Intérêt de l’interdisciplinarité en Centre de Rééducation et de Réadaptation Fonctionnelle. Illustration par des cas cliniques et retour sur 20 années d’expérience.
Résumé
Au décours de ces 25 dernières années, l’interdisciplinarité s’est invitée dans nombre de
débats entre professionnels de la santé. Ainsi, si l’on fait référence, par exemple, à la
naissance de la Société de Neuropsychologie de Langue Française, on voit que le
prérequis pour y adhérer n’était, en aucune manière un diplôme, un titre requis, mais
l’intérêt porté à la neuropsychologie alors qu’actuellement, la plupart des sociétés
savantes sont réservées aux membres titulaires du titre (soit dans le cas présent,
psychologues spécialisés en neuropsychologie). Par ailleurs, dans les centres de
rééducation et réadaptation fonctionnelles pour adultes cérébrolésés, par exemple, il fut
un temps où seuls les orthophonistes et les ergothérapeutes officiaient. Actuellement, à
leur côté, on retrouve des psychologues cliniciens, des neuropsychologues, des
psychomotriciens, des socio-esthéticiens, des arts-thérapeutes, des ergonomes (etc.) qui
tous et toutes, à un niveau ou à un autre, interviennent avec leurs propres concepts,
leurs techniques et leurs outils auprès du patient. La question cruciale du « qui fait quoi
», avec quels outils, et avec quelles références théoriques, se pose. Parfois, elle mène à
des questions d’arbitrage entre professionnels, elle détériore le climat de l’équipe,
engendre une atmosphère délétère, alors que tous ces professionnels sont au service de
l’accompagnement du patient ! Au travers de la présentation de plusieurs exemples
cliniques, choisis parmi les patients de leur domaine d’expertise, c’est-à-dire celui de la
rééducation et de la réadaptation fonctionnelles pour adultes cérébro-lésés, les auteurs
souhaitent aborder et discuter de cette question de l’interdisciplinarité. Sera mise en
réflexion, en particulier, la répartition entre les professionnels des outils et moyens
d’évaluation d’une part, d’autre part, du niveau d’information que chacun doit avoir des
références/concepts et théorie de l’autre. Dans la démarche d’accompagnement, chaque
professionnel devrait mettre en œuvre ses moyens et techniques avec le même objectif
général que ses collègues. Pourtant, le constat est assez régulièrement fait que ce n’est
pas le cas. Il y a de la redondance entre les techniques, de l’incompréhension entre les
thérapeutes et même parfois, des informations contradictoires données au patient ou à
la famille. La question plus théorique de « l’unité » du patient face à ce que certains
appellent, son « saucissonnage » sera aussi abordée. Enfin, un plaidoyer pour un travail
d’ensemble, dans le respect de chacun, prônant l’interdisciplinarité et la communication
entre professionnels sera proposé.