Résilience urbaine et pouvoir princier : Saint-Omer à la fin du XVe siècle
Résumé
Urban resilience and princely power: Saint-Omer at the end of the 15th century
Though being a potentially rich province, Artois was ravaged by an everlasting war during the last centuries of the Middle Ages and the beginning of the modern period. Because of this situation, Saint-Omer, extremely prosperous until the 13th century, suffered thereafter a very deep crisis. The Burgundy house and the Habsburgs tried to solve the problems of the city, both to consolidate its loyalty and to hold firmly the surrounding country. The prince was also considered, within the framework of a world vision elaborated by Antiquity (Aristotle), Christianity (Saint Augustine) and the Middle Ages (Saint Thomas) as the protector who helped the city to recover and regain its wealth and its power after disasters. It was also obvious that the means at its disposal depended on the good financial health of its countries, especially of its « good cities ». War, however, hindered a real resilience. The upkeep of armies and the building of fortifications were extremely expensive, which produced a huge debt. It was all the more difficult for Saint-Omer to recover that constant insecurity prevented it from preserving its important regional commercial function. The princely power tried to intervene but its means remained relatively limited since resistance to the French king and his army was always the top priority, in a time when defeat could cause the destruction of the city.
Pays potentiellement riche, l’Artois est affecté par une guerre continue pendant les derniers siècles du Moyen Âge et la première modernité. Saint-Omer, extrêmement prospère jusqu’au xiiie siècle, subit ensuite une crise très profonde. La maison de Bourgogne puis les Habsbourg s’efforcent de remédier à ses difficultés, à la fois pour consolider sa fidélité et tenir solidement le plat pays dont elle constitue la clé. Le prince est d’autre part considéré, dans le cadre d’une vision du monde forgée par l’Antiquité (Aristote), le christianisme (saint Augustin) et le Moyen Âge (saint Thomas), comme le protecteur qui permet à la cité de se redresser et de retrouver son rang après les catastrophes. Les moyens dont il dispose dépendent par ailleurs évidemment de la bonne santé financière de ses pays, en particulier de ses bonnes villes. Les exigences liées à la guerre entravent cependant la résilience : l’entretien des armées et l’édification des fortifications écrasent une cité très endettée que l’insécurité empêche de préserver sa fonction commerciale. Le pouvoir princier s’efforce d’intervenir mais ses moyens restent réduits, d’autant que la résistance aux attaques françaises reste la priorité absolue, dans un contexte où la défaite pourrait provoquer la destruction de la ville.