuelles de ses fidèles et donc à contrôler leur conscience. En exerçant son pouvoir sur les corps individuels pour les normaliser et les soumettre, ce que l’institution religieuse cherche in fine c’est à dominer le corps social même, autrement dit à perpétuer une organisation socio-politique typique de l’Ancien Régime. Contrairement à la femme du peuple, incapable de résister à l’autorictas religieuse (qui la soumet à la violence de la domination masculine), le transsexuel Françoise, de son côté, finit par s’émanciper de manière radicale, reprenant le contrôle sur sa vie, sans plus se soucier du jugement de la société. Notons au passage que, malgré la solidarité de Françoise à l’égard des classes ouvrières, celles-ci ne lui renvoient que du mépris. Victime des préjugés de genre provenant non seulement de l’élite, qui l’utilise de manière hypocrite pour réaliser ses fantasmes sexuels, mais aussi d’autres opprimés comme elle, ce personnage “révolutionnaire” est, par conséquent, doublement trahi et doublement marginalisé.