Des officiers du prince dans la ville : les receveurs d’Arras et Saint-Omer du gouvernement royal aux ducs Valois de Bourgogne (mi XIVe-mi XVe siècle)
Résumé
The rise of several artesian officers to the top of the financial administration within the Burgundian State, invites us to investigate the career of these accountants, especially those in charge of princely receipts located in the main cities of Artois: Arras and Saint-Omer. Their contribution to the process of integration of local bourgeoisies into the political project carried by the dukes of Burgundy of the House Valois is clear, but needs to be measured. These accountants were recruited because they were competent and influent and could act as power brokers: as princely officers they embodied the continuity of networks from the mid-fourteenth century, especially during the age of Margaret of France, to the Burgundian age. Furthermore, striking differences between Saint-Omer and Arras reveal the existence of several strategies: in Saint-Omer, well known families choose to serve the prince in addition to a very local career as aldermen, in a way to access more quickly to nobility and local notoriety. This process leaves little room for foreigners. In Arras, local princely careers can commonly be seen as a starting point leading to wider horizons. In both cases, wages can’t be considered as the main motivation for these accountants, which show many talents: they contribute to local justice and collect secret information. Social recognition, access to influential networks and illegal incomes. The accountant of the prince can be paid back in many ways, but does not deceive his master: the prince rewards the faithful and the useful more than the earnest. A man of means is a man of value, especially when he can provide discrete information on fiscal capacity of his fellow citizens.
L’accès aux plus hautes charges financières de l’État bourguignon de plusieurs officiers de finances artésiens invite à préciser la carrière des comptables en charge des recettes domaniales des deux principales villes d’Artois, Arras et Saint-Omer, et à mesurer leur contribution à l’intégration des bourgeoisies locales dans le projet politique des ducs Valois. Comptables recrutés pour leurs compétences, leur entregent et devenant parfois de véritables courtiers du pouvoir, ces officiers du prince témoignent tout d’abord de la continuité des réseaux et profils entre le milieu du xive siècle, et notamment l’époque de Marguerite de France, et l’âge bourguignon. Par ailleurs, les différences frappantes entre les parcours audomarois et arrageois révèlent la pluralité des stratégies : à Saint-Omer, des familles connues ajoutent le service du prince à leur parcours déjà ancré dans les carrières échevinales pour accéder plus rapidement à la noblesse et à une notoriété locale, laissant peu de place aux étrangers. À Arras, les carrières sont souvent le point de départ pour des horizons plus vastes. Dans un cas comme dans l’autre, les gages ne suffisent guère à mesurer l’attrait d’une fonction exigeant des talents multiples. Entre reconnaissance sociale, accès à des réseaux influents et enrichissements frauduleux, le comptable du prince dans la ville ne trompe cependant pas son maître, qui sait récompenser la fidélité de celui qui sait, à l’occasion, l’informer discrètement sur les ressources de ses concitoyens.