Le but de cette étude était d'analyser les cinétiques de récupération de joueurs de football de haut niveau lors des 72h suivant la réalisation d'un exercice intermittent spécifique au football réalisé sur un tapis roulant non motorisé. La performance au squat jump, à un test de répétition de sprints et le pic de force isométrique n'ont pas été significativement affectés ni immédiatement après ni au cours des 72h suivant l'exercice. Par contre, les retours aux valeurs initiales des concentrations de créatine kinase et d'acide urique ainsi que des douleurs musculaires étaient plus rapides que celles reportées à l'issue d'un match de football. En plus des courses réalisées au cours d'un match de football, d'autres facteurs tels que les dommages musculaires et/ou la fatigue cognitive pourraient contribuer à la fatigue induite par le match. INTRODUCTION Dans le football de haut niveau professionnel, le nombre de rencontres se multiplie. Lorsque le calendrier est surchargé, les joueurs jouent 2 matches par semaine durant plusieurs semaines consécutives, ce qui pourrait générer blessure et/ou contreperformance (Ekstrand et al., 2004; Dupont et al., 2010). La variabilité de la distance parcourue à haute intensité au cours de matches de football est importante puisque les coefficients de variation intra- individuels varient de 36.0% à 52.1% (Dupont et al., 2010). Le but de cette étude était d'analyser les cinétiques de récupération de la fonction musculaire, des perceptions subjectives et de paramètres biochimiques lors des 72h suivant un exercice intermittent de 90min basé sur le profil d'activité de matches de football de haut niveau. MÉTHODES Huit footballeurs professionnels ont réalisé un exercice standardisé de 90min sur un tapis roulant non motorisé (Woodway Force 3.0, USA). Cet exercice a été élaboré à partir de données physiques issues de joueurs de football professionnel de haut niveau (Rampinini et al. 2007). La performance au squat jump (SJ), au saut avec contremouvement (CMJ), à un test de répétition de sprints (RS), le pic de force isométrique (picFI), les perceptions subjectives (fatigue, douleurs musculaires, stress perçu), les concentrations de créatine kinase ([CK]) et d'acide urique ([AU]) ont été recueillis avant, immédiatement après, 24, 48 et 72h après l'exercice de 90min. RÉSULTATS ET DISCUSSION Des augmentations significatives de [CK] (p<0.01), de [AU] (p<0.01) et des perceptions subjectives (p<0.05) ainsi qu'une diminution significative de la performance au CMJ (p<0.01) ont été observées immédiatement après l'exercice de 90min. La masse corporelle à l'issue de l'exercice était significativement inférieure (p<0.001) à celle mesurée avant l'exercice, avec une diminution de -1.4±0.3 kg (-1.8±0.3%). La consommation hydrique (boisson contenant 6.4% de glucides) au cours du test était de 472±150 ml. La perte hydrique estimée était de 1884±289 ml. Les [AU] retournaient à leurs valeurs initiales 24h après l'exercice tandis que les [CK] et les douleurs musculaires retournaient à leurs valeurs initiales 48h après l'exercice. La performance au CMJ était toujours significativement (p<0.01) réduite 72h après l'exercice. Les performances au SJ, aux tests de RS et au picFI n'ont pas été significativement affectées ni immédiatement après, ni au cours des 72h suivant l'exercice de 90min. Les cinétiques de récupération différentes entre CMJ et SJ confirment que la performance aux activités musculaires d'étirement-contraction se normalise plus lentement que la performance aux activités musculaires concentriques (Horita et al., 2003). CONCLUSION Les normalisations des [CK], des [AU] et des douleurs musculaires dans cette étude sont plus rapides que celles reportées à l'issue d'un match de football (Ispirlidis et al., 2008). En plus des courses réalisées au cours dřun match de football, les activités générant des dommages musculaires et/ou de la fatigue cognitive, limitées lors de l'exercice intermittent de 90min, pourraient contribuer à la fatigue induite par le match. BIBLIOGRAPHIE Dupont, G., Nedelec, M., McCall, A., McCormack, D., Berthoin, S., Wisløff, U. (2010). Effect of 2 soccer matches in a week on physical performance and injury rate. American Journal of Sports Medicine, 38(9), 1752-1758. Ekstrand, J., Waldén, M., Hägglund, M. (2004). A congested football calendar and the wellbeing of players: correlation between match exposure of European footballers before the World Cup 2002 and their injuries and performances during that World Cup. British Journal of Sports Medicine, 38, 493-497. Horita, T., Komi, P.V., Hämäläinen, I., Avela, J. (2003). Exhausting stretch-shortening cycle (SSC) exercise causes greater impairment in SSC performance than in pure concentric performance. European Journal of Applied Physiology, 88(6), 527-534. Ispirlidis, I., Fatouros, I.G., Jamurtas, A.Z., Nikolaidis, M.G., Michailidis, I., Douroudos, I., Margonis, K., Chatzinikolaou, A., Kalistratos, E., Katrabasas, I., Alexiou, V., Taxildaris, K. (2008). Time-course of changes in inflammatory and performance responses following a soccer game. Clinical Journal of Sport Medicine, 18(5), 423-431. Rampinini, E., Coutts, A.J., Castagna, C., Sassi, R., Impellizzeri, F.M. (2007). Variation in top level soccer match performance. International Journal of Sports Medicine, 28(12), 1018-1024.