Quand l’objet donne l’exemple. La vie d’un moine au Moyen Âge, une spiritualité toute matérielle
Résumé
Let’s imagine a summer day of monk John living in the sixth century, in a monastery in southern Italy, under the very finicky Rule of the Master. The objects and domestic order (cloakroom, tools, lighting, bedding, manufacturing...) allow him to observe a religious life: paradox of a spiritual aspiration made by things and attention to things. By their shape or material, some objects exemplify the monastic virtues until arouse devotion. But the devil is in the details: the body and the objects are also malfunctioning forces, the sacralization produces failed actions. When all goes well, the objects are divided into three types: those of the world (now taboo), those of the monastery (“sacred” to the more modest), and consecrated objects. They put John in relation to God, and his relation to the community is mediated by them. From the entrance to the monastery at his routine, the monastic life is a spiritual materialism.
Imaginons la journée estivale du moine Jean, vivant au vie siècle, dans un monastère d’Italie méridionale, sous la très sourcilleuse Règle du Maître. Les objets et l’ordre domestique (vestiaire, outils, lumière, literie, fabrication, etc.) lui permettent d’observer une vie religieuse : paradoxe d’une aspiration spirituelle faite de choses et d’attention aux choses. Par leur forme ou leur matériau, certains objets exemplifient les vertus monastiques jusqu’à susciter la dévotion. Mais le diable est dans les détails : le corps et les objets sont aussi des forces de dysfonctionnement et la sacralisation connaît des ratés. Les objets se répartissent en trois genres : ceux du monde (désormais tabous), ceux du monastère (« sacrés » jusqu’aux plus modestes outils), et les objets consacrés. Ils mettent Jean en relation avec Dieu, et son rapport à la communauté est médiatisé par eux. De l’entrée au monastère à sa routine presque horlogère, la vie monastique est un matérialisme spirituel.