De chrétiens à professionnels. L’Association baptiste pour l’entraide et la jeunesse (Abej) et la prise en charge des personnes sans domicile (1975-2019)
Résumé
Based on a monograph of the Association Baptiste pour l’Entraide et la Jeunesse (Abej), an association based in Lille that was active early on in dealing with homelessness, this article analyses the processes that drove the professionalisation of care for homeless people in France. Having started in a Baptist community, the Abej soon became a key player bringing aid to the excluded. It developed through a series of changes that affected the non-profit sector, health and social care policies, and anti-poverty movements since the mid-1970s. This development coincided with the formation of a professionalised care system for the homeless, so that the case of Abej provides unique insight into the processes involved. Lastly, the article shows the reconfiguration of the association’s identity: its religious identity, while not disappearing, faded away in favour of a growing recognition of its professionalism.
À partir d’une monographie de l’Association baptiste pour l’entraide et la jeunesse (Abej), association lilloise précocement investie dans le traitement de la « question SDF », cet article analyse les processus qui ont nourri la professionnalisation de la prise en charge des personnes sans domicile en France. Issue d’une communauté de vie baptiste, l’Abej s’impose rapidement comme un acteur de référence en matière de traitement des situations d’exclusion. Son développement s’opère à travers un ensemble de changements qui affectent le milieu associatif, le secteur médico-social, et celui de la lutte contre la pauvreté à partir du milieu des années 1970. Ce développement est concomitant de la formation d’un système de prise en charge dédié aux personnes sans domicile, de sorte que le cas de l’Abej fournit un éclairage original des processus qui y ont participé. L’article montre enfin la reconfiguration identitaire de l’association : sans que son identité religieuse ne disparaisse, elle s’estompe au profit d’une reconnaissance croissante de son professionnalisme.